Soutras

Retour

Menu

Bodhicharyavatara ou Voie vers l'éveil

composée par Shantideva

1- Les bienfaits de l'Esprit d'Eveil


1a Respectueusement, je me prosterne

Devant le Corps de Vérité des Sougatas,

Devant leurs enfants, les Bodhisattvas

Et devant tous ceux dignes d'hommages.

1b Ici. je présenterai une synthèse des voies d'engagement

Dans les voeux des bodhisattvas,

Conformément aux enseignements.

 

2 Rien n'est exposé ici qui ne l'ait déjà été

Et je ne suis pas habile dans l'art de composer.

Aussi, ai-je entrepris ceci dans le but d'en imprégner

Mon propre esprit et non pour éclairer les autres.


3 M'accoutumant ainsi à ce qui est vertueux,

La puissance de ma foi ira en croissant un temps.

Si d'autres, aussi heureux que moi, lisent ces lignes,

Eux aussi s'imprégneront de leur sens.

 

4 Les libertés et les richesses sont difficiles à obtenir,

Elles donnent à la condition humaine toute sa valeur,

Mais, si je n'en tire pas profit, comment à l'avenir

Obtenir des conditions qui soient aussi parfaites?

 

5 Tout comme dans une nuit assombrie pas les nuages,

Un éclair illumine tout l'espace d'un instant,

Dans ce monde, par le pouvoir des Bouddhas,

Une pensée positive apparaît fugitivement.


6a Pour cette raison, la vertu est toujours faible

Et les forces du mal sont intenses et inépuisables.

6b Quelle autre vertu aurait raison d'elles

Hormis le parfait esprit d'éveil?

 

7 L'ayant contemplé durant des éons,

Tous les Mounis en ont vu les bienfaits;

C'est par lui que la foule illimitée des êtres

Atteindra rapidement l'état de félicité suprême.

 

8 Quiconque désire vaincre l'immense détresse du monde,

Eloigner la souffrances des êtres

Et jouir d'un bonheur infini,

Ne doit jamais se détourner de la pensée d'Eveil.

 

9 Dès qu'ils auront produit la pensée d'Eveil,

Les malheureux emprisonnés dans l'existence cyclique

Seront appelés les "Enfants des Allés-en-la-Joie";

Ils seront vénérés dans le monde par les humains et les dieux.

 

10 Comme l'élixir suprême qui transforme tout en or,

Elle transformera ce corps impur que nous avons pris

En corps de Victorieux, joyau infiniment précieux.

Gardez donc fermement cette pensée d'Eveil.


11 Puisque l'unique guide des êtres, ayant, par son esprit illimité

Mené une observation excellente et complète, l'a reconnu précieux,

Que ceux désirant se libérer des demeures mondaines

Gardent résolument ce précieux esprit d'Eveil.

 

12 Tel le bananier qui a donné son fruit

Toutes les autres vertus s'épuisent.

Mais l'arbre de l'esprit d'Eveil toujours fructifie

Et croît sans s'épuiser.

 

13 En me reposant sur elle, comme lorsque mû par la peur,

Je me reposerai sur un être courageux. Aussitôt je serai libéré,

Même si j'ai commis des crimes incommensurables.

Pourquoi alors, les êtres vigilants ne se consacrent-ils pas à elle?

 

14 Elle est comme le feu à la fin d'un éon

Qui consume toute le mal en un instant.

Le Protecteur, Maitreya le Sage,

Enseigna à Soudhana ses bienfaits innombrables.

 

15 En bref, il nous faut savoir

Que l'esprit d'Eveil a deux aspects:

L'un est l'esprit d'aspiration à la plénitude,

l'autre, l'esprit d'engagement vers la plénitude.

 

16 Ainsi qu'est bien connu la différence

Entre le désir de partir et la mise en route,,

De même les sages se doivent de connaître la différence

Entre l'aspiration et l'engagement.

 

17 Bien que l'esprit d'aspiration à l'Eveil

Porte beaucoup de fruits dans l'existence conditionnée,

Il ne se produit pas un flot incessant

De mérites, comme l'esprit d'engagement.


18 Pour celui, qui en lui éveille parfaitement

Cet esprit déterminé à ne jamais renoncer

A complètement libérer

toutes les sortes d'êtres, dans leur infinité,


19 A partir de ce moment,

Même s'il est endormi ou insouciant,

Continuellement surgira

Une force de mérites vastes comme l'espace.

 

20 Pour tous ceux qui aspirent au véhicule inférieur

Toutes ces raisons ont été données

Par le Tathagata lui-même,

Dans le discours requis par Subahu.

 

21 Si la pensée de délivrer les êtres

D'un mal de tête seulement,

Est une pensée si salutaire

Qu'elle fait amasser des mérites inconcevables,

 

22 Que dire alors de ce souhait

De libérer chacun de sa souffrance infinie

Et de ce voeu que tous les êtes

Obtiennent des qualités illimitées?

 

23 Qui est capable du désir

De faire le bien à un tel degré?

Nos père et mère, les dieux, les ermites

Ou même le grand Brahma lui-même?

 

24 Si, même en rêve, ils n'ont jamais pu

Avoir ce désir pour eux-mêmes,

Comment les être pourraient-ils

Le développer pour autrui?


25 Une telle pensée d'être bénéfique aux êtres

Et que les autres même pour eux-mêmes n'ont pas conçue,

Est une pensée infiniment précieuse.

Sa naissance dans l'esprit est une splendeur sans précédent.

 

26 Comment prendre la pleine mesure

Des mérites que recèle cet esprit précieux,

Cause de toutes les joies du monde,

Elixir apaisant toutes les souffrances des êtres.

 

27 Si la simple pensée d'être bénéfique

Est supérieure à l'offrande à Bouddha,

Que dire de l'effort qui tend à établir

Tous les êtres sans exception dans le bonheur?

 

28 Pourtant désireux d'échapper à la souffrance,

En réalité, ils se précipitent vers elle.

Bien qu'ils cherchent le bonheur, dans leur ignorance,

Ils le détruisent comme s'il était un ennemi.


29 Mais, quiconque est privé de bonheur,

De multiples souffrance est accablé.

L'esprit d'Eveil le comble de toutes les joies

Et le libère de toutes les douleurs.

 

30 Il dissipe même l'ignorance.

Ou trouver une telle vertu?

Ou trouver un tel ami?

Ou trouver de tels mérites?

 

31 Si l'acte de rendre une bonne action

Est digne de quelques éloges,

Que dire alors du Boddhisattva

Qui fait le bien sans se faire prier?

 

32 Que celui qui donne parfois à quelques êtres

Avec mépris, un peu de maigre nourriture

A peine suffisante pour une demi-journée,

Est honoré par le monde comme un être vertueux,

 

33 Que dire alors de la générosité de celui

Qui, sur de longues années, mène des êtres innombrables

Vers l'insurpassable félicité des Sougatas

Et qui satisfait ainsi tous leurs espoirs?

 

34 Quiconque nourrit des pensées malveillantes

Envers de tels bienfaiteurs, les Enfants des Vainqueurs,

Séjournera aux enfers pour autant d'éons

Qu'il a eu de pensées, a dit le Mouni.

 

35a Par contre, en faisant naître un état d'esprit élevé,

Les fruits de celui-ci se multiplieraient bien plus.

35b Quand les bodhisattvas rencontrent d'importants obstacles,

Dans leur esprit ne surgit rien de mal;

Leurs vertus naturellement s'accroissent.


36 Devant le corps de celui où est née cette précieuse

Et sublime aspiration l'esprit, je me prosterne.

Il apporte le bien-être même à ceux qui lui nuisent.

En cette source de bonheur, je prends refuge.

***********

2 - Révélation du Mal

 

1 Pour maintenir cet esprit précieux,

De tout mon coeur, je fais des offrandes

Aux Tathagatas, au Saint Dharma et aux Trois joyaux

Et aux enfants des Vainqueurs, océans de qualité.

 

2 Toutes les fleurs et tous les fruits,

Toutes les sorte de médecine,

Tous les bijoux existants de par le monde

Et des eaux pures rafraîchissantes,


3 Des montagnes faites de pierres précieuses,

Des verts bocages, des sites tranquilles et joyeux,

Des arbres célestes parés de fleurs,

Des fruitiers ployant sous le poids des fruits,


4 Des encens, des parfums de célestes royaumes,

Des arbres de gemmes et ceux qui exaucent les souhaits,

Des lacs et des étangs ornés de lotus,

Où résonne le chant mélodieux des cygnes,

 

5 Des récoltes spontanées et tous les ornements

Qui sont dignes d'être offerts,

Tout ce que contiennent les sphères illimitées de l'espace,

Tout ce qui n'appartient à personne:

 

6 Je crée tout cela dans mon esprit et je l'offre

Aux Bouddhas et à leurs Enfants, suprêmes parmi les êtres:

Vous les Tout-compatissants, source de toutes les qualités,

Regardez-moi avec bonté et acceptez ces offrandes.


7 Etant pauvre et dépourvu de mérites,

Je n'ai rien d'autre à vous offrir.

Vous, les protecteurs qui souhaitez le bien des êtres,

Acceptez ceci pour mon bien, grâce à vos pouvoirs.


8 Aux vainqueurs et à leurs Enfants,

J'offrirai tous mes corps.

Vous, les héros suprêmes, acceptez-moi;

Respectueusement, je me soumets à vous.

 

9 Etant parfaitement sous votre protection,

Sans craindre l'existence, je serai utile aux êtres.

Je surmonterai tous mes anciens actes négatifs,

Et je n'en commettrai plus d'autres.


10 Dans des salles de bains délicieusement parfumées,

Au sol de cristal d'un éclat scintillant,

Aux piliers resplendissants de joyaux,

Aux baldaquins parés de perles chatoyantes


11 Je prie les Tathagatas et leurs Enfants

De venir, au son de musiques et de chants,

Laver leur corps avec des eaux parfumées et pures,

Déversées de nombreux vases précieux.

 

12 Je sèche leurs corps avec les linges incomparables,

Immaculés et imprégnés de parfum.

J'offre à ces sublimes êtres des habits aux couleurs

Ravissantes et parfumés de senteurs délicieuses.


13 Avec des étoffes variées, fines, douces et délicieuses

Et des centaines d'ornements suprêmes,

Je pare les Aryas Samantabhadra, Manjusgosha,

Avalokiteshvara et les autres.

