Sanghata Sutta (Arya Sanghata shastradharmma paryaya)
Sutra de la grande purification
Hommage à tous les
Eveillés et bodhisattvas !
Ainsi ai-je entendu en une occasion :
le Vainqueur transcendant se trouvait à
Rajagriha, au Pic des Vautours, en compagnie d’une vaste assemblée de
trente-deux mille moines, parmi lesquels le vénérable omniscient Kaundinya, le
grand et vénérable Maudgalyana, le vénérable Shariputra, le grand et vénérable
Kashyapa, le vénérable Rahula, le vénérable Bakkula, le vénérable Bhadrapala, le
vénérable Bhadrashri, le vénérable Chandanashri, le vénérable Jangula, le
vénérable Subhuti, le vénérable Revata, le vénérable Nandasena, le vénérable
Ananda ; ainsi que de soixante-deux mille bodhisattvas, parmi lesquels le
bodhisattva, le grand être Maitreya, le bodhisattva, le grand être Sarvashura,
le bodhisattva, le grand être Kumarashri, le bodhisattva, le grand être
Kumaravasin, le bodhisattva, le grand être Kumarabhadra, le bodhisattva, le
grand être Anuna, le bodhisattva, le grand être Manjushri, le bodhisattva, le
grand être Samantabhadra, le bodhisattva, le grand être Sudarshana, le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, le bodhisattva, le grand être
Vajrasana ; ainsi que de douze mille fils de dieux, parmi lesquels le fils divin
Arjuna, le fils divin Bhadra, le fils divin Subhadra, le fils divin Dharmaruci,
le fils divin Chandanagarbha, le fils divin Chandanavasin, le fils divin
Chandana ; ainsi que de huit mille filles de dieux, parmi lesquelles la fille
divine Mrdamgini, la fille divine Prasadavati, la fille divine
Mahatmasamprayukta, la fille divine Œil de Gloire, la fille divine Prajapati
Vasini, la fille divine Balini, la fille divine Glorieuse Richesse, la fille
divine Subahuyukta ; ainsi que de huit mille rois nagas, parmi lesquels le roi
naga Apalala, le roi naga Elapatra, le roi naga Trimimgila, le roi naga
Khumbasara, le roi naga Kumbhashirsha, le roi naga Cause de Vertu, le roi naga
Sunanda, le roi naga Sushakha, le roi naga Gavashirsha.
Tous se dirigèrent alors à Rajagriha, au
Pic des Vautours, où se trouvait le Vainqueur transcendant.
Sitôt arrivés, ils s’inclinèrent et, de
leur tête, honorèrent les pieds du Vainqueur transcendant, puis effectuèrent
trois circumambulations autour du Vainqueur transcendant et prirent place devant
lui.
Le Vainqueur transcendant
les accueillit en silence.
Alors,
le grand bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva, remonta sa robe
supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains
jointes devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :
– Vainqueur transcendant, un million de
dieux, autant d’enfants de dieux, des millions de bodhisattvas se sont
rassemblés. Vainqueur transcendant, des millions d'auditeurs, de rois nagas se
sont aussi regroupés et installés pour écouter la doctrine. Aussi, puisse
l'Ainsi allé, le Destructeur de l'ennemi, l'Eveillé parfaitement accompli,
expliquer cette entrée dans la méthode de la doctrine dont la simple écoute
purifie instantanément les vieux êtres de tous leurs voiles karmiques, incite
les jeunes êtres à pratiquer diligemment la doctrine vertueuse et à acquérir
ainsi la noblesse ; de ce fait, leurs actions vertueuses ne dégénéreront pas, ne
dégénéreront aucunement, ne dégénéreront jamais.
Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le
grand être Sarvashura :
–
Sarvashura, que tu aies pensé à interroger l'Ainsi-allé sur ce sujet est
excellent ! Vraiment excellent ! Aussi, Sarvashura, écoute attentivement et
retiens bien ce que je vais expliquer.
– Il en sera ainsi, répondit-il au Vainqueur transcendant.
Puis, le bodhisattva, le grand
être Sarvashura écouta le Vainqueur transcendant.
– Sarvashura, dit le Vainqueur transcendant, il est une
instruction appelée Sanghata qui s’applique à Jambudvipa. Quiconque entendra
cette instruction de Sanghata sera purifié de ses cinq actes aux conséquences
immédiates ; il ne se détournera jamais de l’éveil insurpassable et pleinement
accompli. Sarvashura, si tu t’interroges sur le pourquoi de ceci et penses que
ceux qui entendent ce Discours de Sanghata créent un aussi grand mérite que
celui accumulé par un seul Ainsi-allé, Sarvashura, ce n’est pas ainsi qu’il faut
le voir.
– Comment doit-on le
voir ? s’enquit Sarvashura.
–
Sarvashura, ces bodhisattvas engendrent une masse de mérites égale à celle
d'Ainsi-allés, Destructeurs- de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis, égaux
en nombre aux grains de sable du Gange. Sarvashura, tous
ceux qui entendent cette instruction de
Sanghata ne reviendront jamais en arrière. Ils verront l'Ainsi-allé, ils ne
seront jamais séparés de la vision de l'Ainsi-allé. Ils s’éveilleront pleinement
à l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Les phénomènes vertueux qu’ils
réaliseront ne seront pas détruits par les maléfiques maras. Sarvashura, tous
ceux qui entendent cette instruction de Sanghata comprendront la naissance et la
cessation.
A cet instant même,
tous les bodhisattvas se levèrent de leur siège, remontèrent leur robe
supérieure sur une épaule, placèrent le genou droit au sol et demandèrent au
Vainqueur transcendant :
–
Vainqueur transcendant, quelle est la masse de mérites d'un Ainsi-allé ?
– Fils de la lignée, écoutez ! La mesure
de la masse de mérites d'un Eveillé équivaut à ceci. Si par exemple, la nombre
de gouttes d'eau dans le grand océan, de particules de poussière dans le monde
et de grains de sable dans le Gange est égal à la masse de mérites d'un
bodhisattva qui demeure à la dixième terre, la masse de mérites d'un Eveillé est
bien supérieure à cela. Quant aux êtres qui entendront l’instruction de Sanghata,
la masse de mérites qu'ils produiront sera aussi bien supérieure à cela. Il est
inconcevable d’envisager la limite de cette masse de mérites en la mesurant.
Sarvashura, ceux qui, à ce moment-là, à cet instant même, ressentent une grande
inspiration en entendant ces mots, créeront une incommensurable masse de
mérites.
Puis le bodhisattva, le
grand être Sarvashura demanda au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, qui sont ces
êtres qui aspirent si intensément à la doctrine ?
Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le
grand être Sarvashura :
–
Sarvashura, ces êtres ont une aspiration aussi intense sont au nombre de deux.
Qui sont ces deux ?
Sarvashura,
les voici : l'un a un esprit égal envers tous les êtres, le deuxième, après
avoir entendu la doctrine, la transmet parfaitement à tous les êtres de façon
égale.
–
Vainqueur transcendant, qui après avoir entendu la doctrine, la transmet
parfaitement à tous les êtres de façon égale ? demanda le bodhisattva, le grand
être Sarvashura.
– Sarvashura,
l'un dédie pleinement à l'éveil ce qu'il a entendu. L'ayant pleinement dédié à
l'éveil pour le bien de tous les êtres, il aspire intensément à la doctrine.
Sarvashura, le deuxième inclut quiconque entre dans le Grand Véhicule ; celui-là
a toujours une aspiration intense pour la doctrine.
Alors, les myriades de dieux, esprits-serpents, hommes,
fils et filles de dieux se levèrent et, joignant les mains vers le Vainqueur
transcendant, s'adressèrent à lui :
– Vainqueur transcendant, nous qui avons aussi une
aspiration intense pour la doctrine, prions le Vainqueur transcendant de
pleinement exaucer nos vœux et ceux de tous les êtres.
Alors, à cet instant, le Vainqueur
transcendant sourit.
Puis le
bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva et, les mains jointes, s'inclinant
devant le Vainqueur transcendant, s'adressa à lui :
– Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est
la raison de votre sourire ?
Le
Vainqueur transcendant dit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :
– Sarvashura, les êtres qui sont
arrivés jusqu’ici seront pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil
pleinement accompli. Tous accompliront parfaitement les domaines d'activités des
Ainsi-allés.
Le bodhisattva, le
grand être Sarvashura demanda :
–
Par quelle cause, par quelle condition, les êtres arrivés jusqu’ici seront-ils
pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil parfaitement accompli ?
– Sarvashura, il est excellent, vraiment
excellent, que tu interroges l'Ainsiallé sur ce sujet. Sarvashura, écoute donc
quels sont les attributs de la dédicace.
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Sarvashura, jadis, à une époque très ancienne, voici
d’innombrables périodes cosmiques, vint en ce monde un Vainqueur transcendant,
Ainsi-allé, Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé pleinement accompli, nommé
Ratnashri, pourvu de sagesse et d’une noble conduite, allé en félicité,
connaisseur du monde, inégalable convoyeur des êtres à guider, maître des dieux
et des hommes. Sarvashura, en ce temps-là, à ce moment-là, j’étais un jeune
brahmane. Tous les êtres que je menais à la sagesse primordiale d'Eveillé
étaient alors des animaux sauvages.
En ce temps-là, à ce moment-là, je fis cette prière : “Que
tous les animaux sauvages actuellement tourmentés par la souffrance renaissent
dans mon champ d'Eveillé. Puissé-je aussi les mener à la sagesse primordiale
d'Eveillé.” Et tous les animaux qui entendirent ces mots, acquiescèrent :
“Puisse-t-il en être ainsi !”
Sarvashura, par cette racine de bien, ces êtres se retrouvent ici et seront
pleinement éveillés dans l’insurpassable éveil pleinement accompli.
Ayant entendu l'Eveillé annoncer cette
chose des plus joyeuses, le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda au
Vainqueur transcendant :
–
Vainqueur transcendant, quelle est la durée de vie possible pour ces êtres ?
– Ces êtres peuvent avoir une
durée de vie de quatre-vingt mille périodes cosmiques.
Le bodhisattva, le grand être Sarvashura
demanda alors :
– Vainqueur
transcendant, combien mesure une période cosmique ?
– Fils de la lignée, écoute ! Il en est ainsi : imagine
qu’un homme érige une enclos de douze yojanas de circonférence et de trois
yojanas de haut, dont l’intérieur serait exclusivement rempli de grains de
sésame. Au terme d’une période de mille ans, cet homme enlèverait un seul grain
de cet enclos totalement empli de grains de sésame. Et bien, même lorsque cet
homme aurait puisé tous ces grains de sésame et que les fondations et la base de
cet enclos auraient disparu, une période cosmique ne se serait pas encore
écoulée.
De plus Sarvashura, il
en est ainsi. Imagine qu’il se trouve une montagne de cinquante yojanas de
profondeur et de dix yojanas de haut. Si un homme bâtissait une maison sur le
flanc de cette montagne et que, longtemps après, une fois tous les cent ans,
l’essuyait avec un tissu de soie ; la montagne serait-elle effacée qu’une
période cosmique ne se serait toujours pas écoulée. Sarvashura, telle est la
durée d’une période cosmique.
Alors, le bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva de son siège et
s’adressa au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, si une seule dédicace produit une
masse de mérites telle qu’il en résulte quatre- vingts périodes cosmiques de vie
heureuse, que dire alors d’une personne qui a une grande vénération pour les
enseignements de l'Ainsi-allé ?
–
Fils de la lignée, écoute ! Si quiconque entendant l’instruction du Discours de
Sanghata peut gagner une durée de vie de quatre-vingt-quatre mille périodes
cosmiques, que dire de celui qui entreprend de copier le Discours de Sanghata et
le lit ? Sarvashura, cette personne crée une masse de mérites extrêmement vaste.
Sarvashura, quiconque, avec
confiance et sincérité, rend hommage au Discours de Sanghata se souviendra de
quatre-vingt-dix-neuf vies antérieures. Cette personne deviendra un monarque
universel pendant soixante périodes cosmiques. Pendant cette vie-là, tout le
monde l’aimera également. Sarvashura, cette personne ne mourra pas par les
armes. Cette personne ne mourra pas par le poison. Cette personne ne sera pas
victime de la magie noire. Même à l’heure du trépas, cette personne percevra
clairement quatre-vingt-dix-neuf millions d'Eveillés.
Sarvashura, ces Eveillés, ces Vainqueurs transcendants
diront alors à cette personne : “Saint être, puisque tu as entendu précisément
la grande instruction de Sanghata, cette masse de mérites est apparue.”
Et si ces quatre-vingt-dix-neuf millions
d'Eveillés, de Vainqueur transcendants, prédisent individuellement son domaine,
Sarvashura, que dire alors d'une écoute de cette grande Instruction de Sanghata
au long, de façon complète et vaste ?
Cette personne sera réconfortée et ils lui diront : “Ne
crains rien !”
Ensuite, le grand
bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, si moi
aussi j’écoute la grande instruction de Sanghata, Vainqueur transcendant, quelle
masse de mérites produirai-je ?
–
Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, ces êtres créeront une masse de
mérites égale à celle d'Eveillés, Ainsi-allés aussi nombreux que les grains de
sable du Gange.
– Vainqueur
transcendant, lorsque j’écoute la grande instruction de Sanghata, je ne m’en
lasse pas.
– Sarvashura, répondit
le Vainqueur transcendant, il est excellent, vraiment excellent que tu ne te
lasses pas des enseignements. Sarvashura, puisque moi non plus, je ne me lasse
pas des enseignements, Sarvashura, que dire alors des êtres ordinaires qui ne
s’en lassent pas ? Sarvashura, un fils ou une fille de la lignée, ou quiconque a
confiance dans le Grand Véhicule, ne se dirigera pas vers de mauvaises destinées
pendant mille périodes cosmiques, ne renaîtra pas comme animal pendant cinq
mille périodes cosmiques, ne sera pas malveillant pendant douze mille périodes
cosmiques, ne renaîtra pas dans une contrée isolée pendant dix-huit mille
périodes cosmiques, sera un grand bienfaiteur de la doctrine pendant vingt mille
périodes cosmiques, renaîtra dans le monde des dieux pendant vingt-cinq mille
périodes cosmiques, vivra avec pureté pendant trente-cinq mille périodes
cosmiques, renoncera à la vie de chef de famille pendant quarante mille périodes
cosmiques, soutiendra la doctrine pendant cinquante mille périodes cosmiques,
méditera sur le souvenir des vies antérieures pendant soixante-cinq mille
périodes cosmiques.
Sarvashura,
aucun karma négatif, même le plus petit, ne pourra échoir à ce fils ou à cette
fille de la lignée. Les maras malveillants ne trouveront pas la moindre occasion
de leur nuire. Ils ne renaîtront jamais dans la matrice d’une mère. Sarvashura,
quiconque entend cette instruction de Sanghata, où qu’il renaisse, pendant
quatre-vingt-quinze mille périodes cosmiques immesurables, ne chutera pas dans
une mauvaise destinée.
Pendant
huit mille périodes cosmiques, il retiendra ce qu’il a entendu. Pendant mille
périodes cosmiques, il cessera de tuer. Pendant quatre-vingt-dixneuf mille
périodes cosmiques, il cessera de mentir. Pendant treize mille périodes
cosmiques, il abandonnera la calomnie.
Sarvashura, les êtres qui ont entendu cette instruction de
Sanghata sont rares.
Puis, le
bodhisattva, le grand être Sarvashura se leva de son siège, remonta sa robe
supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, joignant les mains
devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :
– Vainqueur transcendant, quelle est la masse de karma
négatif créée par la personne qui abandonne cette instruction ?
– Elle sera grande, Sarvashura !
– Vainqueur transcendant, quelle est la
masse de karma négatif créée par la personne qui abandonne cette instruction ?
– Ne parle pas ainsi, Sarvashura
! Ne m’interroge pas sur toutes ces masses de karma négatif. Sarvashura,
comparée à la malveillance engendrée envers autant d'Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis qu’il y a de grains de
sable dans douze Gange, ceux qui dénigrent le Discours de Sanghata créent une
masse de non-vertus bien plus grande. Sarvashura, ceux qui dénigrent le mahayana
créent aussi une masse de non-vertus bien supérieure à celle- là. Sarvashura,
ces êtres sont brûlés. Ils sont tout simplement brûlés.
– Vainqueur transcendant, demanda
Sarvashura, ces êtres ne peuvent-ils être libérés ?
–En effet Sarvashura, répondit le
Vainqueur transcendant, ils ne peuvent être libérés. Sarvashura, il en est
ainsi. Suppose qu’un homme ait la tête coupée. En lui appliquant un cataplasme
de miel, de sucre, de mélasse, de beurre ou toute autre pommade, crois-tu,
Sarvashura, que cette personne pourrait se relever ?
– Non, Vainqueur transcendant, répondit Sarvashura, elle ne
le pourrait pas.
– De plus
Sarvashura, dit le Vainqueur transcendant, si quelqu’un devait asséner un coup à
un être vivant avec une lame tranchante, même si cela ne lui ôtait pas la vie,
Sarvashura, une blessure en résulterait. En appliquant un remède, cette blessure
guérirait. Si, alors qu’il a survécu, cet homme se souvenait de la souffrance et
pensait : “Maintenant je comprends et je ne commettrai plus jamais de faute,
d'action négative.” Réfléchissant ainsi, Sarvashura, et se remémorant sa
souffrance, cet homme abandonnera toute action négative. A ce moment, il
réalisera toutes les doctrines. Ayant réalisé toutes les doctrines, à ce moment,
il parachèvera toutes les qualités vertueuses.
Sarvashura, il en est ainsi : suppose que des parents se
lamentent, pleurant une personne décédée, bien qu’ils n’aient eu aucune capacité
de la protéger. Pareillement, Sarvashura, les êtres ordinaires sont incapables
d’apporter une aide quelconque à eux-mêmes ou aux autres. Comme les parents dont
les espoirs sont brisés, au moment de la mort, ces êtres aussi verront leurs
espoirs brisés.
Sarvashura, on
distingue deux êtres dont les espoirs sont brisés. Qui sont-ils ? L’un est un
être ordinaire qui fait du mal ou en fait commettre. L’autre est celui qui
rejette la sainte doctrine. Au moment de la mort, ces deux êtres voient leurs
espoirs brisés.
Le bodhisattva,
le grand être Sarvashura demanda :
– Vainqueur transcendant, quelle sera la destinée de ces
êtres ? Quelle sera leur vie suivante ?
– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, les
destinées des êtres qui dénigrent la doctrine seront illimitées. Leurs vies
futures seront illimitées. Sarvashura, les êtres qui rejettent la doctrine
connaîtront les expériences du grand Enfer des Lamentations pendant toute une
période cosmique, celles de l’Enfer de la Destruction en Masse pendant toute une
période cosmique, celles de l’Enfer Brûlant pendant toute une période cosmique,
celles de l’Enfer d'Extrême Chaleur pendant toute une période cosmique, celles
du grand Enfer des Lignes Noires pendant toute une période cosmique, celles du
grand Enfer d’Avici pendant toute une période cosmique, celles du grand Enfer
appelé “Poils Hérissés” pendant toute une période cosmique, celles du grand
enfer appelé “kyé hu” pendant toute une période cosmique.
Sarvashura, ils devront connaître les
souffrances des damnés de ces huit grands enfers pendant huit périodes
cosmiques.
Alors, le bodhisattva,
le grand être Sarvashura dit au Vainqueur transcendant : – Vainqueur
transcendant, cela est souffrance ! Allé en félicité, cela souffrance. Cela
n’est pas plaisant à entendre.
A
ce moment-là, le Vainqueur transcendant prononça ces versets :
La façon dont les
êtres des enfers Eprouvent de telles souffrances, La simple écoute de ces mots
des plus terrifiants Te prive de joie.
ui crée des actions positives Rencontrera le bonheur Qui
crée des actions négatives Ne rencontrera que souffrance.
Qui ignore la cause du bonheur, Après la
naissance, souffrira plus encore. Les puérils toujours souffriront, Tourmentés
par la mort et les liens du chagrin. Ceux qui se rappellent la supériorité de
l'Eveillé Ces sages-là sont heureux.
Ainsi, qui a confiance dans le Grand Véhicule N’ira pas
vers les renaissances inférieures. Ainsi, Sarvashura, poussé par le karma
antérieur, Créer un acte infime produira des effets infinis.
Dans le champ d'Eveillé, champ suprême,
Une graine plantée produira de grands fruits, De même qu’en plantant quelques
graines seulement, De nombreux fruits seront obtenus.
Ainsi, ceux qui se réjouissent des enseignements du
Vainqueur, Ces sages-là seront heureux. Ils écarteront les fautes, Accumulant
aussi nombre de vertus.
Celui
qui, en offrande à mes enseignements, Fait don d’un simple cheveu, Pendant
quatre-vingt mille périodes cosmiques, Jouira de nombreux biens et richesses.
Où qu’il naisse, Il sera toujours
généreux. Ainsi, l'Eveillé, ce profond support de générosité, A de grands
effets.
Le bodhisattva, le grand
être Sarvashura demanda alors au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, comment
faut-il quérir la doctrine enseignée par le Vainqueur transcendant ? Vainqueur
transcendant, après avoir entendu l’instruction du Discours de Sanghata, comment
garder fermement les racines de bien ?
– Sarvashura, répondit le Vainqueur transcendant, il faut
savoir que la masse de mérites d’une personne qui écoute l’instruction du
Discours de Sanghata est égale à celle d’une personne qui adore autant
d'Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis qu’il y a
de grains de sable dans douze fleuves Gange, fournissant tout ce qui est
nécessaire à leur bonheur.
Le
bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda :
– Vainqueur transcendant, comment parachever ces racines de
bien ?
Le Vainqueur transcendant
répondit alors au bodhisattva, le grand être Sarvashura :
– Il faut savoir que ces racines de bien
sont égales à un Ainsi-allé.
–
Ces racines de bien égales à un Ainsi-allé, quelles sont-elles ?
– Sarvashura, il faut savoir que le
propagateur de la doctrine est égal à un Ainsi-allé.
Le bodhisattva, le grand être Sarvashura, demanda :
– Vainqueur transcendant, qui est un
propagateur de la doctrine ?
–
Quiconque proclame le Discours de Sanghata est un propagateur de la doctrine.
Le bodhisattva, le grand être
Sarvashura, dit :
– Vainqueur
transcendant, si même ceux qui entendent l’instruction du Discours de Sanghata
créent une telle masse de mérites, alors que dire de ceux qui l’écrivent et le
lisent. Quelle masse de mérites créeront-ils ?
