Mahâdukkhakkhandha Sutta
Sur dukkha (la souffrance - l'insatisfaction)
S'étant approchés, ils rendirent hommage au Bhâgavat, puis
s'assirent à l'écart sur un côté.
S'étant assis à l'écart sur un côté, ils informèrent le
Bhâgavat :
Ce matin, ô Bhâgavat,
nous étant habillés, prenant nos bols à aumône et nos manteaux, nous sommes
entrés à Savatthi pour recevoir la nourriture.
L'idée suivante, alors, nous est venue :
"Il est trop tôt pour aller recevoir la
nourriture. Si nous nous approchions du bois où se trouvent des Paribbajakas,
adeptes d'autres sectes."
Ensuite, nous étant approchés du bois, nous avons échangé avec les Paribbajakas
des compliments de politesse et des paroles de courtoisie, et nous nous sommes
assis à l'écart sur un côté.
Les
Paribbajakas nous parlèrent alors ainsi :
"L'ascète Gotama, ô amis, énonce la compréhension claire
des plaisirs des sens. Nous aussi, nous énonçons la compréhension claire des
plaisirs des sens (...) Ainsi, ô amis, où est la divergence, où est le
désaccord, où est la différence entre nous et l'ascète Gotama, c'est-à-dire en
ce qui concerne notre doctrine et notre méthode d'enseignement par rapport à la
doctrine et à la méthode d'enseignement de l'ascète Gotama ?"
Alors, nous n'avons approuvé ni rejeté
les paroles des Paribbajakas.
Nous étant levés de nos sièges, nous partîmes sans approuver ni rejeter, mais en
pensant :
"Nous comprendrons le
sens des paroles des Paribbajakas auprès du Bhâgavat."
Le Bhâgavat alors s'adressa à ces
disciples et dit :
Ô bikkhus, les
Paribbajakas, adeptes d'autres sectes, qui parlent ainsi doivent être interrogés
de façon suivante : "Cependant, quelle est, ô amis, la jouissance des plaisirs
des sens ? Quels sont leurs désavantages ? Quelle est l'évasion hors des
plaisirs des sens ? Quelle est la jouissance des formes matérielles ? Quels sont
leurs désavantages ? Quelle est l'évasion hors des formes matérielles ? Quelle
est la jouissance des sensations ? Quels sont leurs désavantages ? Quelle est
l'évasion hors des sensations ?"
Ô bikkhus, lorsque les Paribbajakas, adeptes d'autres sectes, seront interrogés
ainsi, ils ne seront pas capables de répondre, et de plus ils tomberont dans des
difficultés supplémentaires. Pourquoi ? La raison en est que ce sujet est en
dehors de leur compétence. Moi, ô bikkhus, je ne vois personne dans le monde
avec ses dieux, ses Mara et ses Brahma, ses troupes d'ascètes et de prêtres, ses
êtres célestes et humains, qui soit capable de répondre à ces questions, sauf un
Tathagata, ou un disciple du Tathagata, ou bien quelqu'un qui a appris auprès
des disciples du Tathagata.
Quelle est, ô bikkhus, la jouissance des plaisirs des sens ? Il y a cinq sortes
de plaisirs des sens. Quelles sont ces cinq sortes : les formes connaissables
par la conscience visuelle, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues
de séduction. Les sons connaissables par la conscience auditive, désirés, aimés,
plaisants, charmants et pourvus de séduction. Les odeurs connaissables par la
conscience olfactive, désirées, aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de
séduction. Les saveurs connaissables par la conscience gustative, désirées,
aimées, plaisantes, charmantes et pourvues de séduction. Les choses tangibles
connaissables par la conscience tactile, désirées, aimées, plaisantes,
charmantes et pourvues de séduction. Tels sont, ô bikkhus, les plaisirs des
sens.
La jouissance des plaisirs
des sens, c'est, ô bikkhus, le bonheur et le plaisir qui se produisent en
conséquence de ces cinq sortes de plaisirs des sens.
Quels sont, ô bikkhus, les désavantages des plaisirs des
sens ? Supposons, ô bikkhus, qu'un fils de famille gagne sa vie par un métier
tel que le calcul ou la comptabilité ou l'estimation, ou par un métier agricole
ou bien au service des rois, ou par une autre profession. Supposons qu'il soit
affligé par le froid, affligé par la chaleur, ou bien qu'il souffre de piqûres
de taon, ou de piqûres de moustique, ou bien qu'il souffre à cause du vent, à
cause du soleil, à cause des serpents venimeux, ou bien qu'il meure de faim ou
de soif.
