10 conseils pour choisir vos appareils
1 - Etablir un budget
C'est bien entendu la condition prioritaire. Le budget d'une chaîne complète répondant à la norme de la haute-fidélité commence à mille euros et peut s'envoler jusqu'à des sommes irrationnelles - plusieurs centaines de milliers d'euros ! Plus sérieusement, les meilleurs systèmes s'inscrivent dans une fourchette comprise entre six mille euros et cinquante mille euros ; le meilleur rapport satisfaction musicale-somme dépensée se situant autour de dix mille euros. La logique veut que les trois principaux produits constituant la chaîne correspondent à une valeur marchande comparable. Idéalement, pour un système d'une valeur de six mille euros, on optera pour une formule « trois fois deux mille euros », celle qui garantira, a priori, la plus grande homogénéité possible.2 - Définir ses attentes
La musique forme un tout assez complexe autorisant plusieurs voies d'accès. Certains ne jurent que par la dynamique, d'autres par les timbres, par la qualité de l'image stéréo ou par le grave. Il convient donc de déterminer les aspects que l'on souhaite privilégier, en fonction de ses goûts musicaux. L'amateur de quatuor à cordes n'a pas nécessairement les mêmes attentes, en matière de reproduction musicale, que le passionné de Wagner ou de Richard Strauss. Certes, un bon système devrait être en mesure de tout reproduire, avec une égale transparence, mais force est de constater que les choix technologiques induisent à chaque fois partis pris ou limites. Ainsi, un panneau électrostatique Quad excellera dans la restitution des petites formations (musique de chambre, récitals voix-piano, musique baroque...). Mais cette technologie qui présente de nombreux avantages (rapidité, transparence...) ne permet pas de traduire le grave de façon entièrement satisfaisante. De la même façon, certaines enceintes de haut rendement utilisant des chambres de compression dans la partie supérieure du spectre, n'ont guère leur pareil dans le domaine de la dynamique : la très ambitieuse JBL Everest DD66000 est le seul transducteur capable, à notre connaissance, de reproduire un coup de cymbale de façon réaliste. Son aptitude à reproduire le soyeux naturel des cordes à l'unisson pose, en revanche, quelques problèmes. De façon générale, l'enceinte électrodynamique classique (B&W, Apertura, Proac, Triangle, etc.) offrant un rendement voisin de 90 dB est la plus universelle, la plus en mesure de restituer l'ensemble des paramètres nécessaires à une reproduction fiable de la musique.
3 - Tenir compte des dimensions du local
Une salle d'écoute inférieure à 20 ou 25 m; pour une hauteur sous plafond classique, s'accommodera fort bien d'une enceinte compacte pour bibliothèque. A partir de 25 m1, une colonne d'environ un mètre de hauteur paraît représenter le meilleur choix. Pour les espaces supérieurs à 45 ou 50 m2, de plus gros modèles s'imposent ; on veillera alors aux résonances occasionnées par ces enceintes volumineuses qui peuvent générer des toniques désagréables. Quelle que soit la pièce d'écoute, on placera toujours les transducteurs abonne distance des murs frontaux et latéraux, de 50 cm à plus d'un mètre, selon la taille des enceintes et les technologies employées
4 - Enceintes colonnes ou bibliothèque ?
Paradoxalement, leur qualité régresse en augmentant de volume. Les bonnes enceintes compactes sont légion ; elles possèdent, pour les meilleures, la rapidité et la qualité de l'image stéréo grâce à la réduction des effets de bords, l'absence de résonances parasites vraiment gênantes. Une évidence s'impose . les colonnes d'une valeur marchande inférieure à 2'500-3'000 € la paire n'offrent en général guère d'intérêt. Un tel budget ne permet pas une bonne maîtrise des résonances internes et des ondes stationnaires. En dessous de cette somme, il est donc préférable d'investir dans un petit modèle compact, proposé entre 1'000 et 2 000 €.
5 - Marier enceintes et amplificateur
C'est la personnalité des enceintes qui déterminera le choix de l'amplificateur, en fonction du rendement, faible, moyen ou élevé, mais aussi de l'impédance. Les enceintes d'un rendement inférieur à 89 dB exigeront, a priori, des électroniques musclées, généreuses en courant. Celles d'un rendement moyen et sans doute idéal de 90 dB pourront se satisfaire de 30 watts par canal. Enfin, les enceintes de plus de 92 dB réclameront un amplificateur qui mise davantage sur le raffinement, la douceur, l'ordre et, ici comme ailleurs, la justesse des timbres.