– Ecoute, Sarvashura, il en est ainsi : imagine que, dans
chacune des quatre directions, autant d'Ainsi- allés, Destructeurs-de-l'ennemi,
Eveillés pleinement accomplis qu’il y a de grains de sable dans douze fleuves
Gange, demeurent pendant douze périodes cosmiques et enseignent la doctrine.
Même s’ils voulaient exprimer la masse de mérites que recueille celui qui rédige
le Discours de Sanghata, ils ne pourraient en concevoir les limites ni en parler
avec des mots. Si autant d'Eveillés, Vainqueur transcendants qu’il y a de grains
de sable dans quarante-huit fleuves Gange ne parviennent pas à exprimer la masse
de mérites de celui qui l’écrit, il ne fait aucun doute que celui qui le copie,
le contemple ou le récite devienne un trésor de doctrine.
Le bodhisattva, le grand être Sarvashura,
demanda :
– Quelle masse de
mérites produira celui qui le récite ?
Le Vainqueur transcendant répondit alors par ces versets :
– Bien qu'exprimant sans trêve
les mérites De celui qui a lu même une seule strophe de quatre vers, Les
Vainqueurs aussi nombreux que les grains de sable De quatre-vingt-quatre Gange
N' épuiseront pas les mérites
Obtenus par celui qui a lu le Sanghata soutra. La doctrine enseignée par les
Eveillés Est à la fois rare et sans limite.
A ce moment-là, quatre-vingt-quatre mille milliards de
millions de dieux, joignant les mains, s’inclinèrent devant le lieu où était
donné l’instruction du Discours de Sanghata et s’adressèrent au Vainqueur
transcendant :
– Vainqueur
transcendant, quelle que soit la raison pour laquelle le Vainqueur transcendant
a placé ce trésor de doctrine en ce monde, cela est excellent, vraiment
excellent !
Dix-huit milliards de
jaïns arrivèrent de surcroît sur le lieu où se trouvait le Vainqueur
transcendant, lui disant :
– O
Gautama l’Ascète, puisses-tu être victorieux !
Le Vainqueur transcendant répondit :
– L'Ainsi-allé est toujours victorieux.
O Passeurs qui allez nus, comment pourriez-vous être victorieux ?
– Sois vainqueur, Gautama l’Ascète, sois
vainqueur! dirent-ils.
– Je ne
vois aucun vainqueur en vous ! dit le Vainqueur transcendant.
Si vous demeurez dans l'erreur, Comment
triompherez-vous ? Ecoutez-moi ascètes, Laissez-moi vous dire quelque chose de
bénéfique.
L'esprit d'un enfant
n'a rien d'heureux. Comment pouvez-vous être victorieux ?
Ainsi, avec l'œil de l'Eveillé,
j'enseignerai la voie profonde A quiconque doit la recevoir.
Les jaïns
(auparavant) exaspérés à l'égard du Vainqueur transcendant développèrent la foi.
A ce moment même, Indra, le
maître des dieux, brandit son diamant-foudre. L'Ainsi-allé ayant aussi fait
disparaître son corps, les dix-huit milliards d'ascètes, emplis de terreur,
entrevirent une grande souffrance et se répandirent en larmes. Sanglotant, le
visage noyé de larmes, en ne voyant plus le Vainqueur transcendant, ils
prononcèrent ces versets :
Désormais, personne ne peut nous protéger Ni père, ni mère. Ici, tout n'est que
désolation : Aucune maison disponible où habiter, Aucune eau non plus, Aucun
arbre, aucun oiseau, Personne en vue. Sans protecteur, nous souffrons, Sans voir
l'Ainsi-allé, Notre souffrance est grande, illimitée.
Alors à ce moment précis, les dix-huit milliards de jaïns
se levèrent et, plaçant les deux genoux au sol, ils entonnèrent ce chant :
Compatissant Ainsi-allé, Parfait
Eveillé, suprême parmi les hommes, Aidez-nous ! Soyez le refuge des désespérés.
Alors, le Vainqueur transcendant
sourit et dit au bodhisattva, le grand être Sarvashura :
– Sarvashura, va enseigner la doctrine
aux ascètes qui vont nus.
Le
bodhisattva, le grand être Sarvashura répondit au Vainqueur transcendant : –
Vainqueur transcendant, si la Montagne Noire érode sa roche en rendant hommage
de sa cime au Mont Sumeru, la reine des montagnes, comment pourrais-je enseigner
la doctrine tant que l'Ainsi-allé est présent ?
Le Vainqueur transcendant répondit :
– Silence, fils de la lignée ! Grâce aux
moyens habiles des Ainsi-allés, va Sarvashura. Parcours les univers des dix
directions et vois les lieux où des Ainsi-allés apparaissent et où des sièges
sont érigés. Et moi, Sarvashura, j' enseignerai la doctrine aux ascètes qui vont
nus.
Le bodhisattva Sarvashura
demanda :
– Vainqueur
transcendant, au moyen de quels pouvoirs magiques dois-je me déplacer ? Les
miens ou ceux de l'Ainsi-allé ?
–
Sarvashura, béni par la force de tes propres pouvoirs magiques, va. Et, par les
pouvoirs miraculeux de l'Ainsi-allé, reviens.
Alors, le bodhisattva Sarvashura se leva, circumambula le
Vainqueur transcendant et, sur le champ, devint invisible.
Le Vainqueur transcendant enseigna alors
la doctrine aux Passeurs qui vont nus : – Amis, la naissance est souffrance. La
naissance en elle-même est souffrance. Après la naissance, maintes peurs de
souffrir apparaissent. Après la naissance, naissent les peurs de la maladie. De
la maladie naissent les peurs du vieillissement. De la vieillesse, naît la peur
de la mort.
– Vainqueur
transcendant, que veut dire “de la naissance naît la peur de naître” ?
– Suite à une naissance humaine, de
nombreuses peurs surviennent. La peur du roi survient. La peur des voleurs
survient. La peur du feu survient. La peur du poison survient. La peur de l'eau
survient. La peur du vent survient. La peur des tourbillons survient. La peur
des actions que l'on a commise survient.
Le Vainqueur transcendant enseigna la doctrine sous de
nombreux aspects, dont celui de la naissance.
A cet instant précis, les jaïns furent totalement gagnés
par la terreur et dirent : “Désormais, nous refusons à jamais la naissance !”
Lorsque le Vainqueur transcendant
donna cette instruction du Discours de Sanghata, les dix-huit millions de jaïns
réalisèrent pleinement l'insurpassable éveil parfaitement achevé. Dix-huit mille
bodhisattvas de son
entourage,
demeurant à la dixième terre, déployèrent aussi des émanations magiques.
Certains manifestèrent la forme d'un cheval, la forme d'un éléphant, la forme
d'un tigre, la forme d'un garouda, la forme du Mont Sumeru et des formes de
svastika, d'arbre ou autre. Tous étaient assis, jambes croisées, sur des trônes
de lotus. Neuf milliards de bodhisattvas, s'assirent à la droite du Vainqueur
transcendant, neuf milliards de bodhisattvas, s'assirent à la gauche du
Vainqueur transcendant, tandis que lui-même demeurait tout ce temps, absorbé en
méditation, enseignant la doctrine à l'aide de ses moyens habiles.
Le septième jour, le Vainqueur
transcendant étira la paume de la main et sut que le bodhisattva, le grand être
Sarvashura arrivait de l’univers Lotus Sublime. Lorsque, béni par la force de
ses pouvoirs miraculeux, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, se rendait en
différents lieux, il lui fallut sept jours pour se rendre dans l'univers Lotus
Sublime. Dès que le Vainqueur transcendant ouvrit la main, le bodhisattva
Sarvashura se trouva en sa présence.
Après avoir accompli trois circumambulations autour du
Vainqueur transcendant, son esprit fut gagné par la confiance envers celui-ci.
Il joignit respectueusement les mains en direction du Vainqueur transcendant et
s’adressa à lui :
– Vainqueur
transcendant, j'ai visité les univers des dix directions ; grâce à un de mes
pouvoirs miraculeux, j'ai vu quatre-vingt-dix-neuf milliards de champs
d'Eveillés et grâce à deux de mes pouvoirs miraculeux, j'ai vu un milliard
d'Ainsi-allés. Le septième jour, en me rendant dans l'univers Lotus Sublime,
j’ai vu aussi des centaines de milliards de champs d'Eveillés inébranlables.
Vainqueur transcendant, les Eveillés, Vainqueurs transcendants, déploient des
émanations magiques, et, dans quatre-vingt douze milliards de champs d'Eveillés,
des Ainsi-allés enseignent la doctrine. Ce jour même, j’ai vu, dans quatre-vingt
milliards de champs d'Eveillés, quatre-vingt milliards d'Ainsi-allés,
Destructeurs-de- l'ennemi, Eveillés parfaitement éveillés apparaître dans le
monde. Après m'être incliné devant tous ces Ainsi- allés, j’ai poursuivi ma
route.
Vainqueur transcendant, ce
jour même je suis passé par trente-neuf milliards de champs d'Eveillés, et dans
ces trente-neuf milliards de champs d'Eveillés, trente-neuf milliards de
bodhisattvas sont apparus. Ce jour même, ils s'éveillèrent pleinement à l'éveil
insurpassable et parfaitement accompli. J’effectuai trois circumambulations
autour de ces Vainqueur transcendants, Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi,
Eveillés parfaitement accomplis, et grâce aux pouvoirs miraculeux, je devins
invisible.
Vainqueur
transcendant, dans soixante millions de champs d'Eveillés, j’ai vu aussi des
Eveillés, des Vainqueurs transcendants. Vainqueur transcendant, je me suis
incliné devant les champs d'Eveillés, devant les Eveillés, les vainqueurs
transcendants, puis j'ai poursuivi ma route. Vainqueur transcendant, j’ai vu
dans d’autres huit millions de champs d'Eveillés, des Ainsi-allés accomplir
l’acte de passer au-delà des peines. Après m’être également prosterné devant ces
vainqueurs transcendants, j’ai repris ma route.
Vainqueur transcendant, dans quatre-vingt-quinze million de
champs d'Eveillés, j’ai aussi assisté à la disparition de la sainte doctrine.
Vainqueur transcendant, un sentiment de détresse m’a envahi, et j’ai fondu en
larmes. J’ai également vu des dieux, des esprits-serpents, des yakshas, des
rakshasas et de nombreux êtres incarnés qui pleuraient, transpercés par
d’immenses et atroces douleurs.
Vainqueur transcendant, je me suis également incliné devant ces champs
d'Eveillés avec leur océan, leur Mont Sumeru et leurs terres ; tout était
complètement brûlé. Puis, perdant tout espoir, j’ai repris ma route.
Vainqueur transcendant, jusqu’à mon
arrivée dans l'univers Lotus Sublime, Vainqueur transcendant, j’ai vu aussi cinq
cent milliards de trônes érigés. Au sud, je vis cent milliards de trônes érigés
; au nord, je vis cent milliards de trônes érigés ; à l’est, je vis cent
milliards de trônes érigés ; à l’ouest, je vis cent milliards de trônes érigés ;
au zénith, je vis cent milliards de trônes érigés. Vainqueur transcendant, ces
trônes érigés étaient exclusivement constitués des sept substances précieuses.
Et, sur tous ces trônes étaient assis des Ainsi-allés qui enseignaient la
doctrine.
Emerveillé par ces
Vainqueurs transcendants, je demandai à ces Ainsi-allés :
– Cet univers d'Eveillés, comment
s’appelle-t-il ?
– Enfant de la
lignée, cet univers s'appelle Padmottara (Sublime Lotus).
Vainqueur transcendant, puis après avoir
circumambulé ces Ainsi-allés, je demandai :
– L'Ainsi-allé de ce champ d'Eveillé, comment se nomme-t-il
? – L'Ainsi-allé, Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé
Padmagarbha (Essence du Lotus) effectue les activités d'un Eveillé dans ce champ
d'Eveillé.
– Il y a des centaines
de milliards d'Eveillés et je n'ai pas rencontré l'Ainsiallé,
Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé Padmagarbha. Qui
est-il ?
– Enfant de la lignée,
répondirent les Vainqueur transcendants, je vais te montrer l'Ainsi-allé,
Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé parfaitement accompli nommé Padmagarbha.
Soudain, les corps saints de tous ces
Ainsi-allés disparurent pour demeurer seulement sous l'aspect de bodhisattvas.
Comme il ne restait qu'un seul Ainsi-allé, j’inclinai ma tête aux pieds saints
de cet Ainsi-allé.
Lorsque je
m'approchai, un trône apparut. Je me dirigeai alors vers ce trône et, Vainqueur
transcendant, à ce moment-là, de nombreux trônes surgirent. Ne voyant personne
se diriger vers ces trônes, je m’adressai à cet Ainsi-allé :
– Vainqueur transcendant, je ne vois
aucun être sur ces trônes.
– Les
êtres qui n'ont pas créé de racine de bien, ne peuvent siéger sur ces trônes.
– Vainqueur transcendant,
demandai-je, quelle sorte de racine de bien faut-il créer pour siéger sur ces
trônes ?
– Fils de la lignée,
écoute ! Si les êtres qui ont entendu l’instruction du Discours de Sanghata ont
créé la racine de bien pour siéger sur ces trônes, que dire alors de ceux qui
l'ont écrit ou lu. Sarvashura, tu as entendu l’instruction du Discours de
Sanghata et tu es maintenant assis sur ce siège. Sinon, comment aurais-tu pu
entrer dans ce champ d'Eveillé ?
– Vainqueur transcendant, demandai-je, quelle masse de mérites produira celui
qui entend l’instruction du Discours de Sanghata ?
Alors le Vainqueur transcendant, l'Ainsi-allé Padmagarbha,
sourit ; et j’interrogeai ce Vainqueur transcendant sur le motif de son sourire
:
– Vainqueur transcendant, pour
quelle raison et dans quel dessein, l'Ainsiallé a-t-il laissé paraître ce
sourire ?
– Enfant de la lignée,
bodhisattva, grand être Sarvashura qui a obtenu le grand pouvoir, écoute, il en
est ainsi : imagine qu'un monarque universel contrôle les quatre continents.
S'il plante du sésame dans les champs des quatre continents, Sarvashura,
penses-tu que de nombreuses graines germeront ?
– Oui Vainqueur transcendant ! Oui Allé en félicité ! De
nombreuses graines germeront.
–
Sarvashura, imagine qu'un être rassemble un tas des grains de sésame et qu'un
autre prenne un à un chaque grain de sésame de cette masse et les mettent à
côté. Sarvashura, penses-tu que cet être pourra dénombrer les grains de sésame
ou en évoquer le nombre par une analogie ?
– Non, Vainqueur transcendant, répondit le bodhisattva, le
grand être Sarvashura, il ne pourra pas dénombrer les grains de sésame ni en
évoquer le nombre par une analogie ?
– De même, Sarvashura, à l'exception de l'Ainsi-allé,
personne ne peut donner une analogie de la masse de mérites produite par cette
instruction du Discours de Sanghata. Sarvashura, c'est ainsi : si autant
d'Ainsi-allés qu'il y a de grains de sésame proclamaient tous, même en s’aidant
d'une analogie, les mérites des racines de bien produites par l'écoute du
Discours de Sanghata, ce mérite serait inépuisable. Que dire alors de celui qui
l'écrit, le récite ou le fait copier ?
– Quelle masse de mérites produira sa rédaction ? demanda
le bodhisattva, le grand être Sarvashura.
– Fils de la lignée, écoute deux autres analogies : imagine
que quelqu'un coupe l'herbe ou le bois d'un million d'univers à la taille d'un
doigt. Si autant de pierres, de précipices, de terre ou de particules de
poussière d'un million d'univers devaient devenir des monarques universels qui
contrôlent les quatre continents, serait-il possible de donner une analogie de
leur mérite ?
– Non, Vainqueur
transcendant, cela ne serait pas possible. Sauf si l'on n'inclue pas les
Ainsi-allés.
– De même,
Sarvashura, il est tout aussi impossible de donner une analogie de la masse de
mérites produite par le fait d'écrire l’instruction du Discours de Sanghata.
Comparée à la masse de mérites d'autant de
monarques universels, celui qui écrit une seule syllabe de
cette instruction produira une masse de mérites beaucoup plus grande. Bien que
les mérites de ces monarques universels soient extrêmement grands, ils ne les
égalent pas. Sarvashura, tout comme un monarque universel ne peut rivaliser en
mérite avec un bodhisattva, un grand être qui détient la sainte doctrine du
Grand Véhicule et continue à la mettre en pratique. Pareillement, on ne peut
établir d’analogie pour la masse de mérites produite par l'écriture de
l’instruction du Discours de Sanghata. Sarvashura, ce Discours de Sanghata
révèle un trésor de mérites. Il apaise toutes les perturbations mentales. Il
fait briller le flambeau de tous les enseignements. Il triomphe de tous les
démons malveillants. Il illumine tous les lieux de résidence des bodhisattvas.
Il actualise le parfait accomplissement de tous les enseignements.
Le bodhisattva, le grand être Sarvashura,
dit alors au Vainqueur transcendant : – Vainqueur transcendant, ici, vivre
purement est une pratique très difficile. Quelle en est la raison,
s’interroge-t-on ? Vainqueur transcendant, si la pratique d'un Ainsi-allé est
rare, la pratique de la pureté l'est aussi. En s'engageant dans la pratique de
la pureté, on verra le Vainqueur transcendant directement. On verra le Vainqueur
transcendant jour et nuit. En voyant le Vainqueur transcendant directement et en
le regardant jour et nuit, on verra le champ d'Eveillé. Lorsqu'on voit le champ
d'Eveillé, on voit tous les trésors. Au moment de mourir, la terreur ne
surviendra pas. On ne naîtra jamais de la matrice d'une mère. On ne sombrera pas
davantage dans le chagrin. On ne sera pas étranglé par le nœud de l'avidité.
S’adressant au bodhisattva, au
grand être Sarvashura, le Vainqueur transcendant dit :
– Sarvashura, la présence des
Ainsi-allés est difficile à trouver.
– Oui, Vainqueur transcendant, elle est difficile à
trouver. Oui, Allé en félicité, elle est difficile à trouver.
– Sarvashura, de même, cette instruction
de Sanghata est également difficile à trouver. Sarvashura, ceux dont les
oreilles entendent cette instruction de Sanghata se souviendront des vies
antérieures pendant quatre- vingts périodes cosmiques.
Pendant soixante mille périodes
cosmiques, ils atteindront le statut de monarques universels. Pendant huit mille
périodes cosmiques, ils accéderont au rang d’Indra. Pendant vingt mille périodes
cosmiques, ils renaîtront aussi fortunés que les dieux des domaines purs.
Pendant trente-huit mille périodes cosmiques, ils deviendront le grand Brahma.
Pendant quatre-vingtdix-neuf mille périodes cosmiques, ils n’iront pas dans de
mauvaises destinées. Pendant cent mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront
pas parmi les esprits avides. Pendant vingt-huit mille périodes cosmiques, ils
ne renaîtront pas parmi les animaux. Pendant treize mille périodes cosmiques,
ils ne renaîtront pas dans le royaume des dieux jaloux. Le moment de leur mort
ne viendra pas des armes. Pendant vingt-cinq mille périodes cosmiques, leur
sagesse ne sera pas pervertie. Pendant sept mille périodes cosmiques, ils seront
intelligents. Pendant neuf mille périodes cosmiques, ils seront beaux et
considérés comme séduisants. Tout comme les corps de forme de l'Ainsi-allé ont
été accomplis, ils deviendront de même. Pendant quinze mille périodes cosmiques,
ils ne renaîtront pas comme femmes. Pendant seize mille périodes cosmiques, ils
ne contracteront aucune maladie physique. Pendant trente-cinq mille périodes
cosmiques, ils seront pourvus de l’œil divin.
Pendant dix-neuf mille périodes cosmiques, ils ne
renaîtront pas dans les lieux de naissance des esprits-serpents. Pendant
soixante mille périodes cosmiques, ils ne seront pas dominés par la colère.
Pendant sept mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront pas comme indigents.
Pendant quatrevingt mille périodes cosmiques, ils habiteront les deux
continents. Même s’ils renaissent indigents, ils goûteront à des plaisirs
semblables à ceux-ci : pendant douze mille périodes cosmiques, ils ne renaîtront
pas dans le lieu de naissance d’un aveugle ; pendant treize mille périodes
cosmiques, ils ne renaîtront pas dans les mauvaises migrations ; pendant onze
mille périodes cosmiques, ils professeront la patience.
Et, au moment de la mort, lorsque la
dernière conscience cessera, ils n’auront pas de perceptions erronées. Ils ne
seront pas emportés par la colère. A l’est, ils verront des Eveillés,
Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de douze fleuves Gange. Au sud,
ils verront directement des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de
sable de vingt millions de fleuves Gange. A l’ouest, ils verront des Eveillés,
Ainsi-allés, en nombre égal aux grains de sable de vingt-cinq fleuves Gange. Au
nord, ils verront directement des Eveillés, Ainsi-allés, en nombre égal aux
grains de sable de quatre-vingts fleuves Gange. Au zénith, ils verront
directement quatre- vingt-dix millions d'Eveillés, Vainqueur transcendants. Au
nadir, ils verront directement des Eveillés, Ainsi- allés, en nombre égal aux
grains de sable de cent millions de fleuves Gange, et, pour le rassurer, ils
diront à cet enfant de la lignée : “Enfant de la lignée, tu as entendu
l’instruction de Sanghata, aussi, dans d’autres vies, auras- tu des qualités,
des bienfaits et un bonheur semblables. Sois donc sans crainte !”
– O enfant de la lignée, as-tu vu des
Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable de centaines de milliards de
millions de fleuves Gange ?
–
Oui, Vainqueur transcendant, je les ai vus. Oui, Allé en félicité, je les ai
vus.
– O enfant de la lignée, ces
Ainsi-allés sont venus te voir.
–
Quelle sorte d’action vertueuse ai-je créée pour que tous ces Ainsi-allés
viennent me voir en ce lieu ?
–
Enfant de la lignée, écoute ! Tu as obtenu un corps humain, l’instruction de
Sanghata est arrivée à ton oreille ; c’est grâce à cela que tu as produit cette
grande masse de mérites.
–
Vainqueur transcendant, si la masse de mérites que j’ai produite est telle,
alors que dire de la personne qui entend (cette instruction) au long jusqu’à la
fin !
– Silence, silence ! O
enfant de la lignée, écoute la description des mérites d’une strophe de quatre
lignes.