 

14 Avec des parfums exquis dont l'odeur

Se répand dans les milliards de mondes

Tout comme l'on polit l'or pur et raffiné

J'oins les corps rayonnants de tous les Munis.


15 A tous ces bouddhas hautement dignes d'offrandes,

J'offre les fleurs odorantes, telles le mandara

L'utpala et le lotus, des guirlandes

Ravissantes et agréablement disposées.


16 Je leur offre des encens, dont le parfum

Enivrant se répand en une masse de nuages

Ainsi que des nourritures célestes,

Composées de mets et de boissons variés.


17 J'offre également des lampes précieuses sublimes,

Disposées sur des fleurs de lotus dorées,

Sur le sol aspergé d'eau parfumée,

Je répands des pétales de fleurs délicats.


18 A eux qui sont la nature de la Compassion,

J'offre des palais incomparables, résonnants d'éloges,

Scintillants de perles et de gemmes suspendus,

Ornant les étendues dans limites de l'espace.


19 De belles ombrelles précieuses, au manche doré,

Au pourtour ornementé de façon exquise,

Elégantes et droites et dont la vue ravit l'esprit,

Je les offre toujours aux puissants Mounis.


20 De plus, puissent des masses d'offrandes

Résonnant de musiques douces et mélodieuses

Demeurer chacune, comme des nuages

Apaisant la misère des êtres


21 Sur tous les joyaux du parfait Dharma,

Sur les reliquaires et les statues

Puisse une pluie de fleurs et de pierres précieuses

Tomber sans jamais cesser.


22 Tout comme les Manjougosha et les autres

Ont fait des offrandes aux Victorieux,

Moi aussi, je fais des offrandes

Aux Tathagatas, Protecteurs et Boddhisattvas.


23 A la gloire de cet océan de qualités

Je chante un océan de louanges mélodieuses.

Puissent ces douces nuées de chants élogieux

Sans cesse remonter vers eux.


24 Devant tous les Bouddhas de trois temps,

Devant le Dharma et l'assemblée suprême,

Avec autant de corps qu'il y a de particules

Dans cet Univers, je me prosterne.


25 Devant tous les fondements de l'esprit d'Eveil

Devant tous les reliquaires, je me prosterne.

25a Devant tous les abbés et les grands précepteurs,

Devant les nobles pratiquants, je me prosterne.

 

26 Jusqu'à ce que j'aie atteint l'Eveil,

Dans tous les Bouddhas, je prend refuge.

Dans le Saint Dharma et l'assemblée des Boddhisattvas

Egalement je prends refuge.


27 Les mains jointes en prière,

Je supplie les Bouddhas et les Boddhisattvas

Résidant dans toutes les directions

Et possédant la grande Compassion.


28 Au cours de l'existence cyclique sans commencement,

Dans cette vie, comme dans toutes les autres,

Malgré moi, j'ai fais tant de mal

Ou l'ai fait commettre par d'autres.


29 Accablé par la confusion et l'aveuglement,

Je me suis réjoui de tout cela.

Maintenant, je perçois ces erreurs

du fond du coeur, je les confesse aux Protecteurs.


30 Tout le mal commis envers les trois Joyaux,

Envers mes parents, mes maîtres ou autres

Par mon corps, ma parole ou mon esprit

Sous l'influence des perturbations.


31 Tous les méfaits insupportables

Que j'ai commis, moi qui suis entaché

De tous ces multiples vices

Je les confesse aux Guides de tous les êtres.


32 Il se peut, cependant, que la mort m'atteigne

Avant d'avoir purifié mes fautes.

Protégez-moi, je vous en prie, pour que j'en sois

Libéré rapidement et sûrement.


33 Le Seigneur de la Mort,

Indigne de confiance,

Que mon travail soit fait ou non, ne m'attendra pas;

Cette vie éphémère n'est pas fiable.

 

34 Quittant tout, je dois partir seul.

Mais n'ayant pas compris ceci,

Pour ceux qui sont mes amis ou qui ne le sont pas,

J'ai commis toutes sortes de méfaits.


35 Ceux qui ne sont pas mes amis ne seront plus rien

Et ceux qui sont mes amis non plus.

Moi-même je ne serai plus rien;

De même rien ne sera plus.


36 Comme une expérience en rêve,

Toutes les choses auxquelles je prends plaisir

Ne seront plus que du domaine des souvenirs;

Je ne verrai plus ce qui est du passé.


37 Même dans cette vie si brève,

Beaucoup d'ennemis et d'amis font partie du passé.

Il reste cependant à affronter

Tous les méfaits insoutenables commis envers eux.


38 Ainsi, n'ayant pas compris que je ne suis que de passage,

J'ai commis de nombreux méfaits

Sous l'emprise de l'ignorance,

De l'attachement et de l'aversion.


39 Nuit et jour sans répit,

Cette vie s'écoule d'une manière continue

Et ne se rallonge pas.

Pourquoi moi, échapperai-je donc ainsi à la Mort ?


40 Bien allongé dans mon lit,

Bien qu'entouré par la famille et les amis,

Je dois faire tout seul l'expérience

De sentir la vie me quitter.


41 Lorsque les messagers de la Mort me saisiront,

A quoi bon les amis, à quoi bon la famille.

Seuls alors les mérites me protègent,

Mais je ne les ai pas accumulés.


42 Ô Protecteurs, moi qui suis si négligeant,

Inconscient de telles terreurs,

J'ai commis tant de méfaits

Pour cette vie impermanente.


43 Si le condamné qu'on emmène pour lui couper un membre

A ce moment même est terrorisé, si sa bouche est sèche,

Ses yeux affreux creusés dans leurs orbites

Et s'il est devenu méconnaissable,


44 Que dire alors de celui complètement terrassé

Par la maladie de la grande panique

Quand il est saisi par les formes incarnées

Des effroyables messagers de la Mort ?


45 Qui pourrait me protéger

Réellement de ce grand effroi?

Terrorisé, les yeux exorbités,

Je chercherai un refuge dans les quatre directions.


46 N'y voyant aucun recours,

Je sombrerai dans une totale affliction.

S'il n'y a là aucune protection,

Alors, que pourrai-je bien faire ?


47 C'est pourquoi je prends refuge dès aujourd'hui

Dans les Victorieux, les Protecteurs,

Ceux qui s'évertuent à protéger les être

Et, par leur grand pouvoir, anéantissent toutes peurs.


48 Je prends refuge aussi, de tout mon coeur,

Dans le Dharma qu'ils ont réalisé

Et qui supprime les peurs de l'existence cyclique

Ainsi que dans l'assemblée des Boddhisattvas.

 

49 Eperdu de crainte,

Je me donne à Samantabhadra!

A Manjougosha également,

Je fais offrande de mon corps.


50 Au Protecteur Avalokiteshvara,

Lui qui agit avec une compassion infaillible

J'adresse une lamentation, en m'exclamant:"

"Protégez le scélérat que je suis!"


51 Cherchant une protection,

De tout mon coeur, j'implore

Les Aryas Akashagarbha, Ksitigarbha

Et tous les autres protecteurs compatissants.


52 Je prends refuge en Vajrapani,

A la vue duquel les messagers de la Mort

Et les autres, terrifiés,

S'enfuient dans les quatre directions.

 

53 Dans le passé, je n'ai pas observé vos conseils,

Mais, maintenant à la vue de cette tourmente,

En prenant refuge en vous de tout mon coeur,

Je prie pour que la peur soit rapidement anéantie.


54 Si, frappé par une maladie courante,

Il faut agir selon les prescription du médecin,

Que dire alors de cette nécessité

Quand sans cesse nous attaquent

Les centaines de maux de l'attachement et autres ?


55 Si, tous les êtres vivants de par ce monde

Pouvaient être anéantis par un seul de ces maux-là

Et si, pour les guérir aucun autre médicament

Ne pouvait être trouvé dans tous les coins de l'Univers


56 Alors, l'attitude de ne pas suivre les conseils

Donnés par les médecins omniscients

Pour guérir toutes les détresses

Témoignerait d'une ignorance énorme et méprisable.


57 S'il y a déjà lieu de prendre garde

En côtoyant un petit précipice ordinaire,

Que dire alors de ce précipice insondable,

Béant d'une profondeur de mille lieues


58 Il est inconvenant que je m'amuse

En me disant "Ce jour-ci, je ne mourrai point".

Car le moment où je ne serai plus

Viendra immanquablement.


59 Qui peut m'accorder les états sans peurs?

Comment me libérer de tout ceci avec certitude?

S'il est certain que je ne serai plus,

Comment puis-je avoir l'esprit tranquille ?


60 Les expériences du passé sont terminées;

Que me reste-t-il maintenant?

A cause de mon attachement passionné à tout cela,

Je suis allé à l'encontre des conseils du Maître.

 

61 Si, ayant quitté mes parents, mes amis et même la vie,

Je dois faire face tout seul à un destin incertain,

A quoi donc peuvent nous servir

Ceux qui sont nos amis et ceux qui ne le sont pas?


62 Comment me délivrerai-je définitivement

De la non-vertu, source de souffrance?

Nuit et jour, continuellement

Je ne devrai songer qu'à cela.


63 Toutes les actions négatives que j'ai bien pu commettre,

Par méprise ou aveuglement,

Que ce soient des actions négatives par nature

Ou de véritables transgressions,


64 Tout cela, je le confesse,

En la présence des Protecteurs

Me prosternant encore et encore, les mains jointes

L'esprit terrifié par les souffrances.


65 Que tous les Guides du monde entendent,

Clairement, mes fautes et mes erreurs.

Comme ces actions ne sont en rien positives,

A l'avenir, je ne les commettrai plus.

***********

3 - Adoption de l'esprit d'Eveil

 

1 Je me réjouis, de tout coeur, de la vertu apaisant

Les supplices des habitants des royaumes inférieurs,

Etablissant dans le bonheur

Tous les êtres qui subissent la souffrance.


2 Je me réjouis des vertus accumulées, cause de l'Eveil.

Je me réjouis de ce que les être incarnés

Soient définitivement libérés

Des misères de l'existence cyclique


3 Je me réjouis de l'Eveil de ceux qui nous protègent

Et des niveaux spirituels des Enfants du Vainqueur.