Voilà, ô bikkhus, le
désavantage des plaisirs des sens qui est devenu réalité ici même. C'est une
multitude de désagréments, qui a les plaisirs des sens pour cause, les plaisirs
des sens pour origine, qui est une conséquence des plaisirs des sens. La
véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Ô bikkhus, si, malgré son courage dans son métier, malgré
sa force et ses efforts, ce fils de famille n'acquiert pas de biens, alors il
s'attriste, se lamente, se frappant la poitrine et gémissant, il tombe dans la
désillusion et pense : "J'ai employé ma force en vain. Mon effort est sans
fruit."
Cela aussi, ô bikkhus,
est un désavantage des plaisirs des sens qui est devenu réalité ici même, et
c'est un monceau de souffrances qui a les plaisirs des sens pour cause, les
plaisirs des sens pour origine, qui est une conséquence des plaisirs des sens.
La véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Ô bikkhus, supposons que ce fils de famille, s'encourageant
lui-même, faisant des efforts, acquière en conséquence des biens. Dès lors, il
éprouve une souffrance et une douleur, à cause de sa préoccupation pour protéger
ses possessions, et il pense : "Que ni les rois ni les voleurs n'enlèvent mes
possessions. Que ni le feu ni l'eau ne détruisent mes possessions. Que les
autres héritiers que je n'aime pas ne m'enlèvent pas mes possessions."
Bien qu'il s'occupe de protéger ses
possessions et de les garder, les rois ou les voleurs s'en emparent, ou bien
elles sont détruites par le feu ou par l'eau, ou bien les héritiers qu'il n'aime
pas les prennent. Alors, le fils de famille s'attriste, se lamente, se frappant
la poitrine et gémissant, il tombe dans la désillusion, et pense : "Je n'ai plus
ce qui m'appartenait."
Cela
aussi, ô bikkhus, est un désavantage des plaisirs des sens qui est devenu
réalité ici même, et c'est une montagne de désillusions qui a les plaisirs des
sens pour cause, les plaisirs des sens pour origine, qui est une conséquence des
plaisirs des sens. La véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Et encore, ô bikkhus, lorsque les
plaisirs des sens sont la cause, lorsque les plaisirs des sens sont l'origine,
lorsque les plaisirs des sens sont la raison, lorsque les plaisirs des sens sont
la véritable cause, les rois se disputent avec des rois, les notables se
disputent avec des notables ; les brahmanes se disputent avec des brahmanes ;
les maîtres de maison se disputent avec des maîtres de maison ; une mère se
dispute avec son fils ; un fils se dispute avec sa mère ; un père se dispute
avec son fils ; un fils se dispute avec son père ; un frère se dispute avec son
frère ; un frère se dispute avec sa sœur ; une sœur se dispute avec son frère ;
un ami se dispute avec son ami.
Ceux qui entrent dans la querelle, dans la contestation, se battent et
s'attaquent l'un l'autre à mains nues, avec des pierres, avec des bâtons et avec
des armes, ils meurent en souffrant ou bien ils éprouvent une douleur mortelle.
Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des plaisirs des sens qui est devenu
réalité ici même, et c'est un monceau de souffrances qui a les plaisirs des sens
pour cause, les plaisirs des sens pour origine, qui est une conséquence des
plaisirs des sens. La véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Et encore, ô bikkhus, lorsque les
plaisirs des sens sont la cause, lorsque les plaisirs des sens sont l'origine,
lorsque les plaisirs des sens sont la raison, lorsque les plaisirs des sens sont
la véritable cause, ayant pris des épées et des boucliers, portant des arcs et
des carquois, les deux parties se rassemblent pour combattre, et des flèches
volent, des couteaux volent, des épées flamboient. Ici, il y en a qui blessent
avec des flèches et blessent avec des couteaux, qui décapitent avec des épées.
Là il y en a qui souffrent en mourant, ou bien qui éprouvent une douleur
mortelle.
Cela aussi, ô bikkhus,
est un désavantage des plaisirs des sens qui est devenu réalité ici même, et
c'est un monceau de souffrances qui a les plaisirs des sens pour cause, les
plaisirs des sens pour origine, qui est une conséquence des plaisirs des sens.
La véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Et encore, ô bikkhus, lorsque les plaisirs des sens sont la
cause, lorsque les plaisirs des sens sont l'origine, lorsque les plaisirs des
sens sont la raison, lorsque les plaisirs des sens sont la véritable cause,
ayant pris des épées et des boucliers, portant des arcs et des carquois, ils
sautent sur les remparts brillants, et des flèches volent, des couteaux volent,
des épées flamboient. Ici, il y en a qui blessent avec des flèches, avec des
couteaux et qui versent des bouses brûlantes, qui écrasent avec une grande force
et qui décapitent avec des épées. Là, il y en a qui souffrent en mourant ou bien
éprouvent une douleur mortelle.
Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des plaisirs des sens qui est devenu
réalité ici même, et c'est un monceau de souffrances qui a les plaisirs des sens
pour cause, les plaisirs des sens pour origine, qui est une conséquence des
plaisirs des sens. La véritable cause, ce sont les plaisirs des sens.
Alors, quelle est, ô bikkhus, l'évasion hors des plaisirs
des sens ? L'évasion hors des plaisirs des sens, c'est la maîtrise du désir et
de l'attachement, et la possibilité de se débarrasser des désirs et de
l'attachement à l'égard des plaisirs des sens.
Ô bikkhus, si des ascètes ou des brahmanes ne comprennent
pas objectivement de cette façon la jouissance des plaisirs des sens comme
jouissance, les désavantages de ceux-ci comme désavantages, l'évasion à leur
égard comme évasion, il n'est alors pas possible qu'ils comprennent par
eux-mêmes, d'une manière correcte et complète, le désir des plaisirs des sens,
ni qu'ils soient capables d'instruire à cette fin une autre personne, ni que
cette personne, en suivant leur enseignement, comprenne complètement le désir
des plaisirs des sens.
Cependant,
ô bikkhus, si des ascètes ou des brahmanes comprennent objectivement de cette
façon la jouissance des plaisirs des sens comme jouissance, les désavantages de
ceux-ci comme désavantages, l'évasion à leur égard comme évasion, il est alors
possible qu'ils comprennent par euxmêmes, d'une manière correcte et complète, le
désir des plaisirs des sens et qu'ils soient capables d'instruire à cette fin
une autre personne et que cette personne, en suivant leur enseignement,
comprenne complètement le désir des plaisirs des sens.
Alors, quelle est, ô bikkhus, la
jouissance des formes matérielles ? Supposons, ô bikkhus, une jeune fille d'une
famille noble, ou d'une famille de brahmanes, ou d'une famille d'un chef de
famille, qui est arrivée à l'âge de quinze, seize ans, et qui n'est ni trop
grande ni trop petite, ni trop mince ni trop grosse, ni trop noire ni trop
blanche. N'est-elle pas, ô bikkhus, à ce moment-là, au sommet de sa beauté et de
sa séduction ?
- Certainement
oui, ô Bhâgavat.
- Si un bonheur
et un plaisir se produisent à cause de la beauté et de la séduction de cette
jeune fille, ô bikkhus, cela est la jouissance des formes matérielles.
Alors, quel est, ô bikkhus, le désavantage dans les formes
matérielles ? Supposons, ô bikkhus, que l'on voie la même dame, longtemps après
; elle a maintenant quatre-vingts, quatre-vingt-dix ou cent ans ; elle est âgée,
courbée comme un chevron de bois, inclinée sur un bâton, paralysée, devenue
misérable ; sa jeunesse est usée, ses dents brisées, ses cheveux rares ; elle a
la peau ridée, les jambes défraîchies et mal assurées. Qu'en pensez-vous, ô
bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas disparu, et le
danger n'est-il pas apparu ?
- Si,
ô Bhâgavat.
- Cela, ô bikkhus, est
un désavantage des formes matérielles.
En plus, ô bikkhus, on verra la même dame maintenant
malade, souffrante, puis gravement malade, qui est étendue sur ses propres
excréments, qui doit être levée et couchée par les autres. Qu'en pensez-vous, ô
bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas disparu, et le
danger n'est-il pas apparu ?
-
Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô
bikkhus, est un désavantage des formes matérielles.