Enfant de la lignée,
c’est ainsi : par exemple, même comparée à la masse des mérites d'Ainsi-allés,
Destructeurs- de-l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis en nombre égal aux
grains de sable de treize fleuves Gange, cela produit une masse de mérites
beaucoup plus grande. Comparé à la personne qui vénère des Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis en nombre égal aux
grains de sable de treize fleuves Gange, quiconque entend une simple strophe de
quatre lignes de cette instruction de Sanghata produit aussi une masse de
mérites beaucoup plus grande, alors que dire de quiconque l’entend au long
jusqu’à la fin ? Enfant de la lignée, écoute ce qu’il en est de quiconque entend
l’instruction de Sanghata au long jusqu’à la fin.
Si quelqu’un devait planter des graines de sésame dans les
millions d’univers et qu’il y ait autant de monarques universels que toutes ces
graines de sésame, comparé à une personne riche qui donnerait ses nombreux biens
et ses immenses possessions à tous ces monarques universels, quiconque donne à
celui qui entre dans le courant produit une masse de mérites beaucoup plus
vaste. Si tous les êtres des milliers d’univers entraient dans le courant,
comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la
masse de mérites produite par la personne qui donne à celui qui ne revient
qu’une fois est bien plus vaste.
Si tous les êtres des milliers d’univers ne revenaient qu’une fois, comparée à
la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de
mérites produite par la personne qui donne à celui qui ne revient pas est
beaucoup plus grande. Si tous les êtres des milliers d’univers ne revenaient
pas, comparée à la masse de mérites produite par quiconque donne à tous ces
êtres, la masse de mérites produite par la personne qui donne à un seul
Destructeur-de-l'ennemi est beaucoup plus grande. Si tous les êtres des milliers
d’univers devenaient Destructeurs-de-l'ennemi, comparée à la masse de mérites
produite par quiconque donne à tous ces êtres, la masse de mérites produite par
la personne qui donne à un seul Eveillé pour soi serait beaucoup plus grande.
Si tous les êtres des millions
d’univers devenaient Eveillés pour eux-mêmes, comparée à la masse de mérites
produite par quiconque donnait à tous ces êtres, la masse de mérites produite
par la personne qui donne à un seul
bodhisattva est beaucoup plus grande. Si tous les êtres des
millions d’univers devenaient bodhisattvas, comparée à la masse de mérites
produite par quiconque donne à tous ces êtres, si la masse de mérites produite
par une personne qui leur fait éprouver un sentiment de confiance envers un seul
Ainsi-allé, et par une personne qui leur fait éprouver un sentiment de confiance
envers un million d’univers complètement emplis d'Ainsi-allés, et par une
personne qui entend cette instruction de Sanghata est beaucoup plus grande,
Sarvashura, que dire alors de quiconque porte cette instruction de Sanghata par
écrit, la mémorise, la récite ou la comprend ? Sarvashura, que dire alors de
quiconque, l’esprit empli de foi, rend hommage à cette instruction de Sanghata ?
– Sarvashura, que penses-tu de
ceci ? Si quelqu’un se demande : “Tous les êtres ordinaires sont-ils à même
d’entendre cela ? ” Quand bien même ils l’entendraient, la confiance ne naîtrait
pas en eux.
Sarvashura, écoute !
Parmi les êtres ordinaires, existe-t-il quelqu’un capable d’atteindre le fond du
grand océan ?
– Non, Vainqueur
transcendant, personne n'en est capable.
– Quelqu’un peut-il vider l’océan avec la paume de la main
?
– Non, Vainqueur transcendant
personne ne le peut. Non, Allé en félicité, personne ne le peut.
– Sarvashura, si aucun être ne peut
assécher le grand océan, Sarvashura, de même, aucun être qui aspire au médiocre
ne peut entendre cette instruction. Sarvashura, ceux qui n’ont pas vu des
millions d'Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingts
fleuves Gange, ne sont pas à même de mettre par écrit cette instruction de
Sanghata. Ceux qui n’ont pas vu des millions d'Ainsi-allés en nombre égal aux
grains de sable de quatre-vingt-dix fleuves Gange, ne sont pas à même d’entendre
cette instruction. Ceux qui n’ont pas vu cent millions de myriades
d'Ainsi-allés, rejetteront cette instruction après l’avoir entendue. Ceux qui,
ayant vu cent millions d'Ainsi-allés en nombre égal aux grains de sable du
fleuve Gange, développeront un sentiment de confiance après avoir entendu cette
instruction. Ils seront contents. Ils connaîtront la vérité telle qu’elle est.
Ils auront foi en cette instruction de Sanghata et ne la rejetteront pas.
Sarvashura, écoute ! Ceux qui écrivent
une simple strophe de quatre lignes de ce Discours de Sanghata, après avoir
franchi quatre-vingt-quinze milliards d’univers, auront un champ d'Eveillé
semblable à l’univers de Sukhavati. Sarvashura, la durée de vie de ces êtres
pourra atteindre quatre-vingtquatre mille périodes cosmiques.
Sarvashura, écoute ! Quant aux
bodhisattvas, aux grands êtres, qui n’entendent qu’une strophe de quatre lignes
de cette instruction de Sanghata, il en est ainsi : par exemple, ils sont comme
un être qui a commis les cinq actes aux conséquences immédiates les a fait
commettre, ou s’en est réjoui ; s’ils entendent une simple strophe de quatre
lignes de cette instruction de Sanghata, ils purifieront les karmas négatifs des
cinq actes aux conséquences immédiates.
Sarvashura, écoute ! Je vais encore t’expliquer une autre
qualité positive.
Imagine un être
qui ait détruit des stoupas, créé le schisme dans la communauté monastique,
perturbé un bodhisattva en absorption méditative, gêné la sagesse d’un Eveillé
et tué un être humain. Ensuite, pris de remords et de chagrin, cet être pense :
“Dans ce corps, je suis perdu ! Dans le monde prochain, je serai aussi perdu !
Je suis condamné !” En proie à un grand désarroi, il souffre, il ressent une
souffrance insurmontable. Sarvashura, cette personne sera rejetée par tous les
êtres. Elle sera méprisée. Cette personne se sent brûlée et condamnée. Pour
elle, les enseignements mondains et supramondains sont désormais hors de portée.
Pendant de nombreuses périodes cosmiques, elle sera pareille à une bûche réduite
en charbon. Comme les piliers ou les poutres d’une belle maison qui, brûlés, ont
perdu tout attrait, il en sera de même pour cet homme. Dans ce monde, il n’aura
aucune beauté. Où qu’il aille, en tous lieux, il sera rabaissé et battu. Affamé
et assoiffé, il ne trouvera pas la moindre nourriture ou boisson.
De ce fait, il souffre. La faim et la
soif, les mauvais traitements qu’il reçoit, lui rappellent qu’il a détruit des
stoupas et commis les cinq actes aux conséquences immédiates. Se souvenant de ce
karma, il pense : “Où dois-je aller ? Qui peut me protéger ?” Déprimé, il se dit
: “Puisqu’ici je n’ai aucun protecteur, je vais aller au sommet d’une montagne
ou au fond d’un ravin pour mettre fin à mes jours. Puisque j’ai commis de
mauvaises actions, Toujours, je serai comme un tronc calciné.
Point de beauté dans ce monde, Et dans
l’autre, point non plus.
A
l’intérieur du foyer, point de beauté, A l’extérieur, point non plus. Les
erreurs commises, en raison des souillures, Me conduiront vers de mauvaises
destinées.
Dans d’autres vies, je
devrai souffrir aussi, Quelle que soit le mauvais lieu où j’habite.” Alors qu'il
sanglotait étranglé par les larmes, Même les dieux l’entendirent gémir :
– Hélas ! l'autre monde est sans espoir,
Vers une mauvaise destinée, je me dirige.
Les dieux lui dirent :
– Sot qui pense ainsi, Laisse tomber ta peine et va !
– J'ai tué père, j'ai tué mère,
J'ai commis les cinq actes illimités ; Pour moi donc, ni refuge, ni compagnie,
La souffrance est mon avenir. Je vais au sommet de la montagne Me débarrasser de
mon corps.
– Sot, ne pars pas !
Avec cet esprit porté au mal Tu as commis de nombreuses fautes. Ne commets pas
celle-là !
Qui se fait du mal à
soi-même Ira dans les enfers de souffrance. Se lamentant et pleurant de chagrin,
Au sol, il s'effondrera.
Par cet
effort, il ne sera pas Eveillé, Ni ne deviendra un bodhisattva. Il n'accèdera
même pas à l'état d'auditeur. Cultive un autre effort, Va sur cette montagne où
vit un sage.
Après y être allé et
avoir vu la grandeur de ce sage, Il s’inclina à ses pieds.
– Saint être, soyez mon refuge !
Je suis poursuivi par la peur, par le
malheur. Sage, essence des êtres, je vous en prie, écoutez mes paroles !
Asseyez-vous, accordez-moi une pensée.
Expliquez la sainte doctrine, au moins un instant. Je suis
accablé par la peur et la douleur, Je vous en prie, asseyez-vous un moment.
Laissez-moi confesser mes nombreuses fautes. Sage, je vous en prie, parlez-moi !
Le sage déclara :
– Tu pleures de douleur, tu es accablé
de chagrin, Tu souffres de la faim et de la soif, Sans espoir, tu erres dans les
trois mondes, Aussi, mange la nourriture qui t’est donnée.
Et pour rassasier son corps, Le sage lui
donna à manger.
– Après avoir
goûté à cet met délicieux, Tout être en serait réjoui. Je t'expliquerai ensuite
La doctrine qui efface toutes les fautes.
En un instant l’homme avala ce met succulent. Après avoir
mangé, il se lava les mains Et marcha autour du sage. Puis il s’assit jambes
croisées Et révéla les fautes qu’il avait commises.
– J’ai tué père, j’ai tué mère, J’ai détruit des stoupas.
J’ai gêné un bodhisattva Dans son accession vers l’éveil.
Après avoir entendu ces paroles, Le sage
dit à cet homme :
– Si tu as
commis des fautes, Malheureux, tu n’es pas vertueux. Confesse les actions
nuisibles Que tu as commises ou suscitées.
Alors, à ce moment, torturé par d’atroces douleurs,
annihilé par la peur, il dit au sage :
– Qui sera mon protecteur ? Puisque j’ai commis des fautes,
Je devrai endurer des souffrances.
Il plaça alors les deux genoux au sol et dit au sage :
– Je confesse toutes les fautes
Que j’ai commises ou suscitées. Puissent-elles ne pas produire de mauvais
effets. Puissé-je ne pas endurer de souffrances.
Sage, puisque je suis à vos côtés, Vous êtes devenu mon
refuge. Eliminez mon karma négatif, Pour que je sois repenti et pacifié. Le sage
dit à alors cet homme pour le réconforter :
– Homme, je serai ton refuge. Je serai ton support. Je
serai ton soutien. Aussi, écoute la doctrine en ma présence, ne crains rien.
Aurais-tu déjà entendu au moins quelques mots d’une instruction appelée Sanghata
?
– Non, sage, je n’en ai rien
entendu.
– Seul celui qui
enseigne la doctrine aux êtres demeurant dans la compassion, enseignera la
doctrine a un homme brûlé.
Enfant
de la lignée, écoute encore ! Jadis, il y a immensément longtemps, voici
d’innombrables périodes cosmiques, vivait un roi de la doctrine, détenteur de la
doctrine nommé Vimalachandra. Enfant de la lignée, unfils naquit dans la
maisonnée du roi Vimalachandra. Aussi, le grand roi Vimalachandra réunit les
brahmanes devins et leur demanda :
– Brahmanes, quels signes voyez-vous chez cet enfant ?
– Grand roi, ils ne sont pas
positifs, répondirent les brahmanes devins. Cet enfant qui vient de naître n’est
pas vertueux.
– Brahmanes,
qu’adviendra-t-il de lui ? demanda le roi.
– O Roi, dirent les devins, si cet enfant atteint l’âge de
sept ans, il nuira au corps de son père et de sa mère.
– Qu’importe, fit le roi. Même s’il est
un obstacle à ma vie, je ne tuerai pas mon fils ! La naissance d’une vie humaine
dans ce monde est rarement acquise, aussi ne nuirai-je pas au corps d’un être
humain, quel qu’il soit.
L’enfant
grandit rapidement. A l’âge d’un mois, il était aussi grand qu’un enfant de deux
ans.
Par la suite, le roi
Vimalachandra comprit que le karma qu’il avait lui-même accumulé favorisait la
croissance de cet enfant.
Le roi
remit alors sa couronne à l’enfant et lui dit :
– Deviens un roi célèbre, doté d’un grand royaume. Exerce
ton pouvoir selon la doctrine, pas selon ce qui ne l'est pas.
Après lui avoir remis sa couronne, il
lui conféra donc le titre de “roi”. Et, le roi Vimalachandra cessa de gouverner
son propre pays. Des millions de ministres se rendirent alors sur le lieu où
résidait le roi Vimalachandra et s’adressèrent à lui :
– O grand roi, comment se fait-il que
vous ne gouverniez plus votre propre pays ?
– Malgré les innombrables périodes cosmiques pendant
lesquelles j’ai gouverné en roi riche et puissant, je n’ai jamais connu la
moindre satisfaction.
Alors, à ce
moment-là, avant que grand temps ne s’écoule, l’enfant tua père et mère,
accumulant ainsi le karma des cinq actes aux conséquences immédiates.
– Homme, je me
rappelle aussi l’époque où la souffrance envahit ce roi. Pris de remords, il
sanglotait, étranglé par les larmes. Je développai des pensées de grande
compassion pour lui et, me rendant sur les lieux, je lui enseignai la doctrine.
Après avoir, lui aussi, entendu la doctrine, il fut rapidement purifié de ces
cinq actes aux conséquences immédiates, sans résidu aucun.
Ces grands ascètes qui entendent
l’instruction de Sanghata, le roi des soutras, atteindront la source sans égale
de la doctrine, la purification de toute faute et l’apaisement de toute passion.
– Ecoute bien ! Je vais exposer
Les instructions qui libèrent rapidement.
En expliquant une seule strophe de quatre lignes
Dans un flot continu, Quiconque s’étant
purifié de toutes les fautes, Entrera dans le courant Et sera libéré de toute
faute. En disant cela, en prononçant ces aphorismes, L'esprit (délivré) des
chaînes des enfers, Les êtres se libéreront de la souffrance.
Puis l’homme se leva de son siège Et,
les mains jointes, Inclina la tête Et approuva en disant : “Excellent !
– Excellents, les amis spirituels,
Excellents, ceux qui enseignent la grande méthode, Le Discours de Sanghata qui
annihile toute peur, Excellents également, ceux qui l’entendent.”
A ce moment même, à cet instant, dans
l’espace supérieur, douze mille fils de dieux, les mains jointes, arrivèrent
devant le sage et se prosternèrent à ses pieds, disant :
– Vainqueur transcendant, grand ascète,
jusqu’à quand remonte votre connaissance ?
Quatre millions de rois nagas et dix-huit mille rois
yakshas, les mains jointes apparurent aussi devant le sage et, s’inclinant avec
respect, demandèrent à leur tour :
– Grand être, jusqu’à quand remonte votre connaissance ?
– A des milliards de millions de
périodes cosmiques immesurables.
– Quelle est l’action vertueuse capable d’annihiler instantanément ce karma
négatif ?
– Le fait d’entendre
l’instruction de Sanghata. Parmi les êtres ici assemblés, il est prédit que tous
ceux qui éprouvèrent de la confiance en entendant cette instruction, obtiendront
l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Par la simple audition de cette
instruction appelée Sanghata, les personnes qui ont commis les cinq actes aux
conséquences immédiates, épuiseront instantanément tout le karma lié à ces cinq
actes, ils en seront totalement purifiés. Pendant des milliards de millions de
périodes cosmiques immesurables, les portes des mauvaises destinées seront
fermées, les trente-deux portes des mondes des dieux seront ouvertes.
S’il en est ainsi pour les racines de
bien de quiconque entend une simple strophe de quatre lignes de cette
instruction de Sanghata, que dire alors de quiconque l’honore et la vénère en
offrant fleurs, encens, parfums, guirlandes de fleurs, onguents, poudres
aromatiques, robes, ombrelles, bannières, drapeaux, battements de cymbales, ou
l’approuve et s’en réjouit une seule fois en disant : “Excellent, excellent est
cet exposé.” ?
Alors, s’adressant
au Vainqueur transcendant, le bodhisattva, le grand être Sarvashura demanda :
– Vainqueur transcendant, et si
quelqu’un joint les mains lorsque l’instruction de Sanghata est donnée, quelle
masse de mérites produit celui qui s’incline simplement en joignant les mains ?
– Enfant de la lignée, écoute !
Si, quelqu’un qui a commis les cinq actes aux conséquences immédiates, les a
suscités ou s’en est réjoui, purifie entièrement le karma négatif de ces cinq
actes en joignant les mains et en se prosternant lorsqu’il entend une simple
strophe de quatre lignes de l’instruction de Sanghata, Sarvashura, que dire
alors de celui qui entend cette instruction de Sanghata au long jusqu’à la fin ?
Il produira une masse de mérites bien plus grande que le précédent. Enfant de la
lignée, pour rendre le sens de ce Discours de Sanghata plus explicite, je vais
te donner un exemple. Sarvashura, c’est ainsi :
imagine depuis Anavatapta - le palais du roi naga, où le
soleil ne brille jamais - que coulent cinq grands fleuves. Si un être humain
comptait les gouttes d’eau de ces cinq grands fleuves, Sarvashura, pourrait-il
aboutir ?
– Non, Vainqueur
transcendant, il ne le pourrait.
– De même, Sarvashura, il est impossible d’aboutir en comptant les racines de
bien de l’instruction de Sanghata durant cent périodes cosmiques, voire des
milliers de périodes cosmiques. Sarvashura, si tu te demandes pourquoi il en est
ainsi, celui qui dispense cette instruction de Sanghata même un instant,
affronte-t-il des épreuves ?
–
Oui, Vainqueur transcendant, il affronte des épreuves.
– Sarvashura, quiconque sera à même de
dispenser cette instruction de Sanghata affronte des épreuves bien plus grandes.
Il en est ainsi : par exemple, il est impossible d’aboutir en comptant les
gouttes des cinq grands fleuves provenant du lac d’Anavatapta.
– Vainqueur transcendant, quels sont ces
cinq grands fleuves ?
– Le Gange,
le Sita, le Vakshu, le Yamuna et le Chandrabhaga sont les cinq grands fleuves
qui se jettent dans l’océan. Chacun de ces cinq grands fleuves est accompagné de
cinq cents rivières. Sarvashura, chacun de ces cinq grands fleuves arrive du
ciel en compagnie de mille rivières et, grâce à elles, les êtres sont
satisfaits.
– Quelles sont ces
mille rivières qui les accompagnent ?
– Mille rivières qui les accompagnent sont appelées Sundari,
mille rivières qui les accompagnent sont appelées Shamkha, mille rivières qui
les accompagnent sont appelées Vahanti, mille rivières qui les accompagnent sont
appelées Chitrasena, et mille rivières qui les accompagnent sont appelées
Dharmavritta.
Ainsi, Sarvashura,
ces grands fleuves sont chacun dotés de mille rivières qui les accompagnent et
se déversent sur Jambudvipa en une ondée continuelle. Sarvashura, chaque fois
que coulent ces flots d’eau de pluie, ils font pousser les fleurs, les fruits et
les récoltes. Chaque fois que les flots de pluie se déversent sur Jambudvipa,
ils produisent de l’eau. Grâce à cette production d’eau, tous les champs et les
jardins regorgent d’eau et baignent dans le bonheur.
Sarvashura, c’est ainsi par exemple : comme le seigneur des
êtres fait régner le bonheur sur tout Jambudvipa, de façon analogue, Sarvashura,
cette instruction de Sanghata est dispensée sur Jambudvipa pour le bien et le
bonheur de nombreux êtres.
La
durée de vie humaine n’égale pas la longévité des dieux Trente-trois. Sarvashura,
si tu t’interroges qui sont les dieux Trente-trois, sache que sont appelés les
dieux Trente-trois ceux qui demeurent avec Indra, le seigneur des dieux.
Sarvashura, quiconque s’applique à une bonne conduite verbale y demeure aussi,
et on ne peut davantage exprimer leur masse de mérites au moyen d’une analogie.
Il est aussi des êtres qui s’engagent dans la mauvaise conduite verbale, et
leurs renaissances infernales ou animales ne peuvent s’exprimer en termes
d’analogie. Ces êtres qui vont endurer les souffrances des créatures infernales,
des animaux et des esprits avides n’ont aucun refuge. Tous leurs espoirs brisés,
ils se répandent en lamentations et chutent dans les enfers ; ils sont sous
l’influence d’amis non vertueux.
Quant aux êtres qui ont cultivé la bonne conduite verbale et dont la masse
de mérites ne peut s’exprimer par
une analogie, ils sont sous l’influence d’amis vertueux. Voyant un ami vertueux,
on voit un Ainsi-allé. Et voyant un Ainsi-allé, toutes fautes seront purifiées.
Lorsque le seigneur des êtres fait régner la joie sur Jambudvipa, le bonheur des
êtres ne peut s’exprimer au moyen d’une analogie.
De même, Sarvashura, cette instruction de Sanghata joue le
rôle d’un Eveillé pour les êtres de Jambudvipa. Ceux qui n’entendent pas cette
instruction de Sanghata ne peuvent s’éveiller à la plénitude parfaite et
inégalable. Ils ne peuvent tourner la roue de l'enseignement. Ils ne peuvent
faire retentir le tambour de la doctrine. Ils ne peuvent s’asseoir sur le trône
des lions du dharma. Ils ne peuvent entrer dans la sphère de l’au- delà des
peines. Ils ne peuvent illuminer d’une infinité de rayons lumineux. Sarvashura,
de façon analogue, ceux qui n’entendent pas cette instruction de Sanghata ne
peuvent pas davantage siéger au cœur de l’éveil.
– Vainqueur transcendant, puis-je vous interroger sur une
certaine merveille ? Allé en félicité, puis-je vous interroger sur une certaine
merveille ?
– Sarvashura,
interroge-moi sur ce qui te plaira et je dissiperai tes doutes.
– Ce sage, grâce auquel ces êtres ont
été libérés du karma des cinq actes aux conséquences immédiates, puis placés un
à un au stade du non-retour, qui est-il ?
Le Vainqueur transcendant répondit :
– Les mots des Eveillés sont profonds,
Sarvashura, écoute-moi !
Le
maître du Discours de Sanghata expose la doctrine En prenant la forme d'un sage.