4 De l'océan de vertus que crée la génération

De l'esprit de l'Eveil, source de bienfaits pour tous les êtres

Et aussi des oeuvres qui leur sont profitables,

Avec une grande joie, je me réjouis.


5 Les mains jointes, je supplie

Les Bouddhas de toutes les directions:

"Puisse le flambeau du Dharma éclairer tous les êtres

Qui vont en tâtonnant dans les ténèbres de la souffrance."


6 Les mains jointes, je supplie

Les Bouddhas désirant passer dans le Nirvana:

"Ne laissez pas les êtres errer comme des aveugles

Mais, veuillez demeurer pour des éons sans nombre".


7 Ainsi, puissent les vertus

Que j'ai accumulées ici

Eliminer entièrement

La souffrance de tous les êtres.


8 Que je sois le médecin et la médecine,

Que je sois l'infirmier aussi,

Tant que les êtres sont malades

Et jusqu'à ce qu'ils soient tous guéris.


9 Puisse une pluie de nourritures et de boissons tomber

Pour éliminer les ravages de la faim et de la soif.

Et pendant l'éon de la famine

Que je devienne moi-même boisson et nourriture.


10 Puissé-je devenir un trésor inépuisable

Pour les pauvres et dépourvus.

Que je devienne tout ce dont ils ont besoin

Et que cela leur soit facilement accessible.


11 Mon corps, mes biens et également

Toutes mes vertus des trois temps,

Je les donnerai sans aucun regret

Pour accomplir le bien de tous les êtres.


12 Tout donner au-delà de la souffrance;

Mon esprit atteindra cet état au-delà.

Comme je devrai tout abandonner de toute façon

Mieux vaut le donner aux êtres.


13 Ayant fait offrande de mon corps

A tous les êtres incarnés

Qu'ils en fassent toujours ce qu'ils en veulent:

Qu'ils le tuent, le battent ou le maudissent.


14 Même s'ils s'amusent avec mon corps

Ou qu'ils en fassent un objet de dérision

Puisque je le leur ai offert

A quoi bon le protéger?


15a Qu'ils disposent de mon corps selon leur volonté,

Pourvu qu'il ne soit source de nuisance.

15b Puissé-je ne jamais

Leur être inutile.


16 Que la colère ou le manque de confiance

Ressentis par certains envers moi,

Puissent toujours devenir pour eux la cause

D'accomplir tous leurs desseins.


17 Puissent ceux qui se moquent de moi,

Qui me font du mal ou encore m'insultent,

Tous avoir la bonne fortune

D'atteindre l'Illumination.


18 Que je devienne un protecteur pour ceux qui n'en ont pas

Et un guide pour ceux qui cheminent;

Pour tous ceux qui souhaitent traverser

Que je devienne barque, navire ou pont.


19 Que je devienne une île pour qui cherche une île,

Et une lumière pour qui désire une lumière,

Que je devienne une demeure pour qui cherche une demeure

Et un esclave pour qui désire un esclave.


20 Que je devienne un joyau qui accomplit les souhaits,

Vase précieux, médecine puissant ou mantra efficace.

Que je devienne l'arbre exauçant les souhaits,

Ou une vache satisfaisant les désirs des être.


21 Comme les grands éléments tels la Terre

Et l'espace, puissé-je toujours

Être une variété de supports

Pour la vie des êtres innombrables.


22 Puissé-je devenir ainsi tout ce qui répond

Aux besoins spécifiques des êtres,

Occupant les limites de l'espace

Jusqu'à ce qu'ils atteignent le nirvana.


23 De même que ceux Allés-en-la Joie

Ont engendré l'esprit d'Eveil

Et maintenu progressivement

Les pratiques des Bodhisattvas,


24 De même pour le bien de tous les êtres,

J'engendre l'esprit d'Eveil

Et je m'appliquerai à ces pratiques

Selon leur ordre progressif.


25 Voici donc comment les Sages,

Ayant saisi fermement cet esprit

Pour le développer plus encore,

Doivent glorifier l'esprit d'Eveil:


26 A présent ma vie a fructifié,

J'ai obtenu une précieuse existence humaine.

Aujourd'hui, je suis né dans la famille des Bouddhas;

Je suis devenu un Enfant des Bouddhas.


27 A partir de maintenant, que je ne fasse

Rien qui ne soit en accord avec ma famille;

Jamais, je ne dois altérer

Cette noble et pure lignée.


28 Comme un aveugle qui découvre un joyau

Dans un monceau d'ordures,

Ainsi est né en moi l'esprit d'Eveil,

Un événement extrêmement rare.


29 Il est le nectar suprême,

Triomphant de la mort dans la transmigration.

Il est le trésor inépuisable

Eliminant la pauvreté des êtres.


30 Il est la médecine suprême

Apaisant les maladies du monde.

Il est l'arbre invitant au repos

Ceux errants, fatigués sur les chemins de l'existence.


31a Il est le pont universel qui laisse

Tous les êtres s'échapper des royaumes inférieurs.

31b Il est la lune croissante de l'esprit

Calmant la tourmente des perturbations.


32a Il est le grand soleil qui met une fin

Aux méprises et aux vues troubles de ce monde.

32b Il est le beurre quintessentiel, produit

Après barattage du lait du Dharma.


33 Puisque, pour ceux parcourants les chemins de l'existence,

Les transmigrateurs, hôtes désirant jouir du bonheur

Ceci est le moyen suprême menant à la félicité.

Par lui, ces hôtes d'honneur seront complètement rassasiés.


34 Aujourd'hui, en présence de tous les protecteurs,

J'invite tous les êtres à la félicité ultime

Et, en attendant au bonheur mondain,

Que dieux, demi-dieux, tous soient heureux.


*****************************

4 - L'attention


1 Les enfants des Vainqueurs ayant ainsi

Bien assimilé l'esprit d'Eveil,

Doivent s'évertuer toujours, sans indolence,

A ne pas s'écarter de l'entraînement.


2 Il est préférable de vérifier s'il faut exécuter ou non,

Même dans le cas où une promesse a été faite,

Ce qui est entrepris à la légère

Ou sans l'avoir, au préalable, mûrement réfléchi.


3 Mais, comment pourrais-je jamais revenir

Sur ce qui, dans la grande Sagesse,

A été examiné par les Bouddhas et leurs Enfants,

Ainsi que par moi-même, tant et tant de fois?


4 Si jamais, ayant fait une telle promesse,

Je ne mettais pas tout en oeuvre pour l'accomplir,

Trompant ainsi tous les êtres,

Quel genre de renaissance prendrais-je?


5 Il a été dit: qui a eu l'intention de donner

Même une toute petite chose

Et ne l'offre pas ou ne l'a pas offert,

Prendra naissance comme esprit affamé.


6 Si, après les avoir invités, du fond du coeur,

Au bonheur suprême,

Je trompe tous les êtres Comment accéderai-je aux destinées heureuses?


7 Les Omniscients, seuls, peuvent connaître

Les voies impénétrables des karmas

Qui font que ceux qui ont abandonné la pensée de l'Eveil

Atteignent quand même la Libération.

 

8 Pour les bodhisattvas, de toutes les chutes,

La plus lourde est bien celle-ci.

Car, si elle arrivait à se produire,

Le bien de tous les êtres serait compromis.


9 Quelque d'autre qui, ne serait-ce qu'un instant,

Obstruerait ou empêcherait leurs actions vertueuses,

Portant ainsi atteinte au bonheur de tous les êtres,

Ne verrait pas de fin à ses renaissances malheureuses.


10 Si, en détruisant le bonheur que d'un seul être,

Je porte atteinte à mon être même,

Alors que dire si je détruis le bonheur

De tous les êtres incarnés, infinis comme l'espace.


11 Donc, ceux qui alternent la force de la chute

Et la force de l'esprit d'Eveil,

Demeurent ainsi impliqués dans l'existence cyclique

Et, longtemps, seront empêchés d'atteindre les terres.


12 Ainsi, selon la promesse que j'ai faite,

Je dois m'exécuter respectueusement.

Si, désormais, je ne fais aucun effort,

Je tomberais de plus en plus bas.


13 Bien que soient passés les innombrables Bouddhas,

Ayant oeuvré pour le bien de tous,

Je n'ai pas profité de leurs soins,

A cause de mes propres errements.


14 Et si, néanmoins, je continue ainsi

Toujours et encore dans les renaissances misérables,

Je ferai l'expérience de la maladie, de la servitude,

De la mutilation, du dépeçage.


15 S'il est si rare qu'un Bouddha apparaisse,

Que j'obtienne la foi et un corps humain

Et que je sois capable de cultiver la vertu,

Quand trouverai-je encore ces opportunités?


16 Aujourd'hui, je suis en bonne santé,

J'ai de quoi manger et ne subis aucun tort,

Mais la vie est momentanée et trompeuse;

Ce corps ne m'est prêté que pour un seul instant.


17 Ce n'est pas par une conduite comme la mienne

Qu'on obtient de nouveau un corps humain.

Et si ce corps n'est pas obtenu,

J'accumulerai erreurs et non-vertus


18 Si je ne fais pas le bien

A l'heure où j'en ai l'opportunité

Que ferai-je, obnubilé

Par les souffrances des états infortunés?


19 Si je n'ai pas accompli le bien

Et que, par contre, j'ai accumulé les fautes,

Je n'entendrai pas même l'expression "états fortunés"

Pour des centaines de million d'éons.


20 C'est pourquoi le Vainqueur transcendant a dit:

La condition humaine s'acquiert aussi difficilement

Qu'une tortue de mer parvient à passer son cou

Dans l'orifice d'un joug ballotté sur le grand océan


21 Si, pour une faute d'un instant, on demeure

Durant un éon dans le lieu d'indicibles souffrances,

Comment parler de situations plaisantes

Pour les erreurs accumulées depuis toujours dans le Samsara.



22 Or, d'avoir été plongé dans cette souffrance totale

Ne suscite pas la Libération.

Car, au cours de cette expérience,

Naissent toutes sortes d'autres négativités.


23 Donc, si, ayant trouvé une telle liberté,

Je ne m'applique pas au bien,

Il n'y aurait pas duperie

Ni même de folie plus grande.


24 Et si, ayant compris cela,

Dans ma folie, je continue à être fainéant,

Au moment même de ma mort,

Une immense détresse s'élèvera en moi.