En plus, ô bikkhus, on verra la même dame dont le corps est
jeté à l'écart dans un charnier. Un jour après la mort, deux jours après la
mort, trois jours après la mort, le corps est gonflé, décoloré et en train de se
décomposer. Qu'en pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction
n'ont-elles pas disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier, dévoré
par des corbeaux, par des vautours ou par des chiens sauvages, des chacals ou
divers animaux. Qu'en pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la
séduction n'ont-elles pas disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier ; il est
désormais devenu un squelette auquel des chairs sanguinolentes pendent çà et là
par des tendons, puis un squelette sans chair mais avec l'odeur du sang collée
aux tendons, puis simplement les os séparés et dispersés çà et là, à savoir ici
un os d'une main, là un os d'un pied, ici un os d'une jambe, là une côte, ici un
os de la hanche, là un os de la colonne vertébrale et ici le crâne. Qu'en
pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas
disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier.
Désormais ses os sont blancs comme des coquillages, puis c'est un tas d'os d'un
an, ensuite les os sont pourris et, enfin, réduits en poudre. Qu'en pensez-vous,
ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas disparu, et le
danger n'est-il pas apparu ?
-
Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô
bikkhus, est un désavantage des formes matérielles.
En plus, ô bikkhus, on verra la même dame dont le corps est
jeté à l'écart dans un charnier. Un jour après la mort, deux jours après la
mort, trois jours après la mort, le corps est gonflé, décoloré et en train de se
décomposer. Qu'en pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction
n'ont-elles pas disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier, dévoré
par des corbeaux, par des vautours ou par des chiens sauvages, des chacals ou
divers animaux. Qu'en pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la
séduction n'ont-elles pas disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier ; il est
désormais devenu un squelette auquel des chairs sanguinolentes pendent çà et là
par des tendons, puis un squelette sans chair mais avec l'odeur du sang collée
aux tendons, puis simplement les os séparés et dispersés çà et là, à savoir ici
un os d'une main, là un os d'un pied, ici un os d'une jambe, là une côte, ici un
os de la hanche, là un os de la colonne vertébrale et ici le crâne. Qu'en
pensez-vous, ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas
disparu, et le danger n'est-il pas apparu ?
- Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô bikkhus, est un désavantage des formes
matérielles.
En plus, ô bikkhus,
on verra la même dame dont le corps est jeté à l'écart dans un charnier.
Désormais ses os sont blancs comme des coquillages, puis c'est un tas d'os d'un
an, ensuite les os sont pourris et, enfin, réduits en poudre. Qu'en pensez-vous,
ô bikkhus ? La beauté ancienne et la séduction n'ont-elles pas disparu, et le
danger n'est-il pas apparu ?
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Si, ô Bhâgavat.
- Cela aussi, ô
bikkhus, est un désavantage des formes matérielles.
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Alors, quelle est, ô bikkhus, l'évasion hors des formes
matérielles ? L'évasion hors des formes matérielles, c'est la maîtrise du désir
et de l'attachement, et la possibilité de se débarrasser des désirs et de
l'attachement à l'égard des formes matérielles.
Ô bikkhus, si des ascètes ou des brahmanes ne comprennent
pas objectivement, de cette façon, la jouissance des formes matérielles comme
jouissance, les désavantages de celles-ci comme désavantages, l'évasion à leur
égard comme évasion, il n'est alors pas possible qu'ils comprennent par
eux-mêmes, d'une manière correcte et complète, les formes matérielles, ni qu'ils
soient capables d'instruire à cette fin une autre personne, ni que cette
personne, en suivant leur enseignement, comprenne complètement les formes
matérielles.
Cependant, ô bikkhus,
si des ascètes ou des brahmanes comprennent objectivement de cette façon la
jouissance des formes matérielles comme jouissance, les désavantages de
celles-ci comme désavantages, l'évasion à leur égard comme évasion, il est alors
possible qu'ils comprennent par eux-mêmes, d'une manière correcte et complète,
les formes matérielles et qu'ils soient capables d'instruire à cette fin une
autre personne et que cette personne en suivant leur enseignement comprenne
complètement les formes matérielles.
Alors, quelle est, ô bikkhus, la jouissance des sensations
? Supposons, ô bikkhus, qu'un disciple, s'étant séparé des plaisirs des sens,
s'étant séparé des objets erronés de la pensée, entre dans le premier état de
concentration (pathamajjhâna) pourvu de raisonnement et de réflexion, qui est
joie et bonheur, nés de la séparation (des choses erronées), et y demeure.