Par compassion, il enseigne (Au moyen) des corps des Eveillés.
Il révèle des formes égalant en nombre
Les grains de sable du Gange. Les Eveillés montrent des formes, Qui,
elles-mêmes, révèlent la doctrine.
Pour qui désire voir un Eveillé Le Sanghata équivaut à un
Eveillé. Là où est le Sanghata Se trouve toujours l'Eveillé.
– Enfant de la lignée, écoute !
Sarvashura, il y a bien longtemps, quatrevingt-dix-neuf périodes cosmiques
auparavant, apparurent douze millions d'Eveillés. Lorsqu’apparut l'Ainsi-allé
nommé Ratnottama, je devins un important donateur et je vénérai ces douze
millions d'Eveillés nommés Chandra en leur présentant nourritures, boissons,
parfums, guirlandes de fleurs et onguents excellents, tout ce qu'ils aimaient et
favorisait leur bien-être. Après les avoir ainsi honorés, je me souviens avoir
entendu une prophétie sur l'éveil insurpassable et parfaitement accompli.
Sarvashura, je me souviens qu'apparurent
dix-huit millions d'Eveillés nommés Ratnavabhasa.
A cette époque-là aussi, j’étais devenu un important
donateur et j’adorai ces dix-huit millions d'Ainsi-allés nommés Garbhasena avec
des fleurs, des onguents, des ornements et des parures adaptés à chacun. Puis,
je me souviens avoir entendu une prophétie sur l'éveil insurpassable et
parfaitement accompli.
Sarvashura,
je me souviens de vingt millions d'Eveillés, et chacun de ces Ainsi-allés,
Destructeurs-de- l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se nommait
Shikhisambhava.
Sarvashura, je me
souviens de vingt millions d'Eveillés, et chacun de ces Ainsi-allés,
Destructeurs-de- l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se nommait Kashyapa.
A cette époque-là aussi, j’étais devenu un important donateur et j‘adorai ces
Ainsi-allés avec du parfum, des guirlandes de fleurs et des onguents, puis je
les honorai comme on doit honorer les Ainsiallés. Et, là encore, je fus
prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
Sarvashura, apparurent ensuite seize
millions d'Eveillés nommés Vimalaprabhasa. A cette époque-là, j'étais un maître
de maison riche de biens et de possessions. Donnant généreusement tout ce que je
possédais, j’adorai ces seize millions d'Eveillés avec des étoffes pour
s'asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs, des onguents et
des couvertures, comme on doit honorer les Ainsi-allés.
A ce moment-là, je m'en souviens, je fus
prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Toutefois le
moment et les conditions de cette prédiction n’étaient pas encore apparus.
Sarvashura, écoute !
Quatre-vingt-quinze millions d'Eveillés apparurent dans le monde. Chacun de ces
Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis se
nommait Shakyamuni.
A cette
époque- là, j'étais un roi de la doctrine, détenteur de la doctrine et j'adorai
ces quatre-vingt-quinze millions d'Ainsi-allés nommés Shakyamuni avec des
parfums, des guirlandes des fleurs, des étoffes pour s'asseoir, des vêtements,
des encens, des bannières et des drapeaux. A cette époque-là, je m'en souviens,
je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
Sarvashura, dans le monde apparurent
quatre-vingt-dix millions d'Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés
parfaitement accomplis nommés Krakucchanda.
A cette époque-là, j'étais un jeune et riche brahmanepourvu
de nombreux biens et possessions. Donnant généreusement tout ce que je
possédais, j’adorai tous ces Ainsi-allés avec des parfums, des guirlandes de
fleurs, des onguents, des étoffes pour s'asseoir, des vêtements. Ayant
respectueusement honoré ces Ainsi-allés, selon ce qui convient à chacun, à ce
moment-là, je m'en souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et
pleinement accompli.
Toutefois,
je n’apparus pas au moment et selon les conditions de cette prédiction.
Sarvashura, dix-huit millions d'Eveillés apparurent dans le monde, et chacun de
ces Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis se
nommait Kanakamuni.
A cette
époque-là, j’étais devenu un important donateur, j’adorai tous ces Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés parfaitement accomplis avec des parfums, des
guirlandes de fleurs, des onguents, des étoffes pour s'asseoir et des ornements.
Je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés et, à ce moment-là, je m'en
souviens, je fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
Mais le moment et les conditions prédits n’étaient pas apparus.
Sarvashura, treize millions d'Eveillés
apparurent dans le monde, et tous ces Ainsi-allés, Destructeurs-de- l'ennemi,
Eveillés pleinement accomplis se nommaient Avabhasashri. J’adorai ces
Ainsi-allés, Destructeurs-de- l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis avec des
étoffes pour s’asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs,
des onguents, des couvertures et des ornements. Je les honorai comme on doit
honorer les Ainsi-allés. Ces Ainsi-allés exposèrent diverses approches de la
doctrine définissant la discipline et le sens.
A ce moment-là aussi, je m’en souviens, je fus prophétisé
pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Mais là encore, le moment et
les conditions prédits n’étaient pas apparus.
Sarvashura, vingt-cinq millions d'Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis, nommés Pushya,
apparurent dans le monde. En ce temps-là, j’étais un renonçant qui adora ces
Ainsi-allés. Comme actuellement Ananda me vénère, je vénérai ces Ainsi-allés et
fus prophétisé pour l’éveil insurpassable et pleinement accompli. Je m’en
souviens mais, là encore, le moment prédit n’étais pas apparu.
Sarvashura, douze millions
d'Ainsi-allés, Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis, nommés
Vipashyin, apparurent dans le monde. J’adorai ces Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis avec des étoffes pour
s’asseoir, des vêtements, des parfums, des guirlandes de fleurs et des onguents.
Je les honorai comme on doit honorer les Ainsi-allés. De ce temps, j’étais un
renonçant et je me souviens avoir alors obtenu une prophétie de l’éveil
insurpassable et pleinement accompli. Peu après, le dernier Vipashyin qui
apparut expliqua cette instruction de Sanghata que je connaissais. Une pluie des
sept substances précieuses se déversa alors sur Jambudvipa. Pour les habitants
de Jambudvipa, la pauvreté disparut et, à ce moment-là, je fus prophétisé pour
l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
Après cela, pendant longtemps, je ne fus plus prophétisé.
– Quelle période était-ce ?
Quelle condition était-ce ?
–
Sarvashura, écoute ! Une période cosmique immesurable plus tard, l'Ainsi-allé,
Destructeur-de- l'ennemi, Eveillé pleinement accompli Dipamkara apparut dans le
monde et, en ce temps-là, j’étais un enfant brahmane nommé Megha.
A cette époque, lorsque l'Ainsi-allé
Dipamkara apparut dans le monde, je m’entraînais à la pureté sous la forme d’un
jeune brahmane. Après avoir vu l'Ainsi-allé Dipamkara, je lançai sept fleurs
utpala en les dédiant à l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
L'Ainsi-allé me fit alors cette prédiction :
“Jeune brahmane, dans le futur, dans une période cosmique
immesurable, tu apparaîtras en ce monde comme l'Ainsi- allé,
Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé pleinement accompli nommé Shakyamuni.”
Sarvashura, après cela, je m’assis au
milieu de l’espace, à une hauteur de douze arbres palmyra et obtins l’état de
tolérance en rapport avec les phénomènes sans production. Comme si c’était hier
ou aujourd’hui, je me
souviens
clairement de toutes ces racines de bien issues du temps où, pendant
d’innombrables périodes cosmiques, je m’entraînais à la pureté et possédais les
perfections.
Et, Sarvashura, si
après cela j’ai conduit, un à un, d’innombrables milliards d’êtres à la sainte
doctrine, Sarvashura, maintenant que je me suis directement éveillé à la
plénitude insurpassable et parfaitement accomplie, est-il besoin de dire combien
je désire œuvrer au bien de tous les êtres ?
Sarvashura, j’enseigne la doctrine aux êtres sous de
nombreux aspects. Quelle que soit la forme (à adopter) pour les discipliner,
j’enseigne la doctrine aux êtres sous cette forme. Dans le monde des dieux,
j’enseigne la doctrine sous la forme d’un dieu.
Dans le monde des esprits-serpents, j’enseigne la doctrine
sous la forme d’un esprit-serpent.
Dans le monde des yakshas, j’enseigne la doctrine sous la
forme d’un yaksha.
Dans le monde
des esprits avides, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un esprit avide.
Dans le monde humain, j’enseigne
la doctrine sous une forme humaine. Aux êtres qui doivent être guidés par un
Eveillé, j’enseigne la doctrine sous la forme d’un Eveillé. Aux êtres qui
doivent être guidés par un bodhisattva, j’enseigne la doctrine sous la forme
d’un bodhisattva. Quelle que soit la forme par laquelle les êtres doivent être
guidés, j’enseigne la doctrine précisément sous la forme qui leur correspond.
Ainsi, Sarvashura, j’enseigne la doctrine sous de nombreux aspects.
Si l’on se demande quelle en est la
raison, Sarvashura, sache que les êtres entendent la doctrine sous de nombreux
aspects, produiront des racines de bien de diverses manières : pratiquant la
générosité, créant des mérites, s’abstenant même de dormir pour leur propre
bien, méditant aussi sur le souvenir de la mort. Ils accompliront ainsi toutes
sortes d’actions vertueuses qu’il convient d'accomplir. En entendant la
doctrine, ils se souviendront des racines de bien antérieures. A long terme,
cela servira les objectifs, le bien et le bonheur des dieux et des humains.
Sarvashura, ceci étant, dès que
l’on entend l’instruction de Sanghata, les qualités et les bienfaits deviennent
incommensurables.
Alors, ces
êtres se diront mutuellement la chose suivante : “Selon ce qui a été fait et
accumulé, il doit y avoir d'autres fructifications de la vertueuse doctrine que
de directement et complètement s’éveiller à la plénitude insurpassable et
parfaitement accomplie, et vouloir le bien de tous les êtres.”
Pour ceux qui confiants dans la doctrine
disent : “Il est une doctrine qui s'accorde parfaitement à la réalité des
choses”, la grande fructification de leur bonheur sera le bonheur insurpassable
de la doctrine. Pour les des êtres puérils et ignorants qui disent : “Il n'y a
pas de doctrine, on ne peut pas aller aux profondeurs de la doctrine”, la grande
fructification sera de se diriger vers de mauvaises destinées. Ils se
destineront sans cesse aux mondes inférieurs. Pendant huit périodes cosmiques,
ils connaîtront les sensations de souffrance des enfers des damnés. Pendant
douze périodes cosmiques, ils connaîtront les sensations de souffrance dans les
contrées des esprits avides. Pendant seize périodes cosmiques, ils renaîtront
parmi les dieux jaloux. Pendant neuf mille périodes cosmiques, ils renaîtront
parmi les esprits élémentaux et les ogres. Pendant quatorze mille périodes
cosmiques, ils seront privés de langue. Pendant seize mille périodes cosmiques,
ils mourront dans la matrice de leur mère. Pendant douze mille périodes
cosmiques, ils deviendront des boules de chair. Pendant onze mille périodes
cosmiques, ils connaîtront les sensations de souffrance de naître aveugles.
Leurs parents penseront : “Nous
avons souffert en vain ! La naissance de notre fils était inutile ! Les neuf
mois de gestation dans la matrice n’ont servi à rien !” Ils connaîtront les
sensations de froid et de chaud et souffriront intensément de la faim et de la
soif. Ils connaîtront également maintes souffrances au cours de cette vie. Même
si les parents voient naître un fils dans leur foyer, ils ne connaîtront pas la
joie et leurs espoirs seront totalement brisés.
Ainsi, Sarvashura, les êtres qui rejettent la sainte
doctrine se destinent à des renaissances infernales et animales.
Au moment de leur mort, les grandes
flèches de la détresse les transperceront.
Sarvashura, ceux qui profèrent des paroles telles que : “Il
y a la doctrine. Il y en a qui vont aux profondeurs de la doctrine”, par cette
racine de bien renaîtront au nord, à Uttarakuru, pendant vingt périodes
cosmiques. Ils renaîtront dans la communauté des dieux Trente-trois, pendant
vingt-cinq périodes cosmiques. Puis ils chuteront du ciel des dieux Trente-trois
et renaîtront de nouveau à Uttarakuru. Ils ne renaîtront pas de la matrice d’une
mère. Ils verront cent mille mondes. Percevant tous les champs d'Eveillés qui
portent le nom de Sukhavati, il s’y établiront et s’éveilleront à la parfaite
plénitude en ces lieux.
Sarvashura, la grande efficacité de cette instruction de Sanghata réside en ceci
: ceux qui placent leur confiance en elle, ne mourront jamais d’un revers de
fortune. Ils seront dotés d’une éthique pure.
Sarvashura, il existe des êtres qui s'expriment ainsi :
“Jour et nuit, l'Ainsi-allé libère de nombreux êtres. Pourtant, malgré cela,
l’univers des êtres ne diminue pas. Nombreux sont ceux qui se dirigent vers
l’éveil. Nombreux sont ceux qui renaissent dans le monde céleste. Nombreux sont
ceux qui parviennent au bonheur. Pourquoi alors, les êtres ne diminuent-ils pas
?”
Les Passeurs, les ritualistes,
les ascètes errants et les jaïns eurent alors cette pensée : “Et si nous allions
débattre avec l’ascète Gautama !” Sur ce, les quatre-vingt-quatre mille
Passeurs, ritualistes, ascètes errants et des centaines de jaïns se dirigèrent
là-bas, dans la grande cité de Rajagriha. Alors, à ce moment-là, le Vainqueur
transcendant sourit. Le bodhisattva, le grand être Maitreya se leva de son
siège, remonta sa robe supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol
et, s’inclinant les mains jointes devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à
lui :
– Vainqueur transcendant,
quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ? Les Ainsi-allés,
Destructeurs-de-l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis ne montrent pas un
sourire sans cause ni sans raison.
– Fils de la lignée, écoute ! Aujourd’hui un important
rassemblement aura lieu dans cette grande cité de Rajagriha.
– Vainqueur transcendant, qui y viendra
? Des dieux, des esprits-serpents, des yakshas ? Des êtres humains ou non
humains ?
– Maitreya, tous –
dieux, esprits-serpents, yakshas, humains, non-humains – arriveront aujourd’hui.
Quatre-vingt-quatre mille brahmanes viendront aussi, ainsi que neuf milliards de
Passeurs, de ritualistes, d'ascètes errants et de jaïns. Tous viendront débattre
avec moi et j’exposerai la doctrine pour faire taire tous les débats. Tous les
brahmanes engendreront la pensée de l’éveil suprême et parfaitement accompli.
Les neuf milliards de sectaires, d’ascètes errants, d’adeptes mendiants et
d’incroyants obtiendront le fruit de l’entrée dans le courant. Dix huit
milliards de rois nagas viendront et entendront la doctrine par moi révélée.
L’ayant entendue, tous produiront la pensée de l’éveil suprême et parfaitement
accompli. Soixante milliards de fils de dieux célestes viendront. Mara le
malveillant viendra aussi avec trente-deux milliards de servants. Douze
milliards de rois asuras viendront. Des rois, au nombre de cinq cents, viendront
avec leur suite afin d’écouter la doctrine. Après l’avoir entendue en ma
présence, ils produiront tous la pensée de l’éveil suprême et parfaitement
accompli.
Puis, le bodhisattva, le grand être Maitreya, après avoir, de sa tête, honoré
les pieds du Vainqueur transcendant, et circumambulé par trois fois, disparut
sur le champ.
Alors, le
bodhisattva, le grand être Sarvashura, se leva de son siège, remonta sa robe
supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s’inclinant les mains
jointes en direction du Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :
– Vainqueur transcendant, les rois au
nombre de cinq cents, comment se nomment-ils ?
– Sarvashura, écoute ! Il y a le roi nommé Nanda, le roi
nommé Sunanda, le roi nommé Upananda, le roi nommé Jinarsabha, le roi nommé
Brahmasena, le roi nommé Brahmaghosha, le roi nommé Sudarshana, le roi nommé
Jayasena, le roi nommé Nandasena, le roi nommé Bimbisara, le roi nommé
Prasenajit, et le roi nommé Virudhaka.
A leur suite, se trouvent les rois au nombre de cinq cents.
Chacun d’eux est accompagné d’un billion de servants. Tous, à l’exception du roi
Virudhaka, se sont mis en route vers l’éveil insurpassable et pleinement
accompli. Trente milliards de bodhisattvas viennent de l’est. Cinquante
milliards de bodhisattvas viennent du sud. Soixante milliards de bodhisattvas
viennent de l’ouest. Quatre milliards de bodhisattvas viennent du nord.
Quatre-vingt-dix milliards de bodhisattvas viennent du nadir. Cent milliards de
bodhisattvas viennent du zénith. Tous sont établis dans les dix terres.
Puis, afin de voir le Vainqueur
transcendant, tous ces bodhisattvas approchèrent de la grande cité de Rajagriha,
où se trouvait le Vainqueur transcendant. Tous ces bodhisattvas s'étaient mis en
route vers l’éveil insurpassable et pleinement accompli.
Ensuite, le Vainqueur transcendant
s’adressa au bodhisattva, le grand être Sarvashura :
– Sarvashura, va dans les mondes des dix directions et
parle ainsi à tous les bodhisattvas : “Aujourd’hui, le Vainqueur transcendant,
enseigne la doctrine dans la grande cité de Rajagriha. Par conséquent, vous
tous, qui demeurez dans les mondes des dix directions, rendez-lui hommage les
mains jointes.” Lance cet appel brièvement et reviens aussitôt écouter la
doctrine.
Sur ce, le bodhisattva,
le grand être Sarvashura, se leva de son siège, honora de la tête les pieds du
Vainqueur transcendant, marcha par trois fois autour du Vainqueur transcendant
et disparut au moyen de ses pouvoirs miraculeux.
Le bodhisattva, le grand être Sarvashura se rendit ensuite
dans les mondes des directions pour annoncer aux bodhisattvas :
“Aujourd’hui, l'Ainsi-allé Shakyamuni,
le Destructeur-de-l'ennemi, l'Eveillé parfaitement accompli expose la doctrine
dans la grande cité de Rajagriha. Aussi, manifestez tous votre approbation et,
aujourd’hui même, vous en retirerez un grand bienfait et un grand bonheur.”
Après être allé dans les mondes
des dix directions, avoir vénéré tous les Eveillés et s’être adressé aux
bodhisattvas, comme en un claquement de doigt d’homme puissant, le bodhisattva,
le grand être Sarvashura revint en cet instant dans la grande cité de Rajagriha
pour se présenter devant le Vainqueur transcendant. Tous les brahmanes,
Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns étaient assemblés. De nombreux
dieux, esprits- serpents, yakshas, humains, et des rois au nombre de cinq cents,
y étaient aussi avec leurs adeptes. Trente-trois milliards de maras, de
malfaisants, y étaient aussi avec leurs servants.
A ce moment-là, la grande cité de Rajagriha se mit à
trembler. Dans les mondes des dix directions une poudre de santal céleste se
déversa et une pluie de fleurs célestes tomba, formant un pavillon sur
l’interstice de la tête du Vainqueur transcendant. A cet instant, Indra, le chef
des dieux, frappa un diamant foudre devant l'Ainsi- allé.
A ce moment, quatre grands vents
violents soufflèrent dans les quatre directions. Ils balayèrent de la grande
cité de Rajagriha les saletés, la poussière et le sable qui s’y trouvaient. Une
pluie parfumée se répandit dans les mondes des dix directions. Une pluie de
lotus utpala, kumuda, pundarika tomba dans les mondes des dix directions, et
toutes ces fleurs, telles des ombrelles, demeurèrent au-dessus de la tête de ces
êtres. Quatre-vingt- quatre mille pavillons se formèrent dans le ciel, au-dessus
de la tête de l'Ainsi-allé. Dans ces quatre-vingt-quatre mille pavillons de
fleurs, se trouvaient quatre-vingt-quatre mille sièges faits des sept substances
précieuses. Sur chacun des sièges, un Ainsi-allé exposait la doctrine. Alors, le
trichilio mégachiliocosme trembla six fois.
Puis, le bodhisattva, le grand être Sarvashura, joignant
respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, s’adressa à lui :
– Vainqueur transcendant, quelle
est la cause, quelle est la raison pour que tels prodiges aient lieu dans la
grande cité de Rajagriha ?
Le
Vainqueur transcendant répondit :
– Imagine un homme instable, fluctuant, orgueilleux,
égoïste et très pauvre, qui se présente avec arrogance aux grilles du palais
royal et veut entrer de force, désirant une onction du roi sur la tête. Les
ministres et intendants du roi saisissent alors cet homme et le rouent de coups.
Apprenant que ce pauvre homme désirait pénétrer en force, le roi a cette pensée
: “Cet individu avait manifestement l’intention de me tuer.”
En colère, le roi s’adresse ainsi à ses intendants :
“Allez, emmenez cet homme au bord d’un précipice et tuez-le !” Eliminez tout son
entourage : père, mère, fils, filles, servants, servantes et ouvriers. Ainsi,
tous sont assassinés. Tous les membres de sa famille et de son entourage sont
transpercés par les flèches de l’extrême douleur.
De façon analogue, Sarvashura, l'Ainsi-allé,
Destructeur-de-l'ennemi, Eveillé pleinement accompli enseigne la doctrine aux
êtres. A l’instar de cet homme orgueilleux, les êtres ordinaires et sots
appréhendent le physique, la complexion, le nom, la silhouette, les marques de
l'Ainsi-allé et en concluent qu’il s’agit du corps d’un Ainsi-allé. Ayant
entendu de nombreuses doctrines, ils tombent dans l'orgueil supérieur, tiennent
maints propos sans suite. Dominés par la saisie d'un “je” et la saisie d'un
“mien”, ils n’écoutent ni ne dispensent de telles doctrines. Si quelqu’un leur
explique un soutra, un verset, voire un simple exemple, ils ne le gardent ni ne
l’écoutent avec attention, prétendant le connaître déjà. Pour quelle raison ? A
cause de l’orgueil, ils sont infatués de ce savoir. Ainsi, ceux qui se lient à
des gens ordinaires et puérils, n’entendant pas les paroles qui ont trait à
l'enseignement, sont infatués de ce savoir. Les gens de cette sorte composent
leurs propres poèmes, écrivent leurs propres récits et ouvrages littéraires. Ils
abusent eux-mêmes et le monde entier. Inattentifs, ils consomment en abondance
les aumônes des habitants et, après les avoir mangées, ils les digèrent mal.