25 Alors si, pendant très longtemps mon corps est brûlé

Par les feux des enfers, si durs à supporter,

Le feux ardent d'un regret inépuisable

Tourmentera certainement mon esprit.


26 Si, ayant trouvé par un concours de circonstances, Cet état bénéfique, si difficile à obtenir,

Je me trouve encore une fois mené aux enfers

Alors que je possède la faculté de comprendre


27 C'est que je suis comme aveuglé par un sort

Et que mon esprit a cessé de fonctionner.

Même moi, je ne comprends pas quelle est cette folie;

Que se passe-t-il donc au-dedans de moi?


28 Mes ennemis, tels l'aversion et l'attachement,

N'ont ni jambes ni bras

Et ne sont ni braves ni intelligents


29 Tandis qu'ils habitent mon esprit,

A leur guise me faisant du mal, Sans m'irriter envers eux, je suis patient

Pourtant cette patience n'est pas louable mais blâmable.


30 Même ,si les dieux et dieux jaloux

Se dressaient tous contre moi en ennemis,

Ils ne pourraient me conduire ni ne me faire entrer

Dans le feu intolérable de l'enfer.


31 Mais les passions, ce puissant ennemi

Au contact duquel les cendres même

Du Mont Méru disparaîtraient,

En un instant, me jetteront dans ce brasier.


32 Aucun autre ennemi n'est capable

D'une vie aussi longue que mes ennemis,

Ces passions habitant en moi,

Dont l'extrême durée est sans commencement ni fin.


33 Tous ceux que j'honore et sers

M'apportent bonheur et profit.

Mais à qui les sert, les passions

N'apportant dans le futur que maux et peines.


34 Comment vivre dans le samsara heureux et serein,

Quand, dans mon coeur, sont solidement installés

Ces passions, ennemis de toujours, qui, à elles seules

Font croître l'amoncellement de mes malheurs?


35 Comment trouver le bonheur si, dans mon esprit,

Dans un réseau d'attachements, habitent

Les gardiens de la prison de l'existence cyclique,


36 Donc, je ne relâcherai mes efforts qu'au moment

Où ces passions, mes ennemies auront péri sous mes yeux,

Tout comme les orgueilleux enragés qui ne dorment point

Tant qu'ils n'ont pas lavé l'affront, même le plus minime.


37 Si, pendant, une bataille, désirant ardemment vaincre tous ceux

Que leurs passions mènent sans faille à la douleur de la mort,

Certains endurent la douleur d'être transpercés de fers

Et ne cèdent pas avant d'avoir eu raison d'eux,


38 Inutile de dire qu'au prix même de quantité de souffrances,

Je ne dois pas me décourager ou me relâcher,

Maintenant que je m'efforce de vaincre définitivement

Mes ennemies naturelles, la source immuable de mes malheurs.


39 Si, des guerriers se font une gloire des blessures infligées

Par des ennemis de peu de valeur,

Comment pourrai-je être abattu par la Souffrance,

Moi qui m'attelle à une réalisation profonde?


40 Seulement préoccupés par leur subsistance,

Pêcheurs, laboureurs et chasseurs endurent froid et chaleur. Pourquoi alors moi, pour la libération des êtres

Manquerai-je un seul instant d'endurance?


41 Lorsque je me suis engagé à libérer

De leurs perturbations tous les êtres résidant

Jusqu'aux confins des dix directions,

Je n'étais pas alors moi-même délivré de mes passions.


42 Ayant présumé de mes propres capacités,

J'ai commis l'erreur de prendre cet engagement.

Maintenant, il me faut me consacrer

A triompher de mes vues erronées.


43 Je vais m'y atteler fermement désormais

Et, ne leur en gardant nulle rancune,

Je vais leur livrer bataille avec la seule passion,

Celle d'annihiler mes perturbations.


44 Il serait préférable pour moi d'être brûlé vif,

Coupé en morceaux ou encore assassiné

Plutôt que de devoir m'incliner devant ces ennemies,

Ces perturbations omniprésentes en moi.


45 Normalement, quand un ennemi est chassé d'un pays,

Il émigre dans une autre contrée pour se préparer

A entreprendre une nouvelle attaque.

Ce qui n'est pas la même chose pour les passions.


46 Où iront ces perturbations évacuées de mon esprit

Par l'oeil de la Sagesse, sinon pour revenir quelque part

Assaillir mon faible esprit qui n'a rien entrepris

Pour les chasser définitivement?


47 Si les perturbations ne résident ni dans l'objet en lui même,

Ni dans les organes des sens, ni entre ces deux phénomènes

Ni ailleurs, où se trouvent-elles pour nuire ainsi aux êtres?


47a Elles ne sont que des vues erronées

Et pour dépasser ces perturbations, je dois chasser

Toutes les peurs qu'elles ont engendrées en mon coeur,

En m'efforçant de développer la Sagesse et ses pratiques.

Pourquoi irai-je donc sans raison me fourrer en enfer?


48 Après mûre réflexion, je dois mettre en pratique

Toutes ces règles qui m'ont été enseignées,

Car, si le médicament peut guérir le malade,

Qu'advient-il de celui-ci lorsqu'il n'écoute pas le médecin?


********************

5 - La Vigilance


1 Ceux qui désirent observer les instructions

Doivent très attentivement surveiller leur esprit.

Car, s'ils ne contrôlent pas leurs pensées,

Ils ne pourront pas aussi en maintenir l'éthique.


2 Un simple éléphant, même fou et insoumis,

Ne causera pas autant de dégâts

Que celui de notre esprit livré à lui-même,

Nous amenant les pires tourments.


3 Mais, si l'éléphant de l'esprit se trouve solidement

Attaché par les filets de l'attention soutenue,

Alors, toutes les peurs disparaîtront

Laissant place entre nos mains à toutes les vertus.


4 Parmi les tigres, les lions, les éléphants et les ours

Les serpents, se trouvent tous les ennemis,

Ces gardiens de tous les êtres vivants dans les enfers,

Les esprits malfaisants et les cannibales aussi.


5 En enchaînant seulement notre esprit,

Nous les enchaînons tous aussi;

Veillons ardemment à ce que notre esprit soit dompté

Et tous le seront de la même façon.


6 Ainsi, on comprend aisément que toutes les peurs

Ainsi que les souffrances incommensurables inhérentes

Sont issues de notre esprit . Cela est démontré

Clairement par l'Enseignant, parfait lui-même.


7 Les épées infernales, armes des démons,

Qui les a forgées soigneusement?

Qui est à l'origine des sols en fer ardent

D'où surgissent toutes ces flammes qui nous brûlent?


8 Tour procède de la pensée et de l'esprit,

A dit le Mouni, comme les créatures et les objets.

Ainsi, dans les trois mondes, n'y a-t-il rien à craindre

Plus que l'esprit et ses pensées.


9 Si la perfection de la générosité

Consiste essentiellement à enrichir le monde,

Comment les bouddhas du passé l'ont-ils parfaite

Puisqu'il existe toujours des gens pauvres?


10 Par la perfection de la générosité,

On entend la pensée d'abandonner à tous

Tout ce que l'on possède ainsi que le fruit d'une telle pensée.

La générosité est donc simplement un état d'esprit.

11 Il ne s'agit pas d'éviter de tuer êtres et créatures

En les mettant à l'abri hors de danger,

La perfection de la générosité consiste

A abandonner toutes ces intentions fautives.


12 On ne saurait dominer l'ensemble

Des êtres insoumis infinis comme l'espace.

Toutefois, la seule destruction des mes pensées de colère

S'apparente à celle triompher de tous mes ennemis.


13 Où trouverait-on assez de cuir

Pour recouvrir la surface de la terre?

Mais le cuir d'une simple semelle

Equivaut à en couvrir la terre entière.


14 De même, je ne peux changer

Le cours immuable des événements.

Mais, si je ne maîtrisais que mon esprit

Que me faudrait-il encore maîtriser?


15 Le résultat d'un état de concentration claire, même unique

Est de me faire renaître dans le "ciel" de Brahma.

Si ma conduite est faite de vues erronées,

Tous mes gestes et mes paroles seraient inutiles à cet effet.


16 Le connaisseur de la Réalité a dit

Que la répétition des Mantras et les austérités,

Même longuement exercées, sont peine perdue Q

uand elles sont effectuées avec un esprit distrait

17 Ceux qui ne comprennent pas le secret de l'Esprit

Constituant l'essence suprême du Dharma

Erreront toujours sans but dans leur recherche

Même s'ils désirent vaincre la souffrance pour être heureux.


18 Puis qu'il en est ainsi, je dois constamment

Veiller à bien tenir mon esprit et le protéger.

Mais, à part le fait de protéger mon esprit,

A quoi me servent d'autres disciplines?


19 Ainsi que je ferai attention si, me trouvant au milieu

D'une foule nombreuse et hostile, j'étais blessé,

Ainsi, parmi une foule de gens perfides et déloyaux,

Je préserverai mon esprit sensible des chocs éventuels.


20 Si je prends garde à une blessure

De peur qu'elle ne me fasse trop souffrir,

Pourquoi donc ne pas protéger mon esprit de toute blessure,

De peur qu'il ne soit écrasé par les montagnes infernales.


21 Si j'agis ainsi toujours de cette manière,

Alors, même au milieu des pires scélérats

Ou circonvenu par des êtres tentateurs

Je garderai un ferme contrôle de moi-même.

22 Il vaut mieux être sans richesse,

Sans honneur, sans moyen d'existence

Etre sans corps et laisser les autres vertus dégénérer

Que de laisser un seul instant son esprit se dégrader.


23 A vous, qui désirez maîtriser votre esprit,

Je vous supplie de mes deux mains jointes

De vous efforcer de constamment cultiver

L'attention et la vigilance.

24 Les êtres perturbées par la maladie

N'ont pas assez de force pour entreprendre quoi que ce soit.

De même ceux dont l'esprit est voilé par la confusion

Ne peuvent rien faire avec discernement et fermeté.


25 Pour ceux dont l'esprit manque de vigilance,

Rien de ce qu'ils auront écouté, contemplé et médité

Ne restera dans leur mémoire

A l'image de l'eau s'écoulant d'un vase percé.


26 Si ceux qui ont étudié et ont la foi

Sont soumis au manque de vigilance,

Malgré leur persévérance assidue,

Ils pourront être victimes de vues erronées.


