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Acelakassapa

tiré du Tripitaka Sutra, Samyutta Nikâya 12,17 (section Nidâna Samyutta) "Sutra de Kashyapa le sans vêtement" (acela: sans vêtement)

Mahakashyapa, futur premier patriarche du Zen, successeur du Bouddha selon la tradition du Zen, rencontre le Bouddha pour la première fois, alors qu'il est encore un ascète sans vêtement. Il lui soumet le dilemme: dukkha (qui signifie la souffrance, l'insatisfaction) est-elle due à soi-même ou à un autre? Sous-entendu: y a-t-il une âme éternelle qui demeure à travers les réincarnations, du kharma duquel nous héritons: c'est l'hérésie Eternaliste, qui stipule qu'une âme éternelle survit au corps et se réincarne ensuite. Mais s'il n'y a pas d'âme, si dukkha n'est pas le fruit de vies passées, tout ce qui constitue l'égo, l'esprit, le Soi, disparait-il complétement avec la mort? - c'est l'hérésie nihiliste. Le Bouddha répond.

Ainsi ai-je entendu:

tiré du Tripitaka Sutra, Samyutta Nikâya 12,17 (section Nidâna Samyutta) "Sutra de Kashyapa le sans vêtement" (acela: sans vêtement)

Mahakashyapa, futur premier patriarche du Zen, successeur du Bouddha selon la tradition du Zen, rencontre le Bouddha pour la première fois, alors qu'il est encore un ascète sans vêtement. Il lui soumet le dilemme: dukkha (qui signifie la souffrance, l'insatisfaction) est-elle due à soi-même ou à un autre? Sous-entendu: y a-t-il une âme éternelle qui demeure à travers les réincarnations, du kharma duquel nous héritons: c'est l'hérésie Eternaliste, qui stipule qu'une âme éternelle survit au corps et se réincarne ensuite. Mais s'il n'y a pas d'âme, si dukkha n'est pas le fruit de vies passées, tout ce qui constitue l'égo, l'esprit, le Soi, disparait-il complétement avec la mort? - c'est l'hérésie nihiliste. Le Bouddha répond.

Ainsi ai-je entendu:

En une occasion, le Bhagavat [=le Bouddha] résidait près de Rājagriha, dans la forêt de bambous, au Sanctuaire des Écureuils. Ce matin-là, le Bhagavat, s'étant habillé, ayant pris son bol et sa robe, se rendit à Rājagriha pour ses aumônes. Kashyapa l'ascète sans vêtement le vit venir de loin. Lorsqu'il le vit, il alla le voir et, à son arrivée, échangea avec lui des salutations courtoises. Après cet échange de salutations amicales et de courtoisies, il se tint debout d'un côté. Alors qu'il était là debout, il dit au Bhagavat:

– Nous voudrions questionner bho Gotama1 à propos d'un certain point, s'il veut bien prendre le temps de répondre à notre question. 

– Ce n'est pas le moment des question, Kashyapa, nous sommes entrés parmi les maisons. [où il n'était pas correct de prêcher, selon le Bouddha]

Une seconde fois, Kashyapa l'ascète sans vêtements dit au Bhagavat:

– Nous voudrions questionner bho Gotama à propos d'un certain point, s'il veut bien prendre le temps de répondre à notre question. 

– Ce n'est pas le moment des questions, Kashyapa, nous sommes entrés parmi les maisons.

Une troisième fois, Kashyapa l'ascète sans vêtements dit au Bhagavat:

– Nous voudrions questionner bho Gotama à propos d'un certain point, s'il veut bien prendre le temps de répondre à notre question. 

– Ce n'est pas le moment des questions, Kashyapa, nous sommes entrés parmi les maisons.

Lorsque cela fut dit, Kashyapa l'ascète sans vêtements dit au Bhagavat:

– Nous ne voulons pas demander grand-chose.

– Alors demande ce que tu veux.

– Bho Gotama, dukkha est-elle engendrée par le Soi?

– Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.

– Alors est-elle engendrée par un autre?

– Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.

– Alors est elle à la fois engendrée par le Soi et engendrée par un autre?

– Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.

– Alors est-ce que dukkha, n'étant ni engendrée par le Soi ni engendrée par un autre, apparaît spontanément?

– Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.

– Alors est-ce qu'il n'y a pas dukkha?

– Ce n'est pas qu'il n'y a pas dukkha, Kashyapa. Il y a dukkha.

– Alors est-ce que bho Gotama ne connaît pas et ne voit pas dukkha?

– Ce n'est pas que je ne connais pas et ne vois pas dukkha, Kashyapa. Je connais dukkha, je vois dukkha.