Au moment de la mort, possédés
par de grandes peurs, ces êtres diront alors : – Nombreux sont ceux à qui vous
avez enseigné l’apprentissage de métiers. Comment se fait-il que vous ne
puissiez vous y établir vous-même ?
Et il leur répondra :
– Mes amis, je ne peux m’y établir maintenant.
Alors, ces êtres se lamenteront de bien
des façons. Comme dans le cas de cette seule personne dont les actions ont
entraîné la mort d’un grand nombre de parents innocents. De même, en se
lamentant au moment de la mort, ces êtres se verront renaître dans les enfers ou
comme animaux, et ce, à cause d’amis non-vertueux. Aussi, je m’adresse à vous,
brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants, ne soyez pas infatués. De
même qu'un oiseau sans ailes ne peut s’envoler dans les airs pour atteindre le
monde des dieux, de même vous ne pouvez accéder à l’au-delà des peines. Ce
pouvoir miraculeux n'est pas en vous. Quel en est la raison ? Par les effets de
vos actions, vous êtes semblables à ceux qui naissent dans le ventre des poules.
Bientôt, votre corps, voué à la destruction, finira par mourir, et ce moment
sera pénible et angoissant. “Pourquoi avons-nous pris soin de ce corps ? Nous
qui ne connaîtrons ni le bonheur des dieux, ni celui du monde humain, et ne
demeurerons pas dans l’au-delà des peines. Nous avons pris soin de ce corps
inutilement. Quelle sera notre destinée future ? Qui sera
notre protecteur ? Où sera notre lieu de
naissance et de cessation ?
Le
Vainqueur transcendant s’adressa alors aux brahmanes, aux Passeurs, aux
ritualistes et aux ascètes errants :
– Ne désespérez pas de ce précieux Jambudvipa fait des sept
choses précieuses. Ne vous excluez pas du joyau de la doctrine. O amis,
interrogez l'Ainsi-allé selon votre désir. J’exaucerai tous vos souhaits.
Alors, brahmanes, Passeurs, ritualistes,
ascètes errants et jaïns, se levèrent de leur siège, se couvrirent l’épaule de
leur châle et, gardant les mains jointes, demandèrent au Vainqueur transcendant
:
– Jour et nuit, l'Ainsi-allé
libère de nombreux êtres du samsara, pourtant le monde des êtres ni ne diminue
ni ne se remplit. Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la
raison pour laquelle les êtres, tout en restant égaux, semblent naître et cesser
?
Le Vainqueur transcendant
s’adressa alors au bodhisattva Bhaishajyasena :
– Afin de dissiper le grand regret et d'allumer le flambeau
de la doctrine, les Passeurs ont revêtu la grande armure et posent de grandes
questions. Ultérieurement, les êtres jeunes et vieux connaîtront la naissance et
la destruction. Mais, Bhaishajyasena, il existe des êtres âgés qui, tels des
jeunes, ne savent rien. Bhaishajyasena, c’est comme si un homme se lavait la
tête, enfilait de nouveaux vêtements et sortait de chez lui. Les gens diraient
en s’adressant à lui : “Tu portes bien tes nouveaux habits.” Si une autre
personne se lavait la tête mais enfilait de vieux vêtements après les avoir
lavés, ils diraient : “Ces vêtements sont usés et laids. Cet homme a la tête
propre, mais sa tenue vestimentaire est négligée”. De façon analogue,
Bhaishajyasena, certains êtres âgés n’embellissent pas Jambudvipa. Par contre,
les jeunes manifestent la naissance et la cessation.
Brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns,
se levèrent de leur siège et s’adressèrent au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, lesquels
d’entre nous sont âgés ? Lesquels d’entre nous sont jeunes ?
–Agés sont ceux qui parmi vous ont
maintes et maintes fois vu les pénibles souffrances qu’endurent les damnés des
enfers, les animaux et les esprits avides, et ne sont toujours pas satisfaits.
Alors, les brahmanes, Passeurs
ritualistes, ascètes errants, jaïns et tous les rois nagas dirent au Vainqueur
transcendant :
– Vainqueur
transcendant, nous n'endureront plus les cuisantes souffrances du samsara.
Et ils ajoutèrent :
– Aucun des jeunes ne peut réaliser la
condition véritable.
Alors, le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, s’adressa ainsi au Vainqueur
transcendant :
– Vainqueur
transcendant, voyez combien il est difficile de susciter l’intérêt de ces êtres.
– Bhaishajyasena, écoute !
Maintenant, l'Ainsi-allé appréhende le monde tout entier.
Quatre-vingt-quatorze
milliards de jeunes se tenaient devant l'Ainsi-allé ; ils ne le saluaient, ni ne
lui adressaient la moindre parole.
Alors le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, demanda
au Vainqueur transcendant :
–
Vainqueur transcendant, ces êtres n’adressent aucune parole au Vainqueur
transcendant, ils ne le saluent ni ne le questionnent ; quelle en est la cause,
quelle en est la raison ?
–
Bhaishajyasena, écoute ! Occupe-toi de ces jeunes qui ne peuvent soidisant
réaliser la condition véritable.
– Vénérable Vainqueur transcendant, nous sommes les jeunes, répondirent ces
êtres. Vénérable Allé en félicité, nous sommes les jeunes.
– Etres, dit le Vainqueur transcendant,
comprenez correctement la réalité de ce monde et montrez-en l’étendue à partir
de votre propre corps.
Quatre-vingt-quatorze milliards de jeunes s'étaient dressés dans le ciel et,
lorsque leur corps se résorba, ils furent établis dans les dix terres.
Et le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena, de dire au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, ces êtres qui persévèrent dans
leurs pouvoirs ont bien mérité de gagner la cessation et l’épuisement du
samsara. Vainqueur transcendant, le jour même où ces êtres sont nés, ce jour-là,
ils furent libérés. Et on les a vus établis dans les dix terres.
Brahmanes, Passeurs, ritualistes,
ascètes errants, jaïns, les rois espritsserpents et Mara le malveillant,
accompagné de ses adeptes, étaient venus pour créer le trouble. S’adressant au
Vainqueur transcendant, ils dirent :
– Vainqueur transcendant, nous étions venus ici, en
présence du Vainqueur transcendant, pour créer le trouble. Vainqueur
transcendant, après avoir entendu cette instruction, nous avons désormais
confiance en l'Eveillé et en la doctrine. Aussi, Vainqueur transcendant,
désirons-nous obtenir le même bonheur d'Eveillé que celui du Vainqueur
transcendant. Dans le monde, nous voulons être semblables aux Ainsi-allés,
Destructeurs-de- l'ennemi, Eveillés pleinement accomplis.
– Qu’il en soit ainsi, nobles êtres,
qu’il en soit ainsi, répondit le Vainqueur transcendant. Puisque vous êtes venus
en présence de l'Ainsi-allé, le Destructeur-de-l'ennemi, l'Eveillé pleinement
accompli, que vous avez entendu l’instruction de Sanghata, vous avez développé
des pensées tournées vers l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Grâce
à cette racine de bien, nobles êtres, vous réaliserez rapidement l’éveil
insurpassable et parfaitement accompli.
Dès que le Vainqueur transcendant eut prononcé ces mots,
tous ces brahmanes, Passeurs, ritualistes, ascètes errants et jaïns obtinrent la
tolérance envers les phénomènes non nés, et tous devinrent des bodhisattvas
établis dans les dix terres.
Tous
ces bodhisattvas montèrent dans les airs à une hauteur de sept palmiers et
offrirent à l'Ainsi-allé des pavillons composés des sept substances précieuses,
et tous accomplirent des actes de transformation et de contrôle au moyen de
leurs pouvoirs miraculeux. Puis, se tenant au-dessus de la tête du Vainqueur
transcendant, ils l'honorèrent en lui lançant des fleurs variées. Ils
contemplèrent tous les Ainsi-allés.
Ils engendrèrent la notion d'Eveillé dans leur propre
corps.
Egalement, des centaines
de milliards de fils de dieux honorant l'Ainsi-allé, lui lancèrent des fleurs et
prononcèrent des mots comme :
“Gautama
l’ascète a une grande obtention, il est un grand champ, un sauveur du monde, il
est parvenu à faire naître le pouvoir du samadhi, il a la connaissance, il sait
comment délivrer les êtres du samsara, peu à peu, par l’expertise de ses
ressources. Par la vertu de cette seule bonne parole, il libère quantité d’êtres
du samsara.”
Alors, le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se leva de son siège, remonta sa robe
supérieure sur une épaule, plaça le genou droit au sol et, s'inclinant les mains
jointes devant le Vainqueur transcendant, il s'adressa à lui :
– Quelle est la cause, quelle est la
raison pour laquelle ces fils célestes prononcent de telles paroles,
accomplissent de tels miracles et louent le Vainqueur transcendant de tous ces
hymnes vertueux ?
– Fils de la
lignée, écoute ! Ils ne font pas mon éloge, mais celui de leur propre corps
qu'ils installeront sur le trône sacré de la doctrine. Les rayons de la doctrine
en émaneront et tous les Eveillés les soutiendront pour réaliser l'éveil
insurpassable et pleinement accompli, puis pour exposer la doctrine.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena, s'adressa au Vainqueur transcendant :
– Quantité d'êtres, vénérable Vainqueur transcendant,
quantité d'êtres, vénérable Allé en félicité, sont libérés nuit et jour.
Pourtant, aujourd'hui même, il n'y a aucun épuisement des êtres.
– Excellent, Bhaishajyasena, il est
excellent que tu penses qu’il est justifié de questionner l'Ainsi-allé sur ce
point. Ecoute Bhaishajyasena, il en est ainsi : imagine un homme opulent qui
possède de nombreux biens, une grande fortune, des richesses à profusion. Il
possède aussi argent et grain, coffres et greniers, servantes, serviteurs,
ouvriers et personnel en grande quantité. Il possède ainsi pléthore de
ressources, des champs et des jardins qui regorgent de richesses en céréales -
orge, blé, riz, sésame -, en fèves et haricots sauvages.
Au printemps, cet homme sèmera toute ses
réserves céréalières, qui mûriront au cours de la saison suivante. Une fois
arrivée à pleine maturité, la récolte sera moissonnée. Ensuite, l'homme prendra
les grains pour les stocker séparément et les garder en sa possession. Les ayant
engrangés, il ressèmera ces grains au printemps suivant.
De façon analogue, Bhaishajyasena, après
avoir accompli des actions vertueuses dans le passé, ces êtres n'ont de cesse,
ces actions épuisées, de planter à nouveau les racines de bien dans les champs
du mérite. Après les avoir engendrées, ils s'efforcent dans les qualités
vertueuses, font croître toutes les qualités puis se réjouissent et
s'enchantent. Bhaishajyasena, ces pensées de réjouissance et de ravissement font
que, pour des dizaines de milliards d'âges, (les qualités vertueuses) ne se
perdront pas. De même, Bhaishajyasena, pour le bodhisattva qui a engendré
initialement l'aspiration, jamais ses racines de bien ne se perdront. En bref,
il connaîtra toutes les qualités.
– Vainqueur transcendant, dans ses rêves, que perçoit le
bodhisattva qui a engendré l'aspiration initiale ?
– Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré
l'aspiration initiale perçoit de nombreuses peurs dans ses rêves. Pour quelle
raison ? Parce qu'il purifie toutes les actions, Bhaishajyasena, un être qui a
mal agi ne peut pas chasser les cuisantes souffrances, mais un mauvais rêve ne
l'effraie pas.
– Vainqueur
transcendant, quelles peurs le bodhisattva qui a engendré l'aspiration initiale
perçoit-il dans ses rêves ?
–
Bhaishajyasena, quand il voit un brasier, le bodhisattva doit penser : “J'ai
brûlé tous les désirs.”
Deuxièmement, Bhaishajyasena, quand il voit des remous et des tourbillons dans
l'eau, le bodhisattva qui a engendré l'aspiration initiale ne doit pas avoir
peur. Pour quelle raison ? Parce qu’ayant défait tous les liens de l'ignorance,
Bhaishajyasena, le bodhisattva s'est purifié de toutes les fautes.
Troisièmement, Bhaishajyasena, le
bodhisattva qui a engendré la résolution première, fait un rêve très effrayant ?
– Lequel, Vainqueur transcendant
?
– Il voit que la tête de son
propre corps est rasée. Là encore, Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a engendré
l'aspiration initiale ne devrait pas avoir peur. Pour quelle raison ? Parce
qu'il devrait penser : “Désir, aversion et ignorance ont été rasés. J'ai
triomphé du samsara et de ses six destinées.” Ainsi, il ne demeurera plus dans
l'un des enfers, ni dans les mondes des animaux, des esprits avides, des dieux
jaloux, des espritsserpents et des dieux. Bhaishajyasena, le bodhisattva qui a
engendré l'aspiration initiale renaît dans les champs purs d'Eveillés.
Bhaishajyasena, plus tard, à une époque ultérieure, si une personne dédie sa
pensée à l'éveil, on saura qu'elle est munie d'une grande résolution et, même
critiquée, elle ne devra pas céder au découragement.
Bhaishajyasena, j’ai donné de nombreux enseignements.
Pendant cent mille milliards de périodes cosmiques, j’ai pratiqué les
austérités. Bhaishajyasena, je n’ai pas enduré ces épreuves difficiles pour
jouir de la souveraineté, pour savourer les plaisirs de la vie, ou goûter au
pouvoir. Bhaishajyasena, j’ai enduré ces épreuves difficiles pour comprendre la
nature de la réalité. Je n’avais pas réalisé l’éveil insurpassable et
parfaitement accompli, Bhaishajyasena, mais à partir du moment où j’ai entendu
cette instruction de Sanghata, ce jour-là, j’ai réalisé l’éveil insurpassable et
parfaitement accompli. Bhaishajyasena, profonde est cette instruction. Difficile
à entendre est cette instruction. Même quand apparaissent les Ainsi-allés, elle
est extrêmement difficile à obtenir.
Bhaishajyasena, très difficiles à trouver sont ceux qui
gardent cette instruction en mémoire. Tous ceux qui entendront cette instruction
réaliseront l’éveil insurpassable et parfaitement accompli. Bhaishajyasena. Ils
dépasseront le samsara pendant cent mille milliards de périodes cosmiques et ils
accéderont au champ pur d'Eveillés. Ils réaliseront aussi la cessation et la
voie. Ils seront à même de réaliser le support. Ils seront à même de réaliser le
support du bien. Ils seront à même de réaliser le support du bien dans la
connaissance intuitive. Ils seront à même de réaliser la cessation du support du
bien. Bhaishajyasena, qu'est-ce que “la cessation” ?
– Vainqueur transcendant, c'est “le support de la
doctrine”.
– Bhaishajyasena,
qu’est-ce que “le support de la doctrine” ?
– Vainqueur transcendant, ce qu'on appelle doctrine est
“activité persévérante”, “garde de l'éthique”, “possession de l'éthique”,
“trésor de la doctrine”. Vainqueur transcendant, voilà en quoi consiste le
trésor de la doctrine.
–
Excellent, Bhaishajyasena, il est excellent que tu penses à questionner
l'Ainsi-allé sur ce point.
–
Vainqueur transcendant, pour quelle raison les Ainsi-allés apparaissent-ils dans
le monde ?
– Bhaishajyasena, ceux
qui possèdent un vaste savoir, ces savants connaissent l’apparition des Ainsi-
allés. Connaissant l’apparition des Ainsi-allés, ils savent que leur apparition
donne lieu au bonheur. Et, lorsque les Ainsi-allés apparaissent dans le monde,
les êtres connaissent toutes les doctrines. Habiles dans la méthode, ils
connaissent les phénomènes, ils connaissent tous les phénomènes mondains et
supramondains, ils connaissent les sagesses fondamentales mondaines et
supramondaines.
– Ayant acquis
ces connaissances, comment comprennent-ils le nirvana ?
– Bhaishajyasena, ils connaissent la
doctrine elle-même. Sachant résumer la sublime doctrine, ils développent la
première obtention. Appréhendant la doctrine telle qu'ils l'ont entendue, ils
obtiennent la possession de la doctrine. Bhaishajyasena, c’est comme si un
homme, un marchand avait rassemblé son or et celui d’autres personnes pour en
charger mille autres, et qu'il se préparait à partir en voyage d’affaires. Au
moment de partir, ses parents lui dirent :
– Fils, écoute ! Puisque tu as rassemblé
ton or et celui d'autrui pour le faire transporter par mille autres personnes,
tu dois veiller attentivement sur cet or et ne rien en gaspiller. Après l'avoir
bien fait fructifier, mets-le en lieu sûr.
Ceci dit, le fils prit l’or et s’en alla. Mais, par
négligence, le marchand gaspilla l'or jusqu'à en perdre la totalité en un mois.
Il réfléchit intensément et, consterné, honteux, le cœur transpercé par les
flèches du chagrin, il n’osait plus rentrer chez lui. Apprenant que tout l’or
avait été dilapidé par leur fils, ses parents devinrent désespérés.
Le cœur transpercé par les flèches du
chagrin, ils déchiraient leurs vêtements, se lamentaient et sanglotaient en
gémissant : “Le fils, né dans notre foyer est un mauvais fils. Il nous a tous
ruinés. Il nous a ôté l'espoir, faisant de nous des esclaves et des serviteurs.”
Et les parents de cet homme, le cœur empli d’angoisse, moururent désespérés.
Lorsque le fils apprit que ses parents étaient morts de chagrin, il mourut, lui
aussi, dans le même état.
A ce
propos, Bhaishajyasena, l'Ainsi-allé explique que ceux qui n’ont pas confiance
en son enseignement, mourront dans le désespoir, le cœur transpercé par les
flèches du chagrin. Comme ces parents qui, désespérés par la perte de l'or – le
leur et celui d'autrui –, pleuraient, se lamentaient, le cœur transpercé par les
flèches du chagrin. L’esprit accablé de détresse et de souffrances infligées par
les flèches du chagrin, ainsi, se lamenteront ceux qui n’ont pas confiance dans
mon enseignement. Tourmentés, quand surviendra la mort, ils endureront de
grandes souffrances.
Ceux qui ont
gâché les mérites des actes accomplis antérieurement et ne réalisent pas
ultérieurement de mérites associés à un champ favorable, y épuisent leur
mérites, voient à l'heure de la mort, le cœur transpercé par les flèches du
chagrin, les redoutables et terrifiantes naissances dans les enfers, dans des
matrices animales et dans le monde de Yama.
Il leur vient alors cette pensée : “Qui sera mon
protecteur, qui ôtera de ma vue les contrées des enfers, des animaux, des
esprits avides, et le royaume de Yama, pour que je n’y endure pas de terribles
souffrances.”
Ecoutant le délire
de ce fils qui se rapprochait de l’autre monde, ses parents lui disent : “Cher
fils, que pouvons nous faire ?”
Les parents :
– La grande peur de
la maladie Ne peut s’emparer de toi. Fils, la mort n’est pas pour toi. La peur
de la mort est pour les malades. Tu seras libéré du danger et de la terreur de
la maladie. Fils, sois ferme et tu vaincras !
Le fils :
–
Ma conscience est comprimée, Mon corps souffre atrocement, Tous mes membres sont
endoloris. Je vois ma propre mort.
Mes yeux sont aveugles, Et mes oreilles sont sourdes. Plus
jamais je n’entendrai. Mon corps est totalement impuissant.
Mes membres me font mal.
Tels des morceaux de bois, ils sont
inertes. Mère, console-moi, dis-moi : “Ta mort n’est pas venue.”
La mère :
– Mon fils, je t’en prie, ne parle pas ainsi. Ne m'emplis
pas de peur. Ton corps est gagné par la fièvre Et tu vois diverses formes.
Le fils :
– En mon corps, je ne perçois ni fièvre,
Ni maladie, ni douleur. Je vois la redoutable mort. Mon corps en subit les
violentes attaques.
Je vois tout
mon corps Accablé de souffrance. En qui trouverai-je refuge ? Qui sera mon
sauveur ?
Les parents :
– Fils, la colère des dieux est contre
toi. En offrant un sacrifice aux dieux, Tout ira bien, dirent les parents.
Le fils :
Je vous en prie, faites-le pour moi,
Afin que tout se passe bien, Faites vite, Appelez le prêtre !
Arrivés au temple, les parents offrent
de l'encens. Puis le prêtre, offrant luimême l'encens au dieu, dit :
– Le dieu est en colère contre vous.
Comme offrande, vous devez accomplir un sacrifice. Il vous faut immoler une
victime. Il vous faut tuer un homme, et votre fils sera délivré de la fièvre.
– Qu'allons-nous faire ? Nous
sommes pauvres. Si les dieux sont mécontents, notre fils mourra. S’ils sont
satisfaits, nous serons exaucés. Aussi, malgré notre pauvreté, nous apporterons
une victime humaine.
Ils se
précipitent chez eux, vendent tout ce qu’ils possèdent pour acheter une victime.
S'adressant à une certaine personne, ils disent :
– Si cela est possible, monsieur, nous voudrions emprunter
de l’or, nous pensons pouvoir vous le rendre le dixième jour du mois. Sinon,
nous deviendrons tous deux vos esclaves et travaillerons à votre service.
Après avoir pris l’or, ils partent se
procurer une victime, achètent un homme qui ne savait pas qu'on allait lui
prendre la vie. Obscurcis, les parents ne retournent pas chez eux, mais se
rendent au temple et disent au prêtre :
– Hâtez-vous d'accomplir le rituel !
Les parents se chargent de tuer la
victime et privent cet homme de sa vie. Le prêtre embrase le feu avec l’oblation
de graisse et commence le rituel d'offrande. Alors, un dieu descend et annonce :
– J’ai accepté votre fils.
Transportés de joie, comblés de bonheur,
les parents déclarent :
–
L’important est la survie de notre fils, même si nous sommes réduits à
l’esclavage !
Puis, après avoir
honoré le dieu, les parents s’en retournent mais, une fois arrivés chez eux, ils
découvrent que leur fils est décédé. En proie à une grande détresse, le cœur
transpercé par les flèches du chagrin, ces parents meurent désespérés. Ainsi, il
ne faut pas s’en remettre à de mauvais compagnons.
– Vainqueur transcendant, ces êtres, où sont-ils nés ?
– Silence, Bhaishajyasena, ne me
le demande pas !
– Je veux
savoir, Vainqueur transcendant. Je veux savoir, Allé en félicité.
– Bhaishajyasena, la mère est née à
Raurava (le grand enfer des Larmes), le père est né à Samghata (le grand enfer
de Destruction en Masse), le fils est né à Tapana (le grand enfer chaud), le
prêtre est né à Avici (le grand enfer Sans Répit).