27 L'inattention est semblable au voleur

Qui guette les défaillances de la vigilance:

elle ne demande qu'à me dérober les mérites accumulés

Pour me faire aller vers des mondes inférieurs.


28 Les perturbations, telle une bande de voleuse

Ne cherchent qu'une bonne occasion.

L'ayant trouvée, elles me dérobent les vertus

Détruisant tout espoir d'une renaissance heureuse.

29 Aussi, ne laisserai-je jamais la Vigilance

S'éloigner de la porte de mon esprit.

Si elle le faisait, je me rappellerai les souffrances

Des mondes inférieurs et la remettrai à sa place.


30 Dans la compagnie des maîtres spirituels et

Me conformant aux enseignements des gurus,

Par crainte aussi, je retrouverai aisément la vigilance

A l'image des êtres pratiquants avec respect.


31 "Je vis dans la présence permanente

Des Bouddhas et des bodhisattvas

Dont la clairvoyance est totalement

Dépourvue de toute parcelle d'obscurité."


32 En pensant ainsi, je développerai un sentiment

De pudeur, de respect ainsi que de peur.

De cette manière ,le souvenir du Bouddha

Se perpétuera en se renouvelant toujours.


33 Quand la vigilance, cette bonne gardienne,

Veille à la porte de l'Esprit,

L'attention est désormais maîtrisée

Et se souvient de ce qui a été oublié.


34 Quand avant d'agir, je me rends compte

Que mon état d'esprit n'est pas correct,

A ce moment là, il me faut savoir

Rester aussi ferme qu'un morceau de bois.


35 Je ne dois jamais laisser errer mon regard

Sans lui donner un but précis.

Cependant, possédant un esprit résolu,


36 Néanmoins, pour détendre mon attention visuelle,

Il m'est permis parfois de regarder autour de moi,

Si quelqu'un croise alors mon champ de vision,

Je dois l'accueillir poliment en le regardant.


37 Sur le chemin, afin de m'assurer qu'il n'y a aucun danger,

Je dois regarder dans les quatre directions.

Si je désire m'arrêter pour me reposer,

Je dois me retourner et regarder derrière moi.


38 M'étant assuré de la situation devant et derrière,

Je peux alors avancer prudemment.

En en ayant compris la nécessité,

Je dois agir ainsi dans toutes les situations.


39 M'étant préparé à agir en pensant

A la position convenant le mieux à mon corps,

Je dois m'assurer de temps à autre

De la fermeté de la posture prise.


40 Je dois ausssi vérifier avec minutie

Si l'éléphant fou de mon esprit

Ne tente pas de s'échapper, mais reste fermement

Attaché au grand pilier de mon attention envers le Dharma.


41 A ceux qui recherchent la concentration, je leur dirai

N'égarez pas votre pensée nous demandant

Ce que fait votre esprit. " Examinez tout ce qui s'y passe,

Afin de reste vigilant à l'égard des pensées vertueuses".


42 Toutefois, je ne puis le faire, en cas de peur

Ou, impliqué dans certaines pratiques rituelles,

Je dois agir au mieux . De même, lorsque la générosité

L'exige, je peux suspendre la pratique de l'éthique.


43 Que celui qui, après réflexion, entreprend une tâche,

Sache qu'il ne doit, dès lors, plus penser à aucune autre.

Se focalisant ainsi sur la pensée de cette tâche,

Il arrivera finalement à l'accomplir.


44 En agissant ainsi, l'action sera profitable

Et non perdue comme dans le cas inverse

Où les perturbations dues au manque de vigilance

Entraîneront bien des vues erronées.


45 Quand je m'engage dans diverses activités

Je me dois d'abandonner tout attachement,

A l'image des bavardages variés et sans finalité

Ou toutes sortes de spectacles excitants et frivoles.


46 Selon les instructions des bouddhas,

Je m'abstiendrai, par crainte et sans hésiter,

De creuser la terre, d'ôter des herbes

De tracer des dessins, sans raison.


47 Quand je ressens l'envie de bouger ou de parler,

Je me dois avant tout d'examiner mon esprit

Et les pensées qui y surviennent

Afin d'agir avec fermeté de la meilleure façon.


48 Dans le cas où mon esprit se trouverait en proie

Et sous l'influence du désir ou de l'aversion,

Il est capital que je n'entreprenne aucune action,

Veillant à rester fermement imperturbable.


49 Quand ma pensée est distraite ou arrogante,

En me sentant important ou satisfait à excès,

Quand je cède à critiquer les autres,

Soit en leur mentant soit en les trompant,


50 Même si je désire qu'on me flatte alors que je méprise autrui,

Quand je cède à la tentation de me quereller ou vociférer,

Il me faut dans chacune de ces situations veiller

A garder mon esprit aussi imperturbable que possible.


51 Lorsque je souhaite des biens, des honneurs ou la célébrité,

Lorsque je désire un cercle d'admirateurs et de domestiques,

Surtout lorsque j'aspire à être servi et admiré,

Je dois garder mon esprit aussi imperturbable que possible.


52 Lorsque je désire m'entretenir avec ceux

Qui se sont détournés du bien des autres

Et qui ne recherchent que leur propre satisfaction,

Je dois garder mon esprit aussi imperturbable que possible.


53 Si le risque de devenir impatient, paresseux et craintif,

Bavard sur des sujets frivoles et dénués d'intérêt,

Si le risque de devenir injuste et partial me guette,

Je dois garder mon esprit aussi imperturbable que possible.


54 Ayant ainsi analysé les perturbations, les efforts,

Les vues erronées, produits par son esprit,

Celui qui aspire à être bodhisattva

Doit le stabiliser par l'application de leurs antidotes.


55 Etant devenu résolu et fidèle, constant et respectueux,

Poli, plein de compréhension et de sérénité,

Je suis conscient de ce que je n'ai pas mis en oeuvre

Pour faire le bien des autres et l'accompli aussitôt.


56 Je ne dois pas me laisser décourager par les illusions

Engendrées par des vues erronées et contradictoires,

Mais bien comprendre qu'elles sont issues des perturbations

Et de ce fait me montrer compatissant envers elles.


57 Pour mon propre bien et celui des autres,

Je m'engage fermement dans des actions vertueuses,

Tout en sachant bien qu'elles sont comme une apparition

Et, sans orgueil, tenant mon esprit hors de mon ego.


58 En songeant au temps immense qu'il a fallu

Pour que j'obtienne cette existence privilégiée,

Je me dois de maintenir mon esprit aussi ferme

Et inébranlable que le Mont Méru.


59 Pourqoi mon esprit te soucier à ce point de mon corps,

Alors que tu ne t'en soucieras pas autant

Lorsque les oiseaux des charniers avides de viande

Le traîneront et le déchiquetteront.


60 Ayant considéré mon corps comme "tien",

Pourquoi en prendre si grand soin?

Puisque mon corps est distinct de toi, mon esprit,

A quoi peut-il bien te servir?


61 Pourquoi, ô mon esprit troublé, ne penserais-tu pas

Que mon corps soit aussi pur qu'une forme de bois?

Alors pourquoi prendre tant de soin d'une machine

Fétide, amoncellement de tant d'impuretés?


62 Dans ton esprit, effectue d'abord la séparation

De toutes les couches de ta peau.

Ensuite de quoi, avec le scalpel de la Sagesse,

Sépare ta chair de ton squelette.


63 Ouvre chacun de tes os,

Inspecte-les jusqu'à la moëlle,

Réfléchis alors en toi même, te demandant:

"Où est l'essence de tout cela?"


54 Si, malgré tous les efforts déployés,

Tu n'arrives à discerner nulle essence,

Pourquoi donc veilles-tu sur mon corps

Avec un tel acharnement?


65 Quel usage peux-tu en faire,

Si les substances qu'il contient ne sont qu'impuretés,

Que le sang est infect à boire,

Et qu'il est hors de question de manger les intestins?


66 Si tu entretiens avec autant de soin ton corps,

Ce n'est que pour le réserver aux charognards

Qui se réjouissent d'en faire leur festin.

Ce précieux corps est réservé aux actions vertueuses.


67 Si tu persistes à veiller sur lui avec attachement,

Que penses-tu en faire lorsque la mort,

Sans pitié, te le ravira pour le donner

En pâture aux chiens et aux rapaces?


68 Si tu ne donnes pas de vêtements à un domestique

Auquel tu as donné son congé après l'avoir payé,

Pourquoi persévère-tu dans tes efforts à gaver ton corps

Et à lui prodiguer des soins, alors qu'inéluctablement il partira.


69 Accorde lui uniquement ses gages, ô mon esprit,

Et attelle-toi à rendre ma vie valable,

Car si mon corps ne me permet pas de rendre service,

Il n'est pas nécessaire de le combler vainement.


70 Il me faut considérer mon corps comme un bâteau,

Simple embarcation pour un aller et retour

Et qu'il devienne un fidèle serviteur à mes ordres

Dans le seul but d'accomplir le bien des êtres.


71 Etant devenu maître de mon esprit, je dois agir

En restant toujours souriant et dénué de colère.

Il ne me faut pas montrer un visage tendu

Envers quiconque qu'il soit ami ou mondain.


72 Il me faut cesser de m'agiter inconsidérément

En déplaçant ou heurtant les meubles,

En ouvrant ou fermant violemment les portes.

Je dois me plaire dans le silence et l'humilité.


73 A l'image du comportement du chat, du héron

Ou du voleur qui, marchant en silence,

Accomplissent ce qu'ils désirent,

Que le Bodhisattva en prenne exemple.


74 Je dois accepter les conseils des hommes sages,

Avec reconnaissance er respect, même si ceux-ci

Sont particulièrement désagréables à entendre

Et me conduire comme le disciple de chacun d'eux.


75 Si j'entends quelqu'un parler selon le Dharma,

Je me dois de le louer et d'acquiescer.

Si je suis témoin d'une action vertueuse,

Je me dois de louer son auteur et de m'en réjouir.


76 Il me faut dire du bien discrètement de vertus des autres

Et surtout répéter l'écho favorable qu'on en fait.

Quand il s'agit de mes propres qualités,

Je dois me souvenir dans quels buts je les ai obtenues.


77 Toutes le vertus me sont une source de joie,

Même si elles sont rares pour celui qui veut les monnayer.