– Lorsqu'on vous demande: 'dukkha est-elle engendrée par le Soi?' vous répondez: 'Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.' Lorsqu'on vous demande: 'est-elle engendrée par un autre?' vous répondez: 'Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.' Lorsqu'on vous demande: 'est elle à la fois engendrée par le Soi et engendrée par un autre?' vous répondez: 'Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.' Lorsqu'on vous demande: 'est-ce que dukkha, n'étant ni engendrée par le Soi ni engendrée par un autre, apparaît spontanément?' vous répondez: 'Il n'en va pas ainsi, Kashyapa.' Lorsqu'on vous demande: 'est-ce qu'il n'y a pas dukkha?' vous répondez: 'Ce n'est pas qu'il n'y a pas dukkha, Kashyapa. Il y a dukkha.' Lorsqu'on vous demande: 'est-ce que bho Gotama ne connaît pas et ne voit pas dukkha?' vous répondez: 'Ce n'est pas que je ne connais pas et ne vois pas dukkha, Kashyapa. Je connais dukkha, je vois dukkha.' Bhante, puisse le Bhagavat m'expliquer dukkha. Bhante, puisse le Bhagavat m'enseigner à propos de dukkha. 

– Kashyapa, [si quelqu'un pense:] Celui qui agit est le même que celui qui expérimente [le résultat de l'acte], [alors il affirme:] par rapport à une entité qui existerait depuis le début, dukkha est créé par le Soi. Lorsqu'il fait une telle affirmation, cela relève de l'éternalisme. 

Mais, Kashyapa, si on pense: Celui qui agit est une personne et celui qui expérimente [le résultat de l'acte] en est une autre, alors c'est affirmer, par rapport à un individu frappé par la sensation: dukkha est créé par un autre. Lorsqu'on fait une telle affirmation, cela relève du nihilisme.

Evitant ces deux extrêmes, le Tathâgata enseigne le Dharma, la Voie du milieu: conditionnées par l'ignorance, les fabrications mentales (saṅkhārā) apparaissent. Conditionnée par les fabrications mentales, la conscience (vijñana) apparaît. Conditionné par la conscience, le nom-et-forme (nâma rûpa = les phénomènes) apparaît. Conditionnés par le nom-et-forme, les six bases des sens apparaissent. Conditionné par les six bases des sens, le contact apparaît. Conditionnée par le contact, la sensation apparaît. Conditionnée par la sensation, le désir apparaît. Conditionné par le désir, l'attachement apparaît. Conditionné par l'attachement, le devenir apparaît. Conditionnée par le devenir, la naissance apparaît. Conditionnés par la naissance, la vieillesse et la mort, le chagrin, les lamentations, la douleur, l'angoisse, et le désespoir entrent ensuite en jeu. 

Telle est l'apparition de toute cette masse de souffrance (dukkha). 

Mais: de la disparition et de la cessation sans résidus de cette ignorance même il y a la cessation des fabrications mentales. De la cessation des fabrications mentales il y a la cessation de la conscience. De la cessation de la conscience il y a la cessation du nom-et-forme. De la cessation du nom-et-forme il y a la cessation des six bases sensorielles. De la cessation des six bases sensorielles il y a la cessation du contact. De la cessation du contact il y a la cessation des sensations. De la cessation de la sensation il y a la cessation du désir. De la cessation du désir il y a la cessation de l'attachement. De la cessation de l'attachement il y a la cessation du devenir. De la cessation du devenir il y a la cessation de la naissance. De la cessation de la naissance, cessent tous à la suite la vieillesse et la mort, le chagrin, les lamentations, la douleur, l'angoisse et le désespoir. Telle est la cessation de toute cette masse de souffrance. 

Lorsque cela fut dit, Kashyapa l'ascète sans vêtement dit: 

"Magnifique, Bhante. Magnifique. Tout comme s'il avait remis en place ce qui avait été renversé, qu'il révélait ce qui était caché, qu'il montrait le chemin à quelqu'un qui se serait perdu, ou qu'il portait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir les formes, de la même manière le Bhagavat m'a clarifié le Dharma de différentes manières. Je prends refuge auprès du Bhagavat, auprès du Dharma, et auprès de la Sangha. Puis-je recevoir du Bhagavat l'ordination initiale, puis-je recevoir l'ordination complète?

– Kashyapa, tous ceux qui ont auparavant appartenu à un autre groupe et qui désirent l'ordination initiale et l'ordination complète dans le dharma et recevoir les préceptes, doit d'abord vivre une période de probation de quatre mois. Si, à la fin des quatre mois, les moines sont satisfaits de lui, ils lui donnent l'ordination initiale et l'ordination complète de moine. Mais je reconnais des différences individuelles.3

– Bhante, si c'est le cas, je suis d'accord pour passer une période de probation de quatre ans. Si, à la fin des quatre ans, les moines sont satisfaits de moi, ils me donneront l'ordination initiale et l'ordination complète de moine. 

Alors Kashyapa l'ascète sans vêtement reçut l'ordination et l'admission en la présence du Bhagavat. Et rapidement, peu de temps après son ordination de moine, demeurant seul, isolé, diligent, ardent et résolu, Kashyapa atteignit dans cette même vie l'insurpassable objectif de la vie sainte, à la recherche duquel les hommes des clans quittent avec raison la vie de foyer pour la vie sans foyer, en le réalisant pour lui-même par connaissance directe. Il réalisa: 'La naissance est détruite, la vie sainte a été accomplie, ce qui devait être fait a été fait, il n'y a rien de plus pour cet état d'être.' 

Et ainsi, Kashyapa devint l'un des arahants [un être réalisé].

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