– Vainqueur transcendant, où est né cette innocente victime
? Quelle fut sa destinée ?
–
Bhaishajyasena, sache que cet innocent partage la destinée des dieux
Trente-trois.
– Vainqueur
transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison qui a fait que cet
innocent partage la destinée des dieux Trente-trois ?
– Bhaishajyasena, écoute ! Au moment de mourir, alors qu'on
le privait de sa vie, cet homme, plaçant sa confiance dans l'Ainsi-allé,
prononça une seule fois les paroles suivantes :
“Je rends hommage au Vainqueur transcendant, le
Destructeur-de-l'ennemi, l'Eveillé parfaitement accompli.”
Par cette racine de bien, Bhaishajyasena,
il jouira du bonheur des dieux Trente-trois pendant soixante périodes cosmiques.
Il se souviendra des vies passées pendant quatre-vingts périodes cosmiques. De
naissance en naissance, il sera libéré de tous les chagrins. Dès sa naissance,
toutes ses souffrances seront effacées. Pouvoir les éliminer totalement n'est
certainement pas à la portée de tous les êtres.
– Vainqueur transcendant, comment tous les êtres se
rendront-ils capables de passer complètement au- delà des peines ? demanda le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena.
– Bhaishajyasena, il faut s’y appliquer avec persévérance.
– Vainqueur transcendant,
qu’est-ce que l’application à la persévérance ?
– Bhaishajyasena, écoute ! La persévérance est appelée
“l’exposition des fruits”. Autrement dit, le fruit de l’entrée-dans-le-courant
est un stade de persévérance. Le fruit du retour unique est un stade de
persévérance. Le fruit du non-retour est un stade de persévérance. Le fruit de
l’état de Destructeur-de-l'ennemi et la cessation du fruit de
Destructeur-de-l'ennemi sont un stade de persévérance. Le fruit
d'éveillé-pour-soi et la connaissance du fruit d'éveillé-pour-soi sont un stade
de persévérance. Le fruit de bodhisattva et le stade de réalisation sont un
stade de persévérance. Bhaishajyasena, voilà ce qu’on appelle les stades de
persévérance.
– Vainqueur
transcendant, comment celui qui entre-dans-le-courant et le fruit
d’entrée-dans-le-courant sont-ils exposés ?
– Bhaishajyasena, c’est ainsi : par exemple, un homme a
planté un arbre. Le jour même où cet arbre a été planté, apparaît une pousse. Le
jour même où cette pousse apparaît, elle croît d’une longueur d’un yojana vers
le bas. Un autre homme plante également un arbre ce même jour mais, agité par le
vent, celui-ci ne développe aucune pousse.
Alors, cet homme déracine son arbre et s'en prend au
premier ; il l'interpelle et le frappe.
“Pourquoi as-tu creusé sur mon terrain ?
A ce moment, le roi entend dire que deux
hommes se querellent et se frappent.
Le roi envoie alors un messager.
– Ramenez ces deux hommes, ordonne-t-il.
– Bien, sire, il sera ainsi fait, dit le
messager qui se précipite et dit aux deux hommes.
– Vous êtes tous deux convoqués par le roi.
A ce moment-là, l’un des deux hommes
s'effraye et s'inquiète, mais l’autre ne ressent ni crainte ni inquiétude. Ils
sont conduits devant le roi qui s’adresse à eux :
– Pourquoi vous êtes-vous querellés et frappés ?
Les deux hommes se lèvent et le premier
dit au roi :
– Majesté, écoutez !
Nous ne possédons pas de terre. Sur une parcelle empruntée, un arbre a été
planté. Le jour même où il fut planté, apparurent pousses, feuilles, fleurs et
fruits. Le même jour sur ce lopin de terre, un autre arbre a été planté par ce
deuxième homme. Aucune pousse, feuille, fleur ou fruit n’apparurent car cet
arbre était agité par le vent. Majesté, les racines de cet arbre ne descendirent
pas d’un seul yojana. Aussi cet homme se querelle avec moi, disant que c’est de
ma faute. Majesté, examinez par vous- même, mais sachez que je n’ai commis
aucune faute !
Le roi fait appel
à trente millions de ministres qui se rassemblent.
– Que se passe-t-il, Majesté ? demandent-ils. Sur quoi
devons-nous nous exprimer ?
–
Avez-vous vu ou entendu dire que le jour même où un arbre est planté, pouvaient
apparaître une pousse avec des feuilles, des fleurs et des fruits. Messieurs, à
vous de sceller cette question en sept ou quatorze jours.
Les ministres se levèrent alors de leur
siège et dirent au roi :
–
Majesté, sur cette question, ce n’est pas à nous qu’il appartient de trancher ;
nous n'en avons pas l'aptitude. Majesté, ceci tient du prodige ; il faudrait
questionner cet homme davantage.
– Parle, homme, ce que tu dis est-il vrai ?
– Majesté, c'est la vérité.
– Je n’ai jamais vu ni entendu dire, comme tu le prétends,
que le jour même où un arbre est planté, il ait poussé et donné des feuilles,
des fleurs et des fruits. Je trouve tes paroles bien difficiles à croire.
Les mains jointes, l’homme s’adresse
alors au roi :
– Je vous en prie,
Majesté, plantez vous-même un arbre et vous verrez une pousse croître.
Après avoir fait emprisonné ces deux
hommes, le roi sort avec les trente millions de ministres et plante lui-même un
arbre.
Mais l’arbre ne donne ni
pousse, ni feuille, ni fleur, ni fruit. En colère, le roi s’écrie :
– Qu’on m’apporte immédiatement des
haches pour fendre le bois.
Dès
qu’on les lui apporte, furieux, il abat l’arbre que l’homme a planté et sur
lequel feuilles, fleurs et fruits étaient apparus. Lorsque cet arbre est tombé,
douze arbres apparaissent. Ces douze arbres sont alors abattus et vingt-quatre
autres apparaissent avec racines, feuilles, fruits et pousses en sept substances
précieuses. Puis, de ces vingt-quatre arbres apparaissent vingt-quatre oiseaux
avec crête et bec en or, les ailes en sept substances précieuses.
En proie à la colère, le roi se saisit
d’une hache et cogne sur l’arbre. Un nectar en jaillit.
L’esprit agité, le roi ordonne :
– Qu’on libère les deux prisonniers !
– Votre Majesté, il sera fait
ainsi.
On se précipite, les deux
hommes sont aussitôt relâchés et conduits à l’endroit où se trouvait l’arbre.
Le roi leur demande :
– Comment se fait-il que, lorsqu’il a
été abattu, l’arbre unique que tu avais planté s'est multiplié jusqu’à devenir
vingt-quatre, et que l’arbre par moi planté n'a donné ni pousse, ni feuille, ni
fleur, ni fruit ?
– Majesté, les
mérites que j’ai ne se trouvent pas en vous.
Les trente millions de ministres, plaçant les deux genoux
au sol, disent à cet homme :
–
C’est à toi de gouverner. L’ancien roi n’en est pas apte.
L’homme s'adresse alors aux ministres
par ces vers :
– Je n’ai nul
besoin de souveraineté, Ni de richesses, ni de grains. Par ma confiance en les
Eveillés. Puissé-je devenir le meilleur des bipèdes Et me rendre dans la sphère
paisible Là où demeure l'Ainsi-allé. Puissé-je vous enseigner la doctrine Qui
conduit au foyer de l’au-delà des peines.
Assis, les jambes croisées, il se confesse ainsi :
– Dans le passé, à cause des fautes,
J’ai séjourné dans la prison du roi. En raison de mes prières, Mes actions se
sont épuisées.
Puis, de leur bec
adamantin, deux cent quarante millions d'oiseaux font retentir les cymbales.
A ce moment-là, trente-deux mille
pavillons apparaissent, chacun s’étendant à vingt-cinq yojanas. Dans chacun des
pavillons apparaissent vingtcinq coqs avec le bec en or, la crête en or et le
visage en or. Tous parlent une langue humaine :
– Roi, tu as mal agi Lorsque tu abattis cet arbre. Parmi
cent millions d’arbres, Vingt-quatre se trouvaient devant lui.
L'être qui a planté cet arbre, Tu ne
sais pas ce qu'il est. A cause des actions négatives Tu consommeras des fruits
non souhaités.
Le roi :
– Je ne sais rien sur ce sujet. Grand
ascète, explique-moi.
Les oiseaux
:
– Il illuminera le monde, Il
sera le guide, Qui, de la prison de l'existence, Libèrera tous les êtres.
Le roi :
– Qui était-ce le deuxième homme Dont l’arbre n’a pas
poussé ? Quelles mauvaises actions a-t-il commises ? Oiseaux, expliquez !
Les oiseaux :
– Celui dont l’arbre n’a pas poussé Est ce sot de Devadatta.
Comment son arbre pourrait-il pousser S'il n'a pas fait la moindre action
positive ?
A ce moment, à cette
époque, les trente millions de ministres, qui avaient entendu cette instruction,
devinrent tous des bodhisattvas établis aux dix terres et obtinrent chacun la
connaissance intuitive.
Ce roi,
établi aux dix terres, comprit la vertueuse doctrine.
Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, dit alors au
Vainqueur transcendant :
–
Vainqueur transcendant, ces trente millions de ministres obtinrent chacun la
connaissance intuitive et furent tous établis aux dix terres, quelle en est la
cause, quelle en est la raison ?
– Bhaishajyasena, écoute, je vais expliquer.
Alors le Vainqueur transcendant sourit. Et, à ce moment,
quatre-vingt-quatre mille rayons de couleurs multiples et variées, plusieurs
centaines de milliers de couleurs, bleues, jaunes, rouges, blanches,
arc-en-ciel, cristallines, argentées émanèrent de la bouche du Vainqueur
transcendant.
Après avoir
illuminé les mondes sans mesures ni limites, ils revinrent, circumambulèrent
trois fois le Vainqueur transcendant et se résorbèrent dans sa tête.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena, se leva de son siège, se couvrit l’épaule de sa robe supérieure,
posa le genou droit au sol et, joignant les mains en direction du Vainqueur
transcendant, s’adressa à lui :
–
Vainqueur transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de votre
sourire ? Ce n’est pas sans cause, ce n’est pas sans raison, que les Ainsiallés,
les Destructeurs-de-l'ennemi, les Eveillés pleinement accomplis sourient.
– Bhaishajyasena, vois-tu tous ces
groupes de gens qui, depuis les mondes des quatre directions, viennent en ma
présence ?
– Non, Vainqueur
transcendant, je ne les vois pas.
– Bhaishajyasena, scrute bien et tu verras une multitude de
gens.
Le bodhisattva, le grand
être Bhaishajyasena, scruta et, à l’est, il vit apparaître un arbre de sept
mille yojanas d’envergure. Sur un côté, se tenait un groupe de vingt-cinq
milliards de personnes qui ne parlaient ni ne
conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se
levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au sud, apparut un arbre
du sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de
personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient,
ne se levaient, ni ne marchaient, mais attendaient en silence. A l’ouest,
apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-
cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient
ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence.
Au nord, apparut un arbre de sept mille yojanas d’envergure où étaient
assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne parlaient ni ne
conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient ni ne marchaient,
mais attendaient en silence. Au zénith, apparut un arbre de sept mille yojanas
d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de personnes qui ne
parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient, ne se levaient
ni ne marchaient, mais attendaient en silence. Au nadir, apparut un arbre de
sept mille yojanas d’envergure où étaient assemblées vingt-cinq milliards de
personnes qui ne parlaient ni ne conversaient, ne discutaient ni ne bavardaient,
ne se levaient ni ne marchaient, mais attendaient en silence.
Puis, le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena s’adressa au Vainqueur transcendant :
– Je souhaiterais demander au Vainqueur transcendant,
l'Ainsi-allé, le Destructeur-de-l'ennemi, l'Eveillé parfaitement accompli,
d'apporter une réponse à une certaine question.
Le Vainqueur transcendant répondit au bodhisattva, au grand
être Bhaishajyasena :
–
Bhaishajyasena, demande tout ce que tu veux et je comblerai tes pensées en
expliquant chacun des points.
Le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda alors au Vainqueur
transcendant :
– Comment se
fait-il qu’une multitude de personnes soient venues des mondes des quatre
direction et restent dans ces arbres ? Comment se fait-il qu’une multitude de
personnes, au nombre de cinquante milliards, soient venues de l’espace entre le
zénith et le nadir, et restent dans ces arbres ? Quelle en est la cause, quelle
en est la raison ?
–
Bhaishajyasena, va et demande toi-même aux Ainsi-allés d’où sont venues ces
personnes.
– Vainqueur
transcendant, par quel pouvoirs surnaturels dois-je m'y rendre ?
– Bhaishajyasena, utilise tes propres
pouvoirs surnaturels.
Alors, le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, tourna par trois fois autour du
Vainqueur transcendant et disparut sur le champ.
Quatre-vingt-seize millions de mondes par delà celui-ci, se
trouve un monde appelé Chandrapradipa (Illumination de la Lune), où demeure,
existe et vit l'Ainsi-allé, le Destructeur-de-l'ennemi, l'Eveillé pleinement
accompli, appelé Chandravatikshetra (Champ avec Lune). Il expose la doctrine
face à quatre-vingt milliards de bodhisattvas, de grands êtres qui l’entourent.
Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se rendit dans le champ de
l'Ainsi-allé Chandravatikshetra.
Se tenant devant l'Ainsi-allé, il s'inclina à ses pieds et, les mains jointes,
il s’adressa à lui :
– Vainqueur
transcendant, je suis allé au delà de quatre-vingt-seize milliards de mondes et
jamais je n'ai vu autant d'êtres que là-bas. Vainqueur transcendant, pour quelle
raison, dans l'univers Endurance, d'innombrables personnes venues des dix
directions se sont-elles rassemblées, en présence de l'Ainsi-allé Shakyamuni ?
Je n'en vois pas autant demeurer ici.
– Bhaishajyasena, elles vont là-bas et y demeurent.
– Vainqueur transcendant, comment ?
– Comme des êtres nés d’arbres
inertes, répondit le Vainqueur transcendant.
– Vainqueur transcendant, qui a vu, qui a entendu que des
gens naissent d’arbres inertes ?
– Bhaishajyasena, n’as-tu pas vu, n’as-tu pas entendu que des gens naissent
d’arbres inertes ?
– Non,
Vainqueur transcendant, je ne l'ai ni vu ni entendu.
– Bhaishajyasena, si tu veux le voir, je te le montre tout
de suite.
– Oui Vainqueur
transcendant, je le veux ! Oui Allé en félicité, je le veux !
Alors, à ce moment, l'Ainsi-allé
Chandravatikshetra tendit un bras embelli de cent mérites, et de ce bras
apparurent cent milliards de groupes de personnes. Chaque groupe de personnes
ayant tendu cent bras, ceux-ci répandirent différents parfums, fleurs et
onguents sur l'Ainsi-allé.
Le
Vainqueur transcendant Chandravatikshetra s’adressa au bodhisattva, le grand
être Bhaishajyasena.
–
Bhaishajyasena, vois-tu ce groupe de personnes répandre parfums, fleurs et
onguents variés sur l'Ainsi- allé ?
– Oui Vainqueur transcendant, je le vois ! Oui Allé en
félicité, je le vois !
– Ainsi
apparaissent les groupes de gens insensibles, dit le Vainqueur transcendant.
Ainsi naissent les hommes insensibles. Les cent bras de chacun des cent
milliards de groupes de personnes s’étaient ouverts.
Ayant vu cela, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena
demanda au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, pourquoi cela ? Allé en félicité,
pourquoi cela ? Cent bras de ces personnes se sont ouverts un seul instant. Si
ces êtres à cent bras ne sont pas libérés, comment ceux qui n’en ont que deux
pourraient-ils l’être ?
–
Bhaishajyasena, comme des êtres insensibles naissent, des êtres insensibles
cessent. Bhaishajyasena, sache que leur corps aussi est insensible.
Bhaishajyasena, parmi eux il y a des êtres jeunes, il y en a aussi d'âgés.
– Vainqueur transcendant, quels
êtres sont jeunes, quels êtres sont âgés ?
– Ceux qui en ce moment ont les bras ouverts sont âgés.
Ceux qui naissaient des arbres sont jeunes.
– Vainqueur transcendant, je souhaiterais voir les jeunes.
Alors, l'Ainsi-allé
Chandravatikshetra tendit la paume de la main droite et, des dix directions,
arrivèrent cent milliards de groupes de personnes. Du nadir et du zénith
arrivèrent cinq millions de groupes de personnes. Une fois arrivés et après
avoir honoré de leur tête les pieds du Vainqueur transcendant, ces groupes de
personnes ne s’entretenaient ni ne discutaient avec l'Ainsi-allé mais restaient
sans parler.
Le bodhisattva, le
grand être Bhaishajyasena dit alors :
– Vainqueur transcendant, pourquoi ces êtres ne
s’entretiennent-ils pas, ne discutent-ils pas avec l'Ainsi- allé, et restent là
sans parler ?
– Bhaishajyasena,
ne sais-tu pas que dans un lieu terrestre, les êtres insensibles ne parlent ni
ne discutent ; ils ne connaissent pas le corps de la doctrine ? Pour quelle
raison ?
- Bhaishajyasena, ici,
certains jeunes, même s’ils en ont été témoins ne connaissent pas la naissance,
la cessation, le déclin, la maladie, la peine, les lamentations, la séparation
d'avec les amis, la rencontre avec les ennemis, la mort et la mort prématurée.
Ils ne comprennent pas toutes ces intolérables souffrances et, même quand ils
les ont perçues, comment les connaîtraient-ils puisqu'ils n'en sont pas
perturbés ? Bhaishajyasena, il faut les leur enseigner sans cesse.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena s’adressa alors au Vainqueur transcendant :
– D’où viennent ces jeunes qui ne
connaissent pas la doctrine ? Où sont-ils morts ? Où renaîtront-ils ?
– Bhaishajyasena, écoute ! La forme
humaine qu’ils prennent n’est pas l’œuvre d’un joaillier, elle n’est pas l’œuvre
d’un forgeron, elle n’est pas l’œuvre d’un menuisier, elle n’est pas l’œuvre
d’un potier, elle n’est pas créée par la peur du roi. Elle est produite par
l’action négative d’un homme et une femme en union. Sans cesse, on enseigne des
métiers à ces êtres, et une infinité de souffrances insupportables en résultent
quand mûrissent les actions néfastes qu’ils ont commises antérieurement.
Bhaishajyasena, ces jeunes qui ne se lèvent pas et qui ressentent pareilles
souffrances, sont venus en ce lieu même. C'est pour cette raison, Bhaishajyasena,
qu'ils ne parlent ni ne discutent entre eux. Aussi, Bhaishajyasena, ces jeunes
qui ne connaissent pas le bien, ne connaissent pas la naissance et ne
connaissent pas la cessation : ils n’obtiendront pas un corps humain. Ainsi,
Bhaishajyasena, ces êtres sont appelés “jeunes”.
– Vainqueur transcendant, ces jeunes, comment naissent-ils
et comment meurent-ils ?
–
Bhaishajyasena, comme un homme qui plonge un bâton dans le feu. Peu à peu, ce
morceau de bois s’enflamme. De façon analogue, Bhaishajyasena, le corps humain a
une origine et, dès qu'il est né, il a des sensations.
– Vainqueur transcendant, qui ici a une
bonne naissance ? Qui est passé dans la plénitude de l’au-delà des peines ?
– Bhaishajyasena, l'Eveillé
lui-même a eu une bonne naissance. L'Ainsi-allé lui-même est passé dans la
plénitude de l’au-delà des peines. Imagine un roi qui fait enfermer un homme
dans le cachot d’une maison. Entrant dans ce gîte, l'homme perçoit le ténébreux
cachot.
Voyant cela, un autre
homme qui avait, lui, déjà enduré de terribles souffrances, pense : “Cet homme
est perdu ! Il n’a jamais connu la souffrance, son courant vital sera donc
tranché.” Il apporte de la braise en ce lieu, allume un petit feu à l’intérieur
du cachot. Le prisonnier voit les flammes, cette vue le réconforte et il reprend
courage. Pour une raison quelconque, le feu devient brasier qui se communique à
tout l’édifice et calcine le prisonnier.
Apprenant que cet homme a péri dans l’incendie, le roi
peiné songea : “Plus jamais je n’emprisonnerai quiconque sur mon territoire.”
Et, s'adressant aux habitants de
son pays, il leur dit :
“Ne
craignez rien, n’ayez aucune peur, vous serez en sécurité. Dans ce pays, il n’y
aura plus de châtiment corporel ni d’emprisonnement. Je n’ôterai la vie à aucun
être.”
Quand il eut dit : ”Braves
gens ! Soyez sans crainte !”, ils furent soulagés.
Bhaishajyasena, de façon analogue, l'Ainsi-allé a brûlé
toutes les afflictions mentales, apaisé toutes les maladies. De même que le
corps de cet homme fut brûlé dans l’incendie de la maison, l'Ainsi-allé œuvre au
profit et au bonheur des êtres : il les délivre de leurs chaînes et de leurs
liens. Etant libre des souillures de l’attachement, de l’aversion et de
l’ignorance, il apparaît dans le monde comme une lumière qui libère tous les
êtres – jeunes et vieux – des enfers, des corps d’animaux, d'esprits avides et
de dieux jaloux.
Ces strophes
émanèrent alors de la voûte céleste :
Merveilleux est le champ du Vainqueur, Le champ excellent
Où les graines plantées Ne périssent pas.
Pur est le champ du Vainqueur, La parole louée de l'Eveillé
! Pour soutenir tous les êtres, Le Maître œuvre avec méthode.
Même s’il demeure dans la sphère du
nirvana, On le voit sur cette terre. Ayant à jamais apaisé le monde entier,
L'Eveillé purifie les supports de don. Il libère les jeunes Et il libère les
vieux.
Ayant libéré tous les
êtres des trois mondes, Fermé les portes des enfers, Libéré les animaux et les
esprits avides. Il répand le calme dans ce monde Et le bonheur dans le suivant.
Alors, l'Eveillé sourit et dit :
Excellente est la vision des
excellents ! Voir les Eveillés est excellent ! Bon est le champ d'excellences de
la Doctrine ! Voir l’assemblée du Sangha est excellent ! Excellent est l’exposé
de Sanghata Qui annihile tous les maux !
Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena,
joignant respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, s’adressa
à lui :
– Vainqueur transcendant,
quelle est la cause, quelle est la raison de votre sourire ?