Donc je prends plaisir à me réjouir qund je vois

Celles que les autres ont acquises à grand peine.


78 Agissant de la sorte, je ne perdrerai rien dans cette vie

Et je m'assure ainsi une grande félicité dans mes vies futures.

Agissant sous le coup de la jalousie, je me rendrai malheureux

Et ma souffrance sera grande dans les vies à venir.


79 Mes paroles se doivent de sortir du coeur et d'être modérées.

Pertinentes et imprégnées de clarté.

En aucun, il ne me faut parler sous l'empire du désir,

De l'aversion ou d'un des autres poisons émotionnels.


80 En regardant mes semblables ,je dois penser:

"Je dépends entièrement de chacun d'eux

Pour parvenir à l'état de bouddhéité".

C'est pourquoi je dois les regarder avec amour .


81 Fortement motivé par l'emploi des antidotes

Des forces négatives ou par leur aspiration,

J'obtiendrai des grandes vertus en provenance

Des champs d'excellence, de bénéfice ou de misère.


82 C'est pourquoi tout ce que je fais,

Je dois l'entreprendre avec sagesse et ferveur.

En ce qui concerne mes propres actions,

Je ne dois en aucun cas m'en remettre à autrui.

83 Les perfections, telle la générosité

Deviennent au fur et à mesure plus solidement ancrées.

Veillons à ne pas sacrifier le grand pour le petit

En se demandant toujours ce qui est utile aux autres.


84 Ayant bien compris cela, je m'efforcerai d'oeuvrer

Constamment pour le bien des autres même s'il m'arrive

De commettre certaines actions défendues pour le bien d'autrui,

Le Compatissant clairvoyant me le permettra.


85 Je partagerai ma nourriture avec ceux tombés

Dans les royaumes inférieurs, ceux sans protecteurs,

Les pratiquants aussi, en veillant d'être frugal

Et en leur sacrifiant tout, hormis mes trois robes.


86 Ne détériore pas ton corps pour des vétilles,

Mais utilise-le pour pratiquer le saint Dharma.

En agissant ainsi, il pourra exaucer rapidement

Tous les souhaits des êtres.

87 Tant que l'esprit de compassion est impur,

Il s'abstiendra de faire don de son corps.

Par contre, dans cette vie et dans les suivantes,

Il faut en faire la cause pour l'accomplissement du but suprême.


88 Veille à ne pas enseigner le Dharma à ceux qui ne l'écoutent pas

Avec respect, à ceux qui sembables aux malades s'enturbannent

La tête,à ceux qui portent des parasols, des bâtons ou des armes

A ceux qui restent la tête couverte par manque de respect.


89 N'enseigne le vaste et profond Dharma ni aux esprits étroits,

Ni à une femme sans son mari, mais porte, sans cesse,

Un respect, immuablement égal, aux enseignements

Du Dharma selon le petit et le grand Véhicules.


90 Je ne dois pas confiner aux enseignements du petit véhicule

Les esprits aptes à recevoir les enseignements sublimes.

Je ne dois jamais me détourner de la moralité

Ni induire en erreur par les soûtras et les mantras.


91 Je dois m'abstenir de cracher et de jeter mon cure-dents

Sans l'intention de les recouvrir de terre.

Tout comme il est aussi honteux d'uriner dans

Et de souiller l'eau potable et les terres cultivées


92 Je dois veiller à ne pas manger la bouche pleine,

Ni l'ouvrir en mangeant, ni faire du bruit avec elle.

Lorsque je suis assis à table, je ne dois pas allonger mes jambes

Ni avoir une attitude irrespectueuse avec mes bras.


93 Il m'est interdit de voyager seul avec une femme mariée,

Encore moins de partager une nuit dans sa chambre.

Pour ce faire, je porterai attention à tout ce qui est convenable

Et éviterai toute action de nature à scandaliser.


94 Je ne dois donner aucun ordre avec mon doigt,

Mais, plein de déférence, même pour indiquer le chemin,

Je dois me servir de l'un de mes deux bras

En ouvrant largement et chaleureusement la main.


95 Il faut m'abstenir de gesticuler pour attirer l'attention,

Mais interpeller autrui d'un simple geste discret

Comme un claquement de doigt ou tout autre signe,

Sinon ma conduite serait importune et déplacée.


96 Je veillerai à me coucher comme le Bouddha,

Dans la posture du paranirvana et la direction désirée,

En restant fermement vigilant au fait que je dois me lever

Rapidement et sans attendre, conformément à la règle.


97 Même si ces pratiques sont définies comme illimitées,

Par le Bouddha, afin d'accéder à la bodhicitta,

Que sont-elles en vérité si je ne m'astreins pas

A pratiquer sans cesse l'entraînement de l'esprit?


98 Trois fois la nuit, trois fois le jour, je réciterai

Le soûtra des trois éléments du chemin.

En le faisant et en m'appuyant sur la pensée de Bodhi,

J'effacerai les traces de mes mauvaises actions.


99 Dans toute situation où je me trouverai,

Je me dois de pratiquer avec zèle

Tout ce que j'ai entendu et ce qui m'a été enseigné,

Que ce soit pour mon bien ou celui d'autrui.


100 Ainsi, il n'est rien qui ne fasse partie de l'apprentissage

Ni des pratiques d'un bodhisattva;

Pour ceux qui arrivent à se conformer à ces règles,

Il n'est rien qui ne soit méritoire.


101 Tout ce que j'accomplis directement ou non

Doit l'être réalisé dans l'intérêt des autres.

Je dois aussi dédier toutes mes actions en vue de l'Eveil

Uniquement pour le bien des tous les êtres.


102 Même si je crains pour ma vie,

Je ne dois jamais abandonner

Un ami spirituel, pratiquant la voie des bodhisattvas,

Expert dans l'interprétation du Mahayana.


103 Ainsi que l'enseigne Shri Sambhava,

Je dois avoir pleine confiance dans l'ami spirituel.

C'est en lisant les soûtras que je comprendrai

Les préceptes et enseignements du Bouddha.


104 Les préceptes et les pratiques sont décrits dans les soûtras,

Aussi me dois-je de les lire et d'en entendre les commentaires

En me fixant comme premier objectif l'étude

Du soûtra de l'Essence du Ciel.


105 Il m'est indispensable de lire et relire sans cesse

Le Compendium des Instructions,

Car il contient, clairement et pleinement exposé

Toutes les pratiques quotidiennes des bodhisattvas.


106 De temps à autre, il me faut aussi lire

Le Compendium des soûtras ou Samuccaya

Et entreprendre la lecture de l'ouvrage du même titre,

Composé par le maître Nagarjuna.


107 Au fil de mes lectures et de mes écoutes,

Je pourrai arriver à discerner et à pratiquer

Ce qui n'y est pas prohibé, mais bien ce qui y est prescrit

Afin d'agir correctement pour le bien des êtres.


108 J'effectuerai avec résolution l'examen répété

De l'état de mon corps et de mon esprit,

Car, cela seul est la caractéristique

Du maintien de la vigilance.


109 C'est donc, en agissant, que j'enseignerai le Dharma,

Car à quoi servirait la seule récitation des textes?

Vraiment, est-ce qu'un malade guérit à la seule lecture

D'un imposant traité des vertus médicales?


************************


6 - La Patience


1 Un moment de colère détruit

Toutes les activités salutaires,

Telles la générosité et les offrandes à Ceux-Ainsi-Allés

Accumulées au cours de mille éons.


2 Il n'y a pas d'excès comparable à la colère

Et pas d'ascèse comparable à la patience.

Par conséquent, cultivez la patience

Avec zèle et de multiples façons.


3 Quand la maladie de la colère nous saisit

Notre esprit ne connaît pas d'apaisement

Ni n'accède à la joie et au bonheur,

Le sommeil le fuit, il reste instable.


4 Un maître, considéré avec l'aversion de la colère,

Court le danger d'être tué

Par ceux-là mêmes dont les biens et l'estime

Dépendaient de son aide et de sa protection


5 A cause de la colère, les proches

Et les amis se découragent

Ceux que la générosité a attirés ne la servent pas

En bref, personne ne vit joyeusement dans la colère.


6 Bienheureux celui qui s'applique à éradiquer la colère

Il sera heureux dans cette vie et dans les autres.

Il parviendra à rejeter définitivement la colère,

En la reconnaissant comme l'instigratrice de tous ses maux.


7 Se nourrissant de ma vulnérabilité qui survient

Quand autrui ne correspond pas à mes projections

Ou lorsqu'il m'empêche d'arriver à ce que je désire,

La colère augmente en moi pour me dominer totalement.


8 Ayant remarqué et compris cela,

Je me dois de priver d'alimenter cette ennemie,

Car la colère ne poursuit aucun autre but

Que celui de me nuire.


9 Il ne faut pas que les circonstances,

Même le plus pénibles viennent troubler ma joie.

Car sans elle, je ne puis accomplir ce que je désire

Avec elle, je dissipe mes mérites précieusement acquis.


10 S'il existe un remède

Pourquoi s'en attrister?

S'il n'en existe pas

Quel profit trouvera-t-on dans la tristesse?


11 Toute humiliation, toute souffrance,

Tout parole blessante ou désagréable,

Nous ne les désirons ni pour nous ni pour nos amis.

Il en va tout au contraire pour nos ennemis.


12 En l'absence de souffrance, il n'y a pas de renoncement;

Donc, O esprit, réfléchis fermement.

Quiconque, avec effort, a vaincu la colère

Trouvera le bonheur maintenant et dans le futur


12 Les causes du bonheur apparaissent parfois,

Les causes du malheur sont multiples.

Sans souffrances, pas de renoncement,

Réfléchis donc fermement à cela, toi mon esprit!


13 Si des ascètes et les habitants de certaines régions

S'imposent des brûlures ou des lacérations,

Pour quoi manquerai-je de quelque courage

Pour servir la cause de la grande libération?


14 Il n'est rien qui par l'accoutumance

Ne devienne par la suite aisé.

Ainsi, en vous familiarisant avec de moindres maux,

Apprenez à en supporter des grands.


15 Si je m'habitue à supporter de petites misères

Telles piqûres de moustiques et de taons,

Les sensations de faim et de soif intenses,

Je supporterai d'autant mieux des souffrances plus grandes.