6 - Choisir la source
A priori, il est tentant de privilégier une source neutre, très transparente, offrant la meilleure résolution possible. Mais ce sont en réalité les enceintes et l'amplificateur retenus qui détermineront le choix d'un modèle qui saura s'adapter à l'ensemble en jouant sur de subtiles compensations, puisqu'il s'agit d'un accord parfait à trois. Des enceintes légèrement extravertie associées à un amplificateur plutôt énergique nécessiteront une source tendant vers l'introversion, afin d'obtenir l'homogénéité idéale.
7 - Choisir le tuner
Le marché du tuner est relativement réduit, toujours dominé par l'inégalable marque Magnum Dynalab. Reste un choix de produits n'excédant guère les mille euros, souvent excellents. Les diverses compressions opérées sur la modulation de fréquence ne justifient peut-être "pas l'achat d'un modèle de très haut de gamme. Concernant la radio numérique, le fameux DAB (Digital Audio Broadcasting), tout laisse supposer qu'elle ne parvient pas à s'imposer réellement. Certains modèles hybrides (numériques et analogiques) proposés par Cambridge, Rote], Cyrus ou Marantz apportent peut-être la solution. On sera toujours attentif à la sélectivité et à la sensibilité du produit. Lors de l'écoute, y compris dans des conditions médiocres, la restitution doit rester limpide, sans souffle ni parasite. La qualité sonore et musicale est, elle aussi, bien entendu déterminante.
8 - Tubes ou transistors ?
Il y a sans doute davantage de réussites dans le domaine des amplificateurs à transistors. Leurs atouts résident dans la transparence, la rigueur, et la tenue du grave souvent excellente. Ces produits ne nécessitent, contrairement aux tubes, aucun entretien particulier. Les inconvénients ? Une sonorité souvent un peu froide, un peu contractée, occasionnant sur les forte d'orchestre une certaine dureté. Tout cela génère au fond une écoute sensiblement plus « abstraite », plus « aseptisée » que celle obtenue avec les toutes meilleures électroniques à tubes. Un peu à la façon du vinyle dont il est historiquement un parent proche, le tube suscite le rejet ou l'attirance. Nombre d'amplificateurs employant cette technologie sont insuffisants : bande passante restreinte, sonorités cotonneuses, grave anémique, colorations manifestes. Et pourtant, force est de constater que les meilleurs d'entre eux dépassent le transistor dans le domaine spécifique et essentiel du plaisir psychoacoustique : la musique retrouve son délié, sa fluidité originelle et son absence d'intermodulation ; la scène sonore s respire davantage », l'air qui circule entre les musiciens devient tout à coup palpable, crédible. Mais quelle que soit la valeur musicale de ces produits, le registre grave ne parvient jamais à l'infaillibilité du transistor. Cela sera, une fois de plus, une affaire de choix personne] en fonction des paramètres sonores que l'on entend privilégier. Si l'on mise sur la fiabilité dans le temps, la tonicité du grave et une certaine rigueur dans toutes les situations d'écoute, on optera pour le transistor. Si l'on est attaché aux plaisirs d'esthètes passionnés, en quête d'une certaine magie auditive, le tube n'a pas son pareil.
9 - Pourquoi pas le vinyle ?
Le vinyle est devenu un objet de fantasme. La jeune génération en est friande nous assure-t-on, attirée par cette galette noire prenant place dans sa jolie pochette, attachante, rétro, palpable, vivante. C'est aussi un objet de collection rare et précieux, nécessitant une mise en œuvre délicate et attentive. Certes, dans le meilleur des cas seulement, l'écoute analogique peut s'apparenter à un jardin enchanté, capable d'offrir des joies uniques, étrangères au monde froid du numérique. Trouver des vinyles n'est pas toujours aisé ; il s'agit donc bien d'un univers marginal réservé au passionné. Si l'on nourrit une véritable passion pour les enregistrements antérieurs aux années 1980, la quête analogique se justifie très sérieusement. Les voix de Callas ou de Schwarzkopf n'ont jamais été aussi convaincantes, aussi émouvantes et pour tout dire, jamais aussi fidèlement reproduites, que sur le bon vieux microsillon.
10 - Ne négligez pas les accessoires
Nombre d'audiophiles ou de scientifiques refusaient, il n'y a pas si longtemps de prendre en considération les différences entre les câbles : c'est aujourd'hui une chose acquise. La qualité des supports, le traitement du secteur et bien d'autres facteurs peuvent avoir une incidence ténue mais bien réelle sur l'écoute. C'est donc un élément considérable, réservé aux oreilles très exigeantes. Ceci étant, cette nébuleuse frise parfois l'obscurantisme, voire le charlatanisme, vantant des effets s'apparentant trop souvent au placebo. Il importe, ici plus qu'ailleurs, de discerner le bon grain de l'ivraie...
tiré de Diapason Hors Série 2008 avec nos remerciements