– Fils de la lignée, vois-tu ces jeunes
?
– Oui Vainqueur transcendant,
je les vois. Oui Allé en félicité, je les vois.
– Bhaishajyasena, aujourd’hui même, ils deviendront tous
des bodhisattvas établis dans les dix terres.
Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demeurait
alors à une hauteur de quatre-vingt mille yojanas dans le ciel, d'où
quatre-vingt milliards de fils de dieux répandirent une pluie de fleurs sur le
Vainqueur transcendant. Tous les jeunes, joignant les mains, lui rendirent
hommage.
Alors qu’il était debout
dans le ciel, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, prononça ces paroles
d'une voix qui emplissait le trichilio mégachiliocosme. Les êtres qui étaient
nés dans les trente-deux grands enfers entendirent cette voix. Les trente- deux
groupes de dieux entendirent aussi cette voix. Le trichilio mégachiliocosme
trembla de six manières. Dans le grand océan, quatre-vingt mille
esprits-serpents s'agitèrent. Trente milliards de rakshasas vinrent dans notre
monde. Vingt-cinq milliards d’esprits avides, yakshas et rakshasas en provenance
de la métropole d’Adakavati se présentèrent devant le Vainqueur transcendant et
formèrent une grande assemblée.
Le Vainqueur transcendant enseigna alors la doctrine à ces jeunes, et les
bodhisattvas de cent milliards de mondes des dix directions utilisèrent chacun
leurs propres pouvoirs miraculeux pour venir y participer.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena, joignant respectueusement les mains en direction du Vainqueur
transcendant, s’adressa alors à lui :
– Nombreux, Vainqueur transcendant, nombreux, Allé en
félicité, sont les bodhisattvas ici assemblés et assis ensemble. Vainqueur
transcendant, nombreux sont les dieux et les esprits-serpents ici assemblés et
assis ensemble. Nombreux aussi sont les rakshasas et les esprits avides, en
provenance de la métropole d’Adakavati, ici assemblés et assis ensemble afin
d’entendre la doctrine.
Le
Vainqueur transcendant s’adressa alors au bodhisattva, au grand être
Bhaishajyasena :
– Fils de la
lignée, approche.
Le bodhisattva,
le grand être Bhaishajyasena, utilisant ses pouvoirs miraculeux pour descendre
des hauteurs, joignit respectueusement les mains devant le Vainqueur
transcendant et lui demanda :
–
Vainqueur transcendant, si l'agrégat de la doctrine est appelé “agrégat de la
doctrine”, Vainqueur transcendant, que recouvre ce qu’on appelle “agrégat de la
doctrine” ?
– Fils de la lignée,
“agrégat de la doctrine” concerne celui qui pratique la pureté et en pratiquant
la pureté s’abstient de toutes fautes. Fils de la lignée, vois-tu ? Il ne fait
aucun doute qu'en s’abstenant de la non-pureté, il détiendra les pouvoirs des
dharanis et sera pourvu de toutes les doctrines.
– Vainqueur transcendant, par quel moyen tant d’êtres se
sont-ils assemblés pour entendre l'agrégat de la doctrine ?
Le Vainqueur transcendant répondit au
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena :
– Bhaishajyasena, la plupart des êtres n’entendent pas que
naître est souffrance, que vieillir est souffrance, que la maladie est
souffrance, que la peine est souffrance, que les lamentations sont souffrance,
que la séparation d'avec les êtres chers est souffrance, que l'association avec
des ennemis est souffrance. Quant à la mort, pour causer toutes les souffrances,
elle ravit le corps et la vie. Bhaishajyasena, on la nomme “toute misère”.
Après avoir entendu les
instructions, les jeunes, joignirent alors respectueusement les mains devant le
Vainqueur transcendant et s’adressèrent à lui :
– Vainqueur transcendant, nous devrons nous aussi mourir !
– Vous, et tous les êtres, devrez
effectivement mourir, répliqua le Vainqueur transcendant.
– Vainqueur transcendant, ce moment de
la mort, comment arrive-t-il ?
–
Fils de la lignée, au moment de la mort, lorsque la dernière conscience
intervient, trois vents – un vent appelé “cessation de la conscience”, un vent
appelé “distraction de la conscience” et un vent appelé “perturbation de la
conscience” – dérangent, remuent et perturbent la conscience finale du moment de
la mort.
– Vainqueur
transcendant, quels sont les trois vents qui détruisent le corps au moment de la
mort, lorsque la conscience finale cesse ?
– Amis, ceux qui détruisent le corps s’appellent “coupant”,
“perçant” et “blessant”.
–
Vainqueur transcendant, comment appelle-t-on “le corps” ?
– Vainqueur transcendant, on l'appelle
“celui qui se consume”, “celui qui demeure dans le feu”, “celui qui produit la
lymphe”, “celui qui libère les mucosités”, “celui qui se rend au cimetière”,
“l’inférieur”, “le lourd fardeau”, “celui qui souffre de naissance”, “celui qui
s’agite dès la naissance”, “celui qui perd totalement la vie”, “celui qui
meurt”, “celui qui quitte ses proches”. Amis, tels sont les noms que l’on donne
au corps.
– Vainqueur
transcendant, qu’est-ce qui meurt et qu’est-ce qui vit ?
– Amis, ce qui est appelé “conscience”
meurt, ce qui est appelé “mérite” continue à vivre. Amis, ce qui meurt est “le
corps” : il est maintenu par des millions de nerfs, pourvu de
quatre-vingt-quatre mille pores, lié par douze mille membres et soutenu par
trois cent soixante os. Quatre-vingtquatre familles d’insectes y vivent à
l’intérieur. La mort et la cessation qui représente la mort sont le lot de tous
les êtres qui respirent. Et cela les désespèrent. Lorsqu’une personne meurt, à
l’intérieur de tous les êtres qui respirent, l’agitation du vent poussent
ceux-ci à s’entre dévorer. Puis, ils éprouvent de grandes souffrances. Certains
souffrent en raison de leur fils, certains souffrent en raison de leur fille,
certains souffrent en raison de leurs proches. Tous sont transpercés par les
flèches des tourments et commencent à s'entre dévorer. Lorsque les êtres qui
respirent se sont entre dévorés jusqu’aux deux derniers, ces deux-là se battent
encore durant sept jours et, à la fin du septième jour, l’un des deux triomphe
et l’autre s’enfuit. Etres dotés de vie, qu'appelle-t-on “doctrine ” ? Qu’en
pensezvous ?
De même que tous les êtres qui respirent sont morts en se combattant
mutuellement, les êtres ordinaires se querellent et se battent. Ils ne craignent
pas la naissance, le vieillissement, la maladie, la mort. De même que ces deux
êtres qui respirent et se battent, les êtres ordinaires se battent. Au moment de
la mort, des êtres vertueux leur demandent alors :
– Pourquoi donc êtes-vous si sûrs de vous ? Pourquoi ne
percevez-vous pas la moindre imperfection ? Ne voyez-vous pas la souffrance de
la naissance ? Ne voyez-vous pas la souffrance du vieillissement ? Ne voyez-
vous pas la souffrance de la maladie ? Ne voyez-vous pas la souffrance de la
mort ?
– Etres dotés de vie, nous
voyons bien la souffrance de la naissance, nous voyons bien la souffrance du
vieillissement et de la maladie. Nous voyons aussi la souffrance de la mort, la
dernière de toutes.
– Alors,
pourquoi n’avoir pas créé de racines de bien ? Pourquoi n’avezvous pas créé ces
racines de bien, cet agrégat de la doctrine qui accroît le bonheur dans les deux
mondes ? Amis, une seconde fois, je vous le demande, pourquoi n’avez-vous pas
créé une provision de vertus pour vous libérer de la naissance et de la mort ?
Pourquoi n’avez-vous pas réfléchi
à l'application correcte ? Comment n’avez-vous pas entendu les battements du
tambour résonner sur la Terre ? N’avez-vous pas vu les gens distribuer des
aumônes et planter les graines de vertu dans le champ de l'Ainsi-allé ? Ne les
avez-vous pas vus offrir à l'Ainsi-allé, parfum ou guirlandes de fleurs, lampes
ou nourritures solides ou liquides ? N’avez-vous pas vu les quatre groupes qui
s’en remettent aux enseignements – moines et moniales, laïcs et laïques – en
être comblés.
Ainsi parlent-ils
pour son bien.
– Roi, tu n'as
rien accompli ! Homme, venu sur Terre, tu as mal agi !
Le roi de la doctrine prononça alors des
paroles d’exhortation à l’intention du défunt :
– Ayant vu l’avènement de l'Ainsi-allé Et entendu le
roulement du tambour, Tu as aussi entendu l’exposé de la doctrine, Qui conduit à
la paix, à l’au-delà des peines.
L’homme répondit alors :
– Mon
esprit puéril Est tombé sous la coupe de mauvais compagnons. L'esprit perturbé
par le désir, J’ai commis de mauvaises actions.
Me laissant guider par le désir, J’ai tué des êtres
vivants, Gaspillé ce qui appartenait au Sangha, Et d’abominables fruits me
reviennent.
L'esprit animé de
malveillance, J’ai démoli des stoupas. Proféré des mots durs Et tourmenté ma
mère.
Je suis conscient des
imperfections de mon corps. Et je vois ma naissance Dans le redoutable enfer
Maharaurava (Grandes Lamentations).
Après avoir enduré les souffrances de Samghata (Destruction
en masse) Et celles de Tapana (Chaleur), Je subirai les intolérables tourments
Du grand Avici (Sans répit).
Dans l’enfer Mahapadma (Grand
Lotus), Je serai en proie à d'extrêmes souffrances. Par cent fois, je renaîtrai
Dans la grande peur de Kalasutra (Lignes noires).
La conscience en enfer, une fois les êtres tués, Par la
suite aussi vit dans la terreur. De cent yojanas, encore et encore, Ils tombent,
terrifiés.
Ne trouvant pas
d'issue, Ils plongeront encore dans d’épaisses ténèbres, Dans l’enfer Kshura
(Couteaux), Mille couteaux apparaîtront à la conscience.
Un milliard (d'assaillants) brandiront
des couteaux Et me trancheront les membres A cause de mes mauvaises actions, Mon
corps ils tailleront en pièces. D'effroyables tempêtes Le détruiront
entièrement.
Telles sont les
souffrances continuelles Que je devrai endurer dans les enfers. Et tous les
êtres verront mon corps En proie à des souffrances extrêmes.
Je me suis accaparé, pour usage
domestique, Les biens qu'autrui ne m'avait pas donnés. De même, mes mauvaises
actions, M'ont fait abuser fils et filles, Frères et sœurs, Père et mère, Une
multitude de parents, De domestiques, serviteurs et employés, Bétail et animaux
familiers.
Vaisselle en or et en
argent, Fins vêtements également, Pour les obtenir et monter mon ménage Je me
suis égaré par de vils propos.
Le
ménage monté et bien aménagé, Hommes et femmes sont venus l’animer.
La musique du luth A ravi mon esprit
insoumis.
Embaumant mon corps
d’eau parfumée, Je n’en avais aucune conscience. Corps inanimé, à cause de toi,
Je me suis fourvoyé !
Aucun
protecteur n’est là pour moi, Et personne ne le sera à l'avenir. Mon corps est
tourmenté Par les gigantesques tourbillons de la tempête.
Ma langue aussi goûtait en abondance
Tant de délicieuses saveurs. Ma tête était ornée De merveilleuses guirlandes de
fleurs.
Mon œil, alors sans
protection, S’est laissé abuser par la forme. J’ai vu que le regard est source
de fautes. D’autres actions furent aussi Causées par l’oreille.
Mes bras ornés de diamants, Portaient
des bracelets, J'avais des bagues aux doigts Des rangées de perles autour du
cou,
De magnifiques chaînes d'or
Aux deux jambes Une variété de gemmes Et de lanières dorées sur le corps.
Jouissant d’immenses richesses, Mon
esprit devint ravi. Ayant goûté à la sensation de douceurs suprêmes, Je devins
envieux De tapis et parures de lit.
Je m’ébattais au gré de ma fantaisie, Baignant mon corps
d'eaux de toilette raffinées, L’embaumant de parfums subtils de camphre ou de
santal. Imprégnant l’air de divines fragrances.
Après avoir élaboré de riches couleurs, Je m’imbibais de
musc et d'huiles délicates De jasmin, de champaka et autres.
Puis, je me parais de fines étoffes en
kashika Et enfilais des vêtements blancs. A peine descendu du dos de l'éléphant,
Je désirais monter à cheval.
Je
me prenais pour un roi, Et, devant moi, tout le monde fuyait. Je fréquentais
aussi les courtisanes Expertes dans le chant et la danse. Je tuais quantité
d'animaux Qui pourtant ne faisaient aucun mal.
Ainsi, ignorant l’autre monde, Je commettais des fautes. Je
mangeais la chair d’autrui, Et, de ce fait, cette implacable souffrance Est
venue jusqu’à moi.
Je ne savais
rien de la mort. Mon esprit était ignorant Et mon corps s’en nourrissait.
Maintenant que le mort est proche Je
n’ai vraiment aucun protecteur. Vous tous, mes parents, Pourquoi me
dévisagez-vous ?
Pourquoi
déchirez-vous vos vêtements ? Pourquoi pleurez-vous ? Pourquoi ces lamentations
? Pourquoi vous arrachez-vous les cheveux ? Pourquoi faites-vous couler le sang
?
Pourquoi vous mettez-vous des
cendres sur la tête ? Pourquoi vous frappez-vous la poitrine ? J'ai vécu dans la
faute et la souffrance, Pourquoi se cramponner à un parent auquel on devrait
renoncer ? Mon corps sera dévoré par les loups, les chiens, Les corbeaux, les
oiseaux. A quoi bon le maintenir en vie ! L'homme naîtra toujours avec en lui,
Le serpent de la mort.
Pour se
libérer de cette peur, Il faut appliquer des remèdes particuliers. Ceux que m'a
donné le médecin Me sont inutiles.
Qu'on me donne, à présent que la mort s'en vient, Les
remèdes de la doctrine Qui délivrent du serpent des passions.
Ne me donnez pas de viande Pour nourrir
ce corps Qui va manifestement mourir.
Pourquoi offrir de la souffrance ? Pourquoi recevoir une
masse de fautes ? Quoi que très bien nourri, Ce corps accomplit des activités
scélérates.
Pourquoi, fils et
filles, Me regardez-vous avec de tels yeux ? Protégez-moi de cette maladie,
Pourquoi être inconséquent ?
Fils
et filles, A présent ne faites pas le mal. Pour vous maintenir en vie, J'ai volé
les possessions d'autrui.
Maintenant l'heure de la mort a sonné, Pourquoi les espoirs sont-ils brisés ? La
naissance et une destinée indésirable font très peur Et la mort elle aussi
regorge de souffrances.
Sensations, consciences, formations Et contact sont vivement ressentis. En
raison de la soif, les puérils errent Et rencontrent des effets intolérables. .
Naître dans une mauvaise famille Nous enchaîne à la souffrance. Me souciant peu
des mérites, J'ai fait souffrir les autres.
La générosité et l'éthique altérées, J'ai tourné le dos à
la doctrine.
Comme je ne
comprenais pas la naissance, Le serpent des passions m'a taraudé.
Par ignorance, les puérils Errent,
privés de la délivrance. Ne connaissant pas le sens du salut, Je me suis
fourvoyé et j'ai commis des fautes.
Importé sottement par les passions, L'esprit s'en trouve
toujours complètement perturbé. Entravé par toutes sortes de chaînes, le corps
Flambe et se consume dans le brasier.
Dans une complète illusion, Ne sachant où il est, Le corps
vagabonde là où l'on ne trouve aucun bonheur,
Le bonheur est offert dans le champ d'Eveillé. La roue de
la doctrine est le remède suprême. L'éthique, la vérité de l'éthique, Ceci est
la voix pure de l'Ainsi-allé.
Puis le Vainqueur transcendant s'adressa au bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena :
– Bhaishajyasena,
de façon analogue, au moment de la mort, les êtres se lamentent sans aucun autre
protecteur que le mûrissement des fruits d'actions méritoires.
Après avoir dit cela, le Vainqueur
transcendant s'exprima également en vers :
– Pour avoir commis des fautes, Les êtres chutent dans les
enfers Où ils s'habillent de linges brûlants Et boivent du métal en fusion.
Des braises enflammées leur
tombent dessus ; Les brûlures en sont insupportables. Grande est la peur dans
les enfers, Où les corps sont brûlés à l’extrême.
Sans connaître de plaisir, Sans même connaître la doctrine.
Les puérils, entraînés par ce qui n'est pas la doctrine,
Ne trouveront aucun bonheur.
Celui qui a la foi et une parfaite
éthique, Qui a la sagesse et un grand ascétisme, Qui s’appuie sur les amis
spirituels, Deviendra vite un Ainsi-allé.
L'Eveillé apparaît dans le monde Pour soutenir tous les
êtres Qui s’entraînent à la persévérance suprême Et aussi pour exposer la
doctrine des actes vertueux, Avec un esprit aimant.
Bhaishajyasena, toi qui es établi dans la conduite pure et
sublime, Puisque tu as écouté ces paroles, Réalise le plus splendide des
accomplissements, Vois la libération totale et l'Eveillé, Le guide à la voix
éloquente.
Il est le père et la
mère du monde, On l’appelle l’esprit de l’éveil. Celui qui révèle cette doctrine
dans le monde, Est le meilleur ami spirituel si difficile à trouver.
Ceux qui écoutent avec respect
l’enseignement de l'Eveillé Deviendront de suprêmes Eveillés, Allés en félicité.
Tous les êtres qui respectent les enfants incomparables de l'Eveillé, Seront
libérés et deviendront des protecteurs du monde.
Puis, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena demanda
au Vainqueur transcendant :
–
Pourquoi le flanc de cette montagne tremble-t-il ?
Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le
grand être Bhaishajyasena.
–
Bhaishajyasena, regarde attentivement !
Le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena regarda donc
et vit la terre se fendre aux quatre directions. Des crevasses, là où la terre
s’était fendue, apparurent vingt millions d’hommes au nadir et vingt millions
d’hommes au zénith.
Ayant vu
cela, les jeunes demandèrent au Vainqueur transcendant :
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–
Vainqueur transcendant, qui sont ces gens qui naissent ici ?
– Avez-vous vu ces masses de gens ?
demanda le Vainqueur transcendant.
– Oui Vainqueur transcendant, nous les avons vues.
– Ces masses de gens sont nées pour
votre bonheur, répondit le Vainqueur transcendant.
– Ces gens mourront-ils également ?
– Amis, il en sera ainsi ! Tous ces
êtres mourront également.
Les
jeunes précédemment cités suivirent ces gens qui étaient nés, puis, joignant
respectueusement les mains devant le Vainqueur transcendant, ils déclarèrent :
– Vainqueur transcendant, nous ne
supportons plus de voir la naissance et la mort.
– Souhaitez-vous obtenir la force de la persévérance ?
demanda le Vainqueur transcendant.
Ils répondirent :
– Nous avons vu l'Ainsi-allé en personne,
Puis, avec ravissement, nous avons
entendu la doctrine que nous avions souhaité entendre.
Nous avons vu la Sangha, l’assemblée des
disciples de l'Ainsi-allé. Nous avons vu les puissants pouvoirs miraculeux du
bodhisattva. Aussi, Vainqueur transcendant, nous ne supportons plus de voir la
naissance et la mort.
Puis, le
bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, et les cinq cents autres bodhisattvas
qui l'accompagnaient se levèrent de leur siège et, grâce à leurs pouvoirs
miraculeux, montèrent dans le ciel. Ils s’assirent jambes croisées et entrèrent
en absorption méditative. De leur corps apparurent lions, tigres, serpents et
éléphants. Leurs pouvoirs miraculeux leur permirent ainsi maintes
transformations. Ils s’assirent jambes croisées au sommet de montagnes hautes de
vingt yojanas et se transformèrent en dix milliards de soleils et de lunes
qu’ils firent descendre (du ciel).
Alors ces jeunes demandèrent au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur
transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison de ces grands rayons
lumineux et de ces grandes manifestations miraculeuses apparus dans le monde ?
– Enfants de la lignée, répondit
le Vainqueur transcendant. Avez-vous vu ces soleils et ces lunes ?
– Oui, Vainqueur transcendant, nous les
avons vus ! Oui, Allé en félicité, nous les avons vus !
– Ces rayons lumineux et ces
transformations magiques émanent d'un corps de bodhisattva. Après les avoir
déployés, il exposera la doctrine pour le profit de nombreux êtres, pour le
bonheur de nombreux êtres, par compassion pour le monde ; pour le profit et le
bonheur de la grande assemblée des êtres, des dieux et des hommes. Ici, après
avoir montré des corps d'hommes et la vigueur de la force physique, ils
manifesteront des pouvoirs analogues.
– Vainqueur transcendant, veuillez enseigner la doctrine
afin que se manifestent ces rayons lumineux.
Le Vainqueur transcendant s’adressa alors au bodhisattva,
le grand être Bhaishajyasena :
–
Bhaishajyasena, as-tu vu le trichilio mégachiliocosme trembler de six façons
différentes ?
– Oui Vainqueur
transcendant, je l’ai vu ! Oui Allé en félicité, je l’ai vu ! Et j'ai pensé
interroger l'Ainsi- allé sur un certain point ?
– Bhaishajyasena, demande ce qu’il te plaît, j’exaucerai
tes souhaits en répondant à tes questions. Bhaishajyasena, j’expliquerai
clairement tout ce qui concerne le passé, le présent et le futur.
– Vainqueur transcendant, veuillez
enseigner pour dissiper mes doutes. Vainqueur transcendant, je vois l'Ainsi-allé
entouré de quatre-vingt-quatre mille fils divins, de quatre-vingt-quatre
milliards de bodhisattvas, de douze milliards de rois nagas, de dix-huit
milliards de yakshas et de vingt-cinq milliards d’esprits avides et de sorcières
bariolées.
Le Vainqueur
transcendant répondit :
–
Bhaishajyasena, ces êtres sont ici pour entendre la doctrine que j’enseigne.
Sinon, pour quelle autre raison seraient-ils assis ensemble ? Bhaishajyasena,
aujourd’hui, ils transcenderont le samsara. Souhaitant le profit de tous les
êtres, aujourd'hui même, ils seront établis aux dix terres. Après avoir été
établis aux dix terres, ils accéderont à la sphère de l’au-delà des peines.
Pour dépasser le vieillissement
et la mort, il faut accomplir des actes positifs. Après avoir défait le nœud du
désir-attachement, on est installé dans la doctrine de l'Eveillé.