16 Je ne dois pas m'irriter contre la chaleur ni le froid,

Contre la pluie ni contre le vent, ni contre la maladie,

Encore moins contre l'emprisonnement et les coups,

Sinon cela ne fera qu'augmenter ma souffrance.


17 Certains, à la vue de leur propre sang,

Redoublent de vaillance et d'assurance;

D'autres, à la vue du sang d'autrui,

Défaillent et s'évanouissent.


18 Ces réactions proviennent respectivement

D'un esprit à la fermeté habituelle et d'habitudes de poltrons.

Il me faut donc tenir aucun compte de mes maux

Et ne pas me laisser affecter par la souffrance.


19 Même au pire de leurs souffrances, les sages gardent

Leur esprit résolu et les pensées lucides

Car ils triomphent de leurs passions,

Ce qui ne va pas sans grands dégâts.


20 Ceux qui, refusant toute souffrance,

Détruisent l'aversion et autres ennemis

Sont d'héroïques vainqueurs,

Le reste n'est que tueurs de cadavres.


21 Par ailleurs, la souffrance a d'excellents qualités:

Nous affligeant, elle dissipe l'arrogance

Nous rend compatissants envers les êtres du cycle

Nous faut éviter les fautes et aimer la vertu.


22 Bien sot serai-je de m'irriter contre les maladies

Découlant des causes et perturbations diverses!

Pourquoi donc me fâcher contre les êtres sensibles

En proie aux perturbations des vues erronées?


23 A l'exemple des maladies qui surgissent

Sans être nullement désirées,

Il en va de même avec les perturbations

Surgissant irrésistiblement sans désir.


24 Sans penser "je vais me mettre en colère",

Spontanément, les gens se mettent en colère.

Sans penser "je vais me manifester",

De la même manière, la colère surgit.


25 Toutes les fautes quelles qu'elles soient,

Toutes les actions mauvaises et néfastes

Procèdent de l'enchaînement des causes et conditions.

Rien ne se fait ni se produit par soi-même.


26 Ces conditions qui se réunissent

N'ont pas l'intention de produire.

Ce qui est, par elles, produit

N'a pas non plus l'intention d'être produit.


27 Ce principe même ,dont le postulat

Se nomme substance primordiale

Ou s'imagine sous le vocable d'Atman,

Ne naît pas après avoir pensé "je nais".


28 Car avant d'être né, il n'existe pas.

Comment, alors, désirerait-il être?

Si l'atman, éternel, est en contact avec un objet

Comment pourrait-il cesser de l'être?


29 Si ce "soi" est permanent,

Il est évidemment inactif, comme l'espace.

Même en contact avec d'autres causes

Comment pourrait-il agir, inactif qu'il est?


30 S'il demeure inchangé quand il est sujet à l'action ,

Quelle différence l'action produit-elle?

Si on dit qu'il y a action, quel rapport

Existe-t-il entre l'atman et l'action?


31 Ainsi, toutes les choses sont gouvernées par d'autres,

Pour cette raison, il n'existe pas d'indépendance.

Ayant compris, cela on ne s'irritera pas

Contre les phénomènes analogues à des apparitions.


32 Comment celui qui aime déclarer qu'il épuise

Les effets des actions non vertueuses perpétrées

Antérieurement, peut-il semer des graines de souffrance

En blessant autrui et en s'emportant?


33 Par conséquence, à la vue d'activité incorrecte

D'un ami ou d'un ennemi, il faut se dire:

"Cela provient de telles ou telles conditions"

Et demeurer dans l'équanimité.


34 Si, les choses s'accomplissaient

Selon nos désirs à l'égard tous les êtres,

Il ne serait aucun pour souffrir

Puisque personne ne souhaite la douleur.


35 Par leur manque d'attention

Certains se blessent avec des épines et d'autres objets;

Certains, pour avoir une femme, par exemple,

Allant jusqu'à l'obsession, se priveront de nourriture.


36 D'autres se nuisent à eux-mêmes

Par des actions dépourvues de mérites,

Comme de se pendre ou de sauter dans un précipice,

D'avaler du poison ou des aliments malsains

 37 Quand, sous l'influence des perturbations,

Certains vont jusqu'à supprimer

Leur propre corps tant aimé,

Comment épargneraient-ils celui des autres ?


38 Si je ne peux éveiller ma compassion

A l'égard de ceux qui, sous l'influence des perturbations,

Portent atteinte à leur propre vie,

Au moins que je ne me mette pas en colère contre eux.


39 S'il était dans la nature des êtres puérils

De nuire sciemment ou non à autrui,

Il serait aussi inopportun de s'irriter à leur endroit

Que contre le feu dont la nature est de brûler.


40 Et si, aux êtres dont le caractère est stable,

Ces fautes étaient accidentelles,

La colère à leur égard ne serait pas plus logique

Que contre la fumée envahissant le ciel.


41 Alors que je suis, en vérité, frappé par le bâton

Si je m'irrite contre celui qui le manie,

Celui-ci étant le jouet et l'esclave de l'aversion,

Il serait correct de me fâcher contre celle-ci.


42 Auparavant, j'ai accompli des méfaits

Semblables envers les êtres.

De ce fait, il est juste que ces maux

Rejaillissent sur moi qui ai nui aux autres.


43 Il y a deux causes à ma souffrance:

Le bâton qui me frappe et mon corps qui est frappé.

Puisque mon ennemi tient l'épée et que j'ai revêtu le corps,

Contre lequel des deux dois-je vraiment m'irriter?


44 Si je m'attache aveuglément à l'abcès

Douloureux qu'est cette forme humaine,

Ne supportant pas d'être touché,

Envers qui m'indignerai-je quand elle sera blessée?


45 Les puérils n'aiment pas la douleur

Mais sont fortement attachés à ses causes.

Puisque le mal vient de leurs propres erreurs

Pourquoi s'irriter contre autrui?


46 Tout comme les gardiens des enfers

Et la forêt dont les feuilles sont des épées

Les malheurs présents sont engendrés par mes propres actes.

Contre qui d'autre que moi m'irriterai-je?


47 Ce n'est que, poussés par mes actions

Qu'apparaissent mes persécuteurs.

Si, à cause de leurs méfaits, ils tombent en enfer

Ne suis-je pas leur meurtrier?


48 Grâce à eux en exerçant la patience,

Je purifie beaucoup de méfaits.

Par contre, eux, à cause de moi,

Subiront longtemps les peines de l'enfer


49 Donc, puisque je leur fais du tort

Alors qu'ils suscitent en moi des bonnes actions,

Pourquoi donc, toi, l'esprit illogique

Te mets-tu en colère d'une manière erronée?


50 Si, grâce aux mérites de mes bonnes actions, Je ne me dirige pas vers les enfers,

Comment les autres seront-ils protégés d'y aller

Si je me protège de cette manière précise.

51 Si je réponds au mal qu'ils me font,

Ce n'est pas cela qui les protégera.

En agissant ainsi, ma pratique spirituelle

Tout comme mon ascèse dégénereraient


52 Comme l'esprit est immatériel,

Personne d'où qu'il vienne ne peut le détruire.

Il est affecté par la douleur physique

En raison de son attachement au corps.


53 Si le mépris, les injures

Et les paroles déplaisantes

Ne peuvent nuire au corps

Pourquoi, esprit futile, t'irriter à ce point?


54 Parce que les autres ne m'aiment pas,

Tout comme ils ne me mangeront pas,

Ni dans cette vie ni dans les suivantes,

Pourquoi redouterai-je leur antipathie?


55 Si, par cette antipathie faisant obstacle à mes biens

Et allant à l'encontre de mon désir,

Je devrai les abandonner ici,

Alors, seules, mes fautes garderont leur force.


56 Mieux vaut la mort aujourd'hui même

Qu'une longue vie par des moyens d'existence erronés,

Car si, même les gens comme moi vivent depuis longtemps,

Ils n'évitent pas les souffrances du trépas.


57 Une personne éprouve en rêve un siècle de bonheur;

Où est ce bonheur au réveil?

Une autre éprouve un instant de bonheur;

Où est ce bonheur au réveil?


58 Quand toutes les deux s'éveillent

Leur joie ne réapparaît pas.

Ainsi d'une longue ou d'une courte vie

Toutes deux ont leur fin à l'heure de la mort.


59 Après avoir longuement savouré le bien-être,

Après avoir gagné beaucoup,

Je m'en irai les mains vides,

Comme dépouillé par les voleurs.


60 Certainement les biens aident à prolonger la vie

Ce faisant, ils m'aident à extirper mes actes nuisibles.

Mais, si je me mets en colère contre ces biens,

Ne détruirai-je pas d'un seul coup tous mes mérites?


61 De quelle utilité serait mon temps de vie

Si je poursuivais à le passer dans l'erreur,

Si, pour quelque profit matériel,

Je renonçais aux mérites nécessaires à le prolonger?


62 "Je m'irrite contre ceux qui disent du mal de moi,

Car, cela affaiblit la confiance qu'ont les êtres en moi."

Alors pourquoi ne m'indignerai-je pas


63 Si j'endure patiemment le manque de confiance

Quand il concerne les autres, pourqoui ne suis-je pas patient

Avec le mal qui est dit de moi,

Puisqu'il dévoile mes conceptions erronées?


64 Je ne peux me mettre à juste titre en colère

Contre ceux qui profanent les images saintes,

Et les reliquaires et qui dénigrent le Dharma

Car, Bouddhas et Eveillés ne peuvent en souffrir.


65 Je dois cesser de me mettre en colère contre ceux

Qui nuisent à mes Maîtres, mes amis ou ma famille

Sachant que ces attaques proviennent

Des causes et conditions précitées.


66 La souffrance des êtres est nécessairement due à

Une cause animée ou inanimée.

Pourquoi donc s'emporter seulement contres des être animés?

Pratiquons donc la patience envers tout ce qui nuit.


67 Certains font le mal par ignorance,

D'autres, par ignorance, cèdent à la colère;

Lesquels sont fautifs,

Lesquels ne le sont-ils pas?


68 Pourquoi ai-je commis par le passé ces actions,

Causes du mal que me font les autres?

Si tout dépend de mes actions,

Envers qui puis-je avoir de la colère?


69 Ayant compris ce mécanisme, je dois à tout prix

Me consacrer aux actions méritoires,

Afin d'amener tous les êtres à développer

Un sentiment d'amour, les uns envers les autres.