A ce moment, ô bikkhus, où le
disciple, s'étant séparé des plaisirs des sens, s'étant séparé des objets
erronés de la pensée, entre et demeure dans le premier état de concentration qui
est pourvu de raisonnement et de réflexion et, puisqu'il ne pense pas à porter
atteinte à lui-même, ni à porter atteinte aux autres, ni à porter atteinte aux
deux parties, à ce moment même, il éprouve une sensation qui n'est pas nuisible.
Moi, ô bikkhus, je dis que cette non-nuisance est la plus haute jouissance
concernant les sensations.
Et
ensuite, ô bikkhus, ayant mis fin au raisonnement et à la réflexion, le disciple
entre et demeure dans le deuxième état de concentration (dutiyajjhâna) qui est
apaisement intérieur, unification de la pensée, qui est dépourvu de raisonnement
et de réflexion, né de la concentration, et consiste en bonheur. Moi, ô bikkhus,
je dis que cette non-nuisance est la plus haute jouissance concernant les
sensations.
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être vendu
Et ensuite, ô bikkhus,
se détournant du bonheur, le disciple vit dans l'indifférence, conscient et
vigilant, il ressent dans son corps le bonheur en sorte que les êtres nobles
l'appellent : "Celui qui, indifférent et attentif, demeure heureux ", il entre
ainsi et demeure dans le troisième état de concentration (tatiyajjhâna). Moi, ô
bikkhus, je dis que cette non-nuisance est la plus haute jouissance concernant
les sensations.
Et ensuite, ô
bikkhus, s'étant débarrassé du bonheur et s'étant débarrassé de la peine, ayant
supprimé la gaieté et la tristesse antérieures, le disciple entre et demeure
dans le quatrième état de concentration (catutthajjhâna) où ne sont ni plaisir
ni douleur, mais qui est perfection d'attention et d'indifférence.
A ce moment, ô bikkhus, où le disciple,
s'étant débarrassé du bonheur et s'étant débarrassé de la peine, ayant supprimé
la gaieté et la tristesse antérieures, le disciple entre et demeure dans le
quatrième état de concentration où ne sont ni plaisir ni douleur, mais qui est
pureté parfaite d'attention et d'indifférence, et puisqu'il ne pense pas à
porter atteinte à lui-même, ni à porter atteinte aux autres, ni à porter
atteinte aux deux parties, à ce moment même, il éprouve une sensation qui n'est
pas nuisible. Moi, ô bikkhus, je dis que cette non- nuisance est la plus haute
jouissance concernant les sensations.
Alors, quels sont, ô bikkhus, les désavantages des
sensations ?
Les sensations, ô
bikkhus, sont impermanentes, elles sont dukkha par nature même, et elles sont
sujettes aux changements. Ce sont, ô bikkhus, les désavantages des sensations.
Quelle est alors, ô bikkhus,
l'évasion hors des sensations ? L'évasion hors des sensations, c'est la maîtrise
du désir et de l'attachement, et la possibilité de se débarrasser des désirs et
de l'attachement à l'égard des sensations.
Ô bikkhus, si des ascètes ou des brahmanes ne comprennent
pas objectivement, de cette façon, la jouissance des sensations comme
jouissance, les désavantages des sensations comme désavantages, l'évasion à leur
égard comme évasion, il n'est alors pas possible qu'ils comprennent par
eux-mêmes, d'une manière correcte et complète, les sensations, ni qu'ils soient
capables d'instruire à cette fin une autre personne, ni que cette personne, en
suivant leur enseignement, comprenne complètement les sensations.
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Cependant, ô bikkhus,
si des ascètes ou des brahmanes comprennent objectivement, de cette façon, la
jouissance des sensations comme jouissance, les désavantages de celles-ci comme
désavantages, l'évasion à leur égard comme évasion, il est alors possible qu'ils
comprennent par euxmêmes, d'une manière correcte et complète, les sensations et
qu'ils soient capables d'instruire à cette fin une autre personne et que cette
personne, en suivant leur enseignement, comprenne complètement les sensations.
Ainsi parla le Bhâgavat.
Les bikkhus, heureux, se réjouirent des
paroles du Bhâgavat