– Vainqueur transcendant, comment se
fait-il que tant d’êtres de diverses origines soient apparus ici et demeurent
autour du Vainqueur transcendant ?
– Bhaishajyasena, écoute :
(Pour) les êtres obscurcis, ignorants, Où est la libération
? Aujourd’hui, de nombreux jeunes Obtiendront des dharanis.
Afin d’accéder aux dix terres, Ils
connaîtront toutes les doctrines. Ils accèderont aux dix terres, Et accompliront
les activités d’un Eveillé.
Ils
mettront en mouvement la roue de la Loi Et déverseront une pluie
d’enseignements. Ainsi, les êtres qui se sont réunis Seront ravis de mon exposé.
Les dieux, les esprits-serpents,
les esprits avides, Les dieux jaloux, les très irrités, Demeurant aux dix
terres, Feront retentir la voix du dharma, Frapperont le tambour de la doctrine,
Et souffleront dans la conque de l'enseignement.
Ces jeunes posséderont aussi Le pouvoir de la persévérance
Et deviendront identiques à l'Ainsi-allé. Aujourd’hui, ils obtiendront la
doctrine.
Puis, environ cinq
mille jeunes s’étant levés de leur siège, joignirent respectueusement les mains
devant le Vainqueur transcendant et s’adressèrent à lui :
– Pourquoi ne chercherions-nous pas dans
le samsara à mettre un terme à la mort ? Vainqueur transcendant, le corps est un
fardeau lourd, insupportable et empli de peurs.
Si la voie n’est pas pleinement
comprise, Ce n'est pas vraiment la voie. Aveugles, nous ne voyons aucun
protecteur ; Aussi, nous vous implorons tous ensemble.
Nous vous supplions de nous donner du
courage. Guide, veuillez nous expliquer la doctrine. Nous sommes nés avec si peu
de sagesse, Mais ne désirons pas les plaisirs.
Exposez-nous la doctrine ! Délivrez-nous de cette
intolérable souffrance. Où que nous naissions, Puissions-nous voir l'Eveillé.
Puis, le bodhisattva, le grand
être Bhaishajyasena se rendit sur les lieux où se trouvaient les jeunes et
s’adressa à eux :
– Mangez cette
nourriture !
Savourez ce
merveilleux breuvage ! Puis, devenus sans crainte, Ecoutez la doctrine d'absence
de peur.
Ils répondirent :
– Noble aîné, qui êtes-vous ? Nous ne
vous connaissons pas. Nous voyons en vous une grande beauté, Une forme sereine
et renommée.
Comme un être libéré
Des grandes peurs dans le monde des esprits avides, Des enfers et des animaux,
Toutes vos fautes sont apaisées.
Vous tenez dans la main un réceptacle
Composé des sept substances précieuses. Sur le corps, vous
portez des fils d’or Et nous voyons la masse de lumière qui vous pare.
Aux paroles calmes que vous avez
prononcées, Nous sommes incapables de répondre. Nous n’avons pas besoin de
nourritures Ni de boissons succulentes.
La nourriture devient excrément Et les boissons, urine. Les
liquides alimentent le sang Et le sang, la chair.
Ce mélange de nourriture et de boisson Ne nous est pas
nécessaire. Soieries, lainages et fins vêtements Sont inutiles.
Bracelets en or ne sont pas nécessaires,
Colliers de perles Et bagues ne le sont pas non plus. Toutes ces choses sont de
nature impermanente.
Nous sommes
de misérables créatures Qui ne souhaitons pas perpétrer la vie. Pour obtenir le
bonheur des dieux Et les dons de la doctrine, Seuls les amis spirituels sont
nécessaires ; Même les monarques universels ne le sont pas.
Quittant le continent des plaisirs
extrêmes, Le monarque universel devra aussi mourir. Ses fils ne le suivront pas,
Ni ses compagnes, ni ses filles.
Les sept sortes de substances précieuses Jamais ne le suivront. Les nombreuses
assemblées Jamais ne partiront à sa suite.
A ce moment, le précéder Ne sera guère possible non plus.
La vie des rois est impermanente Et s’écoule inutilement.
Ayant commis de nombreuses actions
négatives, Ils chutent ensuite dans l’enfer Lamentations. Dans les quatre
continents, ils étaient certes entourés Des pouvoirs miraculeux des sept
substances précieuses.
Mais
lorsque le mûrissement de Lamentations a lieu Où vont ces pouvoirs miraculeux ?
Ils n'ont pas la moindre terre, Il n’est pas possible d'engendrer des pouvoirs
miraculeux depuis la mort.
Aîné,
écoutez-nous ! Allez là où réside l'Ainsi-allé. Il est pour nous comme un père
et une mère. Faites en sorte de le voir.
Car nous n’avons ni mère, Ni père, ni frère. L'Ainsi-allé,
le maître du monde, Est vraiment le père et la mère, Le soleil et la lune.
Il montre la voie du bonheur. Il
ne renaîtra plus. Il libère les êtres du samsara. Il est le radeau qui sauve De
la grande peur qu'est la rivière des passions.
Il fait traverser les êtres Pour qu’ils ne reviennent
jamais. Il enseigne la pure doctrine Et montre l’éveil sublime.
Peu nous importe la nourriture, Et nous
ne voulons pas du fruit mondain. Nous ne voulons pas nous diriger vers les
enfers terrifiants Ni vers le monde des dieux.
La vie des êtres humains est une vie heureuse Où
apparaissent les omniscients. La vie est courte et ils l'ont gaspillée. Ils ont
commis des actions négatives avec leur corps.
Ils ne savent pas ce qu’est la mort, Ils ne connaissent que
les jouissances mondaines. Trompés par la naissance et par la mort,
Ils sont sans peur, les ignorants.
Leur esprit est perturbé et
changeant, Ils ne connaissent pas les propos subtils, Ne font aucune action
positive, Ne connaissent pas la sphère de la sérénité.
Sans aucune tristesse face à la
naissance, Ils renaîtront sans cesse, Endureront longtemps les souffrances.
Ayant toujours été punis et battus, Ils seront capturés,
Ligotés et tués. Escortés par leurs
fautes passées, Ils seront liés par les cinq chaînes.
Leurs espoirs seront brisés Et ils subiront douleurs et
misères. Au moment où cesse la conscience, Les lamentations seront poignantes :
“Qui me protégera ? J’offrirai
toutes mes possessions, Or, argent et cristaux. Je deviendrai un esclave Et
j'agirai comme tel, Faisant toutes les corvées. Je ne veux pas de jouissances
mondaines ; Peu m'importe richesses et grains. Je ne veux pas de ce corps Qui ne
se libère pas en commettant des fautes.”
Aîné, peu nous importe la nourriture, A nous aussi. Ces
rois qui mangent des mets délicieux Devront aussi mourir.
Les dieux qui boivent de savoureuses
boissons Devront aussi mourir. Les rois consomment des nourritures et des
boissons Dépourvus de toute substance.
Les rois si obsédés par les goûts Commettent tant de
fautes. Pourquoi s’attacher à des saveurs
Impermanentes et dénuées de toute substance ?
Nous ne voulons pas de nourriture, La
nourriture ne nous importe absolument pas. Comment nous délivrerons-nous de la
souffrance ? La nature de l’existence ne nous importe pas davantage.
Nous voulons nous libérer des attaches,
Nous voulons nous libérer des passions. Afin de nous libérer de toute attache,
Nous voulons prendre refuge en l'Eveillé.
Le grand sage, le protecteur du monde, Nous voulons lui
rendre hommage. Vous qui voyez la souffrance des êtres, Nous ne connaissons pas
votre nom,
Veuillez nous le dire
!
Bhaishajyasena répliqua :
– Comme tous les êtres, vous
aussi Souhaiteriez entendre ce nom. L'Ainsi-allé est entouré Par un milliard de
jeunes.
Ils déclarèrent :
– Vous êtes un disciple de l'Eveillé.
Votre nom est profond et illustre. Tous les êtres pareillement, Souhaitent
entendre votre nom.
Il répondit :
– Mon nom est Bhaishajyasena. Je
suis le remède des êtres, Et, entre tous, je vous en exposerai Le meilleur.
Les êtres, souffrant de maladie,
Seront guéris de tous leurs maux. La maladie du désir-attachement Est une grande
maladie effroyable Qui ravage le monde.
La puissante maladie de l’aveuglement Egare les êtres sans
jugement Et les conduit dans les enfers, Les mondes des animaux ou des esprits
avides.
Les puérils, saisis par
l’aversion, Seront pareillement pacifiés.
Ils déclarèrent :
– L'écoute de la sainte doctrine Nous libère de toute
souffrance.
Les puérils,
ignorants, Délivrés de toute souffrance, Abandonneront toute action négative.
Toute action négative abandonnée, Les effroyables peurs le seront aussi : Nous
entendons l'offrande de la doctrine.
Le médicament, le roi des remèdes, Apaise toute maladie
Guérit toute souffrance. Nous verrons bien vite l'Eveillé.
Aîné, partez vite ! Allez rendre hommage
à l'Eveillé! Respectueusement, rapportez nos paroles Au maître du monde, Et
apaisez cette maladie !
Notre
corps tout entier est en feu Il brûle sans répit. Apaisez cet effroyable feu. Le
fardeau du corps est un grand fardeau, Une charge épouvantable, un aiguillon.
Envers nous que la douleur tourmente Soyez compatissant, sublime ascète !
Les êtres, perpétuellement opprimés,
Portent le fardeau de l’ignorance et de l’aversion,
Sans savoir comment s’en libérer. Ils le portent
continuellement,
Sans connaître
la voie de la libération,
Sans
voir la voie de la libération, Mais sans pourtant avoir peur du moment Où la
conscience de la mort apparaît.
Nous imaginons que la mort jamais ne survient Illusionnés, (nous pensons) ne pas
mourir. Même ayant vu la mort, Nous n'en avons pas conscience.
De notre père même nous n'avons pas le
souvenir, (Nous sommes) continuellement frappés par la maladie Et troublés par
les passions. Comme de la nourriture absorbée, Des chaînes de la douleur nous
sommes inconscients Et notre fatigue est inutile.
De telles souffrances Reposent sur l’ignorance, La
conscience, la notion et la sensation.
Grandes sont les peurs du lourd fardeau Pour ceux qui n’ont
pas conscience de la doctrine. Errant avec stupidité et désir, Tourner dans le
monde avec le fardeau du corps C'est être né inutilement.
Qu’adviendra-t-il de ce corps Qui a
besoin de bains, d’onguents, De vêtements propres et extrêmement fins, De
nourritures savoureuses ?
Les
oreilles entendent les sons plaisants Des cinq sortes d’instruments. Les yeux
s’attachent aux formes Produites par les sept substances précieuses.
La langue, elle aussi, goûte A toutes
les saveurs délicieuses. Le corps ressent toujours Le contact doux et délicat.
Ce corps achevé à partir de la
joie De deux chairs, Né insensible, Qui le contentera ?
“Je donne du confort à ses jambes, Par
des chaussures et des vêtements, Mais au moment de la mort, Vêtements et
onguents ne le protégeront pas. Si le corps n'est pas non plus un refuge, Que
dire alors des vêtements et onguents ?
Ce corps dit humain Reçoit la grande force de la
respiration, Le pouvoir de l’écoute et du discernement.
Ce corps possède de grandes
dispositions.
Jadis, entouré de
chevaux et d’éléphants, Il jouait et vagabondait Sans connaître la doctrine de
l’émancipation. A quelles actions négatives étais-je attaché ?
Sans connaître le monde ultérieur, Je
m’engageais dans des frivolités nuisibles. Je renaissais sans cesse, Et sans
cesse la mort venait.
Sans cesse
je vois la misère, Je vois mourir des mères Qui se lamentent, Je vois mourir des
pères, des parents, Des fils et des filles. Je vois aussi mourir des épouses.
Puisque toute formation est vide,
A quel être animé s'attacher ? L’esprit tenu par le désir, Sur qui convient-il
de m'appuyer ?
On ne peut prendre
plaisir à mourir. L'esprit souillé par le désir, Je n’ai donné aucune offrande.
Aucune faute n'égale le désir (Pourtant) à présent, je ne m'en détourne pas.”
Nous sommes nés avec toutes les
erreurs. Tous les êtres vivants entendent Le son des richesses et des biens,
Mais ils ne saisiront pas la pure doctrine.
Le corps ne portera jamais la charge De chercher et de
contempler la libération. Pour le bien du monde, que viennent Les Seigneurs des
migrants, les Maîtres, les Eveillés !
L'Eveillé est le père et la mère du monde L'Eveillé montre
la voie Et fait tomber une pluie de gemmes Partout dans notre monde.
Les puérils ne savent pas A quoi
ressemble l'agrégat de la doctrine. En dirigeant son esprit vers l’éveil, On
obtiendra l'agrégat de la doctrine.
Tous les facteurs composés sont vides, Jouir des biens est
également vide. Le soi doit aussi être perçu comme étant vide. L’ayant vu, on
doit être sans désir.
Bhaishajyasena l’Aîné, Vous écoutez nos paroles. Aux bodhisattvas, nous
souhaiterions Que vous transmettiez ce message :
“Se souvenant des maux du samsara, Les bodhisattvas ne sont
jamais las. Ils possèdent enthousiasme et grand ascétisme, Ils sont le creuset
de toutes les qualités.”
Allez où
réside l’Instructeur L’Instructeur bienheureux et éveillé, Le Vainqueur sans
lassitude aucune. Implorez-le pour nous :
“Vous avez triomphé de Mara Et annihilé son pouvoir. Vous
avez promptement fait briller la doctrine Qui se saisit de tous les êtres.”
Cette doctrine qui fait les
Eveillés. Nous ne l'avons pas entendue Pour notre profit, Introduisez-nous au
plus vite !
Nous n’avons pas vu
l'Ainsi-allé Pourvu des trente-deux marques, Ainsi, n’avons-nous pas traversé.
Avec respect, nous le saluons tous.
Bhaishajyasena répondit :
– Levez les yeux un bref instant et voyez !
Ils levèrent les yeux et virent Trois
mille cinq cents pavillons Ornés des sept types de gemmes Et magnifiquement
décorés d'un lacis de bijoux. Le centre en était jonché de fleurs, Et parsemé de
substances divines et d’encens.
Les jeunes demandèrent alors à l’Aîné : – Pourquoi voyons-nous apparaître Ces
pavillons ornés de bijoux entrelacés Et disposés comme les étamines d’un lotus ?
Bhaishajyasena déclara :
– Ces habitations sont pour vous, Pour
vous permettre de voir l'Eveillé, D’aller où se trouve le Maître qui a
transcendé le monde, Là où réside la Lumière du Monde.
Ils dirent :
– Nous ne connaissons pas le chemin Et ne voyons pas
l'Ainsi-allé. Nous ne savons pas où est la voie. Où faut-il aller pour lui
rendre hommage ?
Bhaishajyasena
répondit : – De même qu'on ne peut réellement atteindre l’espace infini, On ne
peut pas aller Rendre hommage à l’Instructeur Qui octroie l’immortalité.
Là où se trouve le Mont Sumeru,
L’instructeur demeure aussi. L'Eveillé est semblable au Mont Sumeru
Et au grand océan si profond.
En nombre égal aux minuscules grains de
poussière du trichilio mégachiliocosme, Les bodhisattvas, venus des dix
directions, Ne sachant où l'Eveillé était apparu, Vénèrent la Lumière du Monde.
Ils répliquèrent :
– Exaucez nos souhaits Nous voulons en
esprit rendre hommage Au maître, puis atteindre les fruits.
Bhaishajyasena dit :
– Celui qui délivre du conditionné, Et
appréhende la cause des êtres N’est pas attaché à l’encens, Aux guirlandes de
fleurs ni aux onguents.
Prenez
refuge en l'Eveillé, Dont l’esprit est maîtrisé. Le mara le plus redoutable Ne
le combattra pas.
Ainsi, sera
vite obtenu le dharani Qui empêche la soumission à la mort. L’esprit, devenu
très fervent, Verra alors l’Instructeur.
Puis le Vainqueur transcendant, l'Ainsi-allé, fit un
sourire aussi doux que le chant du coucou.
Alors, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena se leva
de son siège et, joignant respectueusement les mains devant l'Ainsi-allé,
s’adressa à lui :
– Vainqueur
transcendant, quelle est la cause, quelle est la raison du sourire manifesté par
le Vainqueur transcendant et des quatre-vingt-quatre mille rayons de lumière qui
apparurent de la bouche du Vainqueur transcendant ? Le trichilio mégachiliocosme
fut empli par ces rayons lumineux, les trente-deux grands enfers en furent
également emplis, même les trente-deux domaines des dieux brillèrent. Ces rayons
aux couleurs variées – bleues, jaunes, rouges, blanches, coquelicots, irisées,
argentées et autres – émanèrent de la bouche du Vainqueur transcendant,
attisèrent le bonheur des êtres dans tous les univers du trichilio
mégachiliocosme ; ils revinrent pour tourner par sept fois autour du Vainqueur
transcendant, avant de se résorber au sommet de sa tête.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena dit encore au Vainqueur transcendant :
– Si l’occasion m’en était donnée, j’aimerais poser une
question au Vainqueur transcendant, l'Ainsi-allé, le Destructeur-de-l'ennemi,
l'Eveillé parfaitement accompli.
Le Vainqueur transcendant répondit alors au bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena :
–
Bhaishajyasena, pose les questions que tu souhaites. J’y répondrai, et mon
explication réjouira ton esprit.
– Vainqueur transcendant, lorsque les trente milliards de jeunes eurent compris
les subtilités de l’enseignement du Vainqueur transcendant, ils dirent aux
anciens : “Anciens, vous ne connaissez pas la doctrine. Toujours vous vous
attachez à ce qui n'est pas la doctrine et à la non-vertu. Ainsi, vous ne
considérez pas qu'on y trouve des subtilités et vous critiquez les autres.”
Vainqueur transcendant, pourquoi prononçaient-ils des mots si plaisants et
agréables ?
– Bhaishajyasena, ne
sais-tu pas pourquoi ils s’exprimaient par ces mots. Ils adressaient ces mots
doux et plaisants à l'Ainsi-allé. Bhaishajyasena, en entendant la doctrine, ils
garderont à l’esprit le sens des toutes les doctrines, seront pourvus de toutes
les qualités et comprendront les dharanis. Ils s'établiront ultérieurement dans
les dix terres. Aujourd’hui, ils feront retentir le grand tambour de la
doctrine. Aujourd’hui, ils posséderont le système de la grande doctrine.
Bhaishajyasena, vois-tu ces pavillons ?
– Oui Vainqueur transcendant, je les vois ! Oui Allé en
félicité, je les vois !
–
Bhaishajyasena, aujourd’hui, après avoir pénétré dans ces pavillons, ces jeunes
obtiendront une compréhension claire de la doctrine. Aujourd’hui même, ils
deviendront pleinement accomplis en toutes les qualités vertueuses. Aujourd’hui,
ils feront retentir le grand tambour de la doctrine. Aujourd’hui, de nombreux
dieux recevront une compréhension claire de la doctrine. Après avoir entendu
l’exposé de la parfaite sagesse de l'Eveillé, de nombreux êtres qui on chuté
chez les êtres des enfers détruiront le samsara et seront victorieux. A ce
moment-là, les quatre-vingt-dix milliards d'anciens obtiendront le fruit de
l’entrée dans le courant. Ils détiendront tous la doctrine. Bhaishajyasena, ils
abandonneront pleinement la souffrance. Bhaishajyasena, ils accompliront la
vision de l'Ainsi-allé. Bhaishajyasena, tous détiendront aussi le son de la
grande doctrine. Bhaishajyasena, regarde aux quatre directions.
Le bodhisattva, le grand être
Bhaishajyasena, observa les directions. Venant de l’est, il vit des bodhisattvas
en nombre égal aux grains de sable de cinquante millions de fleuves Gange.
Venant du sud, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de
soixante millions de fleuves Gange. Venant de l’ouest, il vit des bodhisattvas
en nombre égal aux grains de sable de soixante-dix millions de fleuves Gange.
Venant du nord, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de
quatre-vingt millions de fleuves Gange. Venant du nadir, il vit des bodhisattvas
en nombre égal aux grains de sable de quatre-vingt-dix millions de fleuves
Gange. Venant du zénith, il vit des bodhisattvas en nombre égal aux grains de
sable de cent millions de fleuves Gange. Arrivés en présence du Vainqueur
transcendant, ils s’installèrent de part et d’autre du Vainqueur transcendant.
Alors le bodhisattva, le grand
être Bhaishajyasena demanda au Vainqueur transcendant :
– Vainqueur transcendant, quelles sont
ces formes rouge et noire qui apparaissent là, dans le ciel ?
– Bhaishajyasena, ne sais-tu pas ce que
sont ces formes rouge et noire ? L'Ainsi-allé le sait. Bhaishajyasena, il s’agit
des maras. Bhaishajyasena, veux-tu les voir ?
– Oui Vainqueur transcendant, je le veux ! Oui Allé en
félicité, je le veux !
–
Bhaishajyasena, pareillement, des bodhisattvas en nombre égal aux grains de
sable de cent millions de fleuves Gange sont arrivés.
– Vainqueur transcendant, par quelle cause, pour quelle
raison, ces bodhisattvas sont-ils arrivés ?
– Bhaishajyasena, ils sont venus en raison de ces jeunes.
Tous ces êtres posséderont la doctrine de la méditation. Bhaishajyasena, vois-tu
ces nombreuses masses d’êtres qui sont arrivées jusqu’ici, bénies par la force
de divers pouvoirs miraculeux. ?
– Je vois des bodhisattvas en nombre égal aux grains de sable de cent millions
de fleuves Gange, et des bodhisattvas en nombre égal à cent mille milliards de
fleuves Gange, demeurant dans les pouvoirs miraculeux, demeurant dans diverses
formes, diverses couleurs et divers aspects. Et je vois que ces bodhisattvas
demeurent dans l’état de la noble doctrine, et que ces bodhisattvas sont établis
dans la doctrine en compagnie de leur entourage.
Le Vainqueur transcendant s’étant ainsi exprimé, le grand
être Sarvashura, le bodhisattva, le grand être Bhaishajyasena, tous les
bodhisattvas anciens et jeunes, et tous ceux qui étaient présents avec leur
entourage :
dieux, hommes, dieux
jaloux et musiciens célestes se réjouirent et louèrent les paroles du Vainqueur
transcendant.
Ainsi s’achève le noble Discours de Sanghata, composition de la doctrine.