70 Par exemple, si un feu embrase une maison

Et risque de se propager à la maison voisine,

Il est judicieux d'en retirer la paille ou tout combustible

Qui permettrait au feu se s'étendre.


71 De même, lorsque le feu de la haine se propage en moi,

Mon esprit s'étant fortement attaché à quelqu'objet,

Je dois immédiatement m'en débarrasser

Afin que mes mérites ne soient pas consumés.


72 Si un condamné à mort est relâché

Avec la main coupée, n'est-ce pas heureux?

Si, au prix des souffrances humaines,

On échappe aux Enfers, n'est-ce pas heureux?


73 Si je suis incapable d'endurer

Mêmes les menues souffrances actuelles,

Alors, pourquoi ne pas me détourner de la colère,

Cause des mes supplices infernaux à venir?


74 Pour la satisfaction de mes désirs,

J'ai enduré mille fois les feux de l'Enfer,

Mais je n'ai accompli ni mon propre bien

Ni celui des tous les autres


75 Or, comme pour des maux infiniment moindres

De vastes desseins sont parachevés,

Je dois seulement me réjouir

De ces souffrances qui dissipent les maux du monde.


76 Certaines personnes prennent plaisir à louer

Les qualités des autres ou de mes ennemis,

Pourquoi ne me réjouirai-je pas également

En m'associant à ces louanges?


77 La Joie, qui a pour objet le mérite d'autrui,

N'est nullement déconseillée.

Bien au contraire, elle recommandée par les saints

Et te permettra d'attirer vers toi les autres êtres.


78 Si les louanges rendent les autres heureux,

Mais que tu ne veuilles pas supporter cet état de fait,

Alors, cesse aussitôt de leur en prodiguer,

Mais cela affectera ta vie présente et celles futures.


79 Quand tu reçois de compliments, tu en es content

Et tu désire en faire partager les autres.

Mais, quand ce sont les autres qui son complimentés,

Alors, tu ne partages plus leur satisfaction.


80 Ayant engendré l'esprit d'Eveil

En souhaitant le bonheur de tous les êtres,

Pourquoi m'irriterai-je

Lorsqu'ils le trouvent par eux-mêmes?


81 Si je désire que les êtres deviennent

Des Eveillés vénérés dans les trois mondes,

Pourquoi m'affligerai-je

Lorsque je les vois recevoir quelque misérable hommage?


82 Tu te montres généreux

Pour un parent que tu dois nourrir;

Qu'il pourvoie, un jour, lui-même à ses besoins

Ne t'en réjouiras-tu pas, plutôt que de t'emporter?


83 Si je ne veux pas même cela pour les migrants,

Comment puis-je aspirer à leur épanouissement?

Où est réellement l'esprit d'Eveil

De celui qui s'indigne de la prospérité d'autrui?


84 Que mon ennemi obtienne ou non quelque chose

Ou que ceci reste dans la maison du bienfaiteur,

De toute façon, tu ne recevras rien de ce qu'il lui

Est donné ou pas. Alors, pourquoi le jalouser?


85 Pourquoi, en me mettant en colère, avoir renoncé

A mes mérites et à la confiance d'autrui?

Pourquoi ne me suis-je pas mis en colère contre moi-même

Pour ne pas avoir accumuler ces mérites et cette confiance?


86 Non seulement, tu n'éprouves aucun remords

Quant au mal que tu t'es fait, ô mon esprit,

Mais tu pousses encore l'orgueil démesuré

Jusqu'à rivaliser avec ceux qui ont engendré des mérites.


87 Qu'un ennemi soit malheureux,

Qu'y a-t-il là pour te réjouir?

Ton seul désir de lui nuire

N'est pas la cause de son mal.


88 Et même s'il souffre comme tu le veux,

Qu'y a-t-il là pour te réjouir?

Si tu réponds "J'en serai satisfait"

Quoi de plus misérable.


89 C'est un hameçon intolérable que celui lancé

Par ces pêcheurs que sont les perturbations!

Saisi par lui, je serai cuit dans des chaudrons

Par les gardiens des mondes infernaux.


90 Les honneurs des louanges et de la renommée

Ne m'apportent ni des mérites, ni la vie,

Ni la force, ni la santé,

Ni même le bien-être physique.


91 Si je comprenais quel est mon intérêt, Est ce que je le discernerai dans ces choses?

Au contraire, si je souhaite me distraire,

Autant m'adonner à la boisson, le jeu, la luxure,..


92 Si, pour l'amour de la gloire, je dois dilapider

Mes richesses et sacrifier ma vie,

Que représentera le mot "gloire" à ma mort

Et à qui donnera-t-il du plaisir?


93 Les gamins hurlent à la seule vue de la mer

Qui envahit et détruit leurs châteaux de sable.

Il en va de même pour pour mon esprit

Quand les éloges et la renommée s'écroulent.


94 Les louanges n'étant qu'un souffle inanimé et court,

Peut-il réellement proclamer celles-ci?

Mais, cela rend heureux celui qui les fait

Et, par la même, ma renommée me satisfait.


95 Que ces compliment s'adressent à moi ou à d'autres,

En quoi la joie des autres peut-elle me profiter?

Puisque ce sont eux seuls qui ressentent ce plaisir,

Plaisir dont je n'aurai nulle parcelle.


96 S'il m'arrive d'être content du bonheur des autres,

Je dois le pratiquer d'une manière équitable envers tous.

Alors pourquoi ne trouverai-je pas mon bonheur

Dans le plaisir qu'apporte ma joie aux autres.


97 De même, mon comportement serait inapproprié

En pensant que je vais recevoir des louanges

Qui me procureront une satisfaction immense,

Ce comportement est analogue à celui des enfants.


98 Les louanges provoquent la ruine de la paix de l'âme

Ainsi que le renoncement aux plaisirs mondains.

Elles font jalouser les hommes aux vertus excellentes

Et ruinent les perfections.


99 Ainsi, ceux étroitement associés

A la destruction de ma réputation

Ne me protègent-ils pas de la chute

Dans les mauvaises destinées?


100 Moi-même, qui oeuvre pour ma libération,

Je n'ai nul besoin de biens et d'honneurs;

Alors pourquoi m'irriterai-je sans raison

Envers ceux qui me délivrent de ces liens?


101 Ceux qui désirent me faire souffrir sont à l'image

Des Bouddhas bienveillants, ils ouvrent la porte

Afin que je ne me précipite pas dans les royaumes infernaux.

Alors, pourquoi me mettrai-je en colère contre eux?


102 Il n'est pas juste non plus de me fâcher

Contre celui qui m'empêche de créer des mérites;

Aucune ascèse n'est comparable à la patience,

Aussi, pourquoi ne devrais-je pas la mettre en pratique?


103 Mais si, de par ma propre faute,

Je ne suis pas patient avec celui-là,

Il n'y a que moi qui fais obstacle à la pratique

De ce qui est source de mérites.


104 Si, sans "ceci", "cela" n'existe pas;

Mais, quand "cela" existe, "ceci" aussi.

Comment dire que l'un lui fait obstacle

Puisqu'il est la cause de l'autre?


105 Le mendiant, quand on lui fait l'aumône,

N'est pas un obstacle à la générosité.

Il serait paradoxal de prétendre que ceux qui la font

Sont des obstacles à l'ordination.


106 Dans le monde, nombreux sont les mendiants,

Mais rares sont ceux qui font du mal.

Car, si je n'ai pas causé de mal aux autres

Personne ne me fera du tort.


107 L'ennemi est comme un trésor apparu dans ma maison

Sans que j'aie eu à fournir un effort,

Car il m'aide dans mes pratiques de Bodhisattva;

Je dois donc me réjouir qu'il soit mon ennemi.


108 Comme je pratique la patience grâce à lui,

Il est juste que je lui offre

Les premiers fruits de cette pratique,

Puisque c'est lui-même qui en est la cause.


109 Mon ennemi n'est pas un objet de vénération,

Car il n'a pas l'intention de me faire pratiquer la patience.

Le saint Dharma, digne d'être pratiqué

Ne l'a pas davantage, pourquoi donc le vénérer?


110 Mon ennemi n'est pas un objet de vénération

Puisqu'il a l'intention de me nuire.

Si, pareil aux médecin, il s'efforçait de m'aider

Comment pourrai-je pratiquer la patience?


111 Puisque la patience prend ainsi naissance,

Par rapport à un esprit résolument hostile,

Celui-ci, étant donc la cause de la patience,

Est digne d'être vénéré au même titre que le Saint Dharma.


112 C'est pour cette raison que le champs des êtres

Est un champs de Bouddhas a dit le Mouni.

Beaucoup de ceux qui les ont réjouis

Sont ainsi allés au-delà de la perfection.


113 Comme la réalisation de la boudhéïté provient

Aussi bien des êtres que des Victorieux,

Pourquoi donc honorer uniquement

Les Victorieux et non les êtres?


114 Leurs intentions ne sont pas d'égale qualité,

Mais, puisqu'ils sont égaux quand aux résultats,

De ce point de vue, les êtres conscients ont aussi

Des qualités qui les rendent égaux aux Victorieux.


115 La vénération qui s'attache à l'homme bon,

Voilà la grandeur de l'homme.

Le mérite que produit la dévotion aux Bouddhas,

Voilà la grandeur des Bouddhas.


116 Les êtres son pareils aux Bouddhas

Car tous deux permettent d'atteindre la boudhéité.

Cependant, nul être est comparable au Bouddha,

Océan infini de qualités.


117 Pour vénérer ceux chez qui apparaît l'infime atome de Concentration de l'essence de ces qualités,

L'offrande des trois mondes ne serait pas

Pour Eux un hommage suffisant.


118 C'est en fonction de la présence de cette parcelle,

Engendrant la faculté d'atteindre la boudhéité,

Chez tous les êtres, qu'il nous faut vénérer

Tous les êtres quels qu'ils soient.


119 De plus, comme les bouddhas sont des amis fidèles

Qui nous font un bien sans limites;

A moins de rendre heureux les êtres nos semblables

Par quel autre moyen pourrait-on remercier les Bouddhas?


120 Puisque faire leur bien paie de retour ceux qui

Offrent leur corps et entrent dans les pires enfers,

Je me dois de me comporter sans reproche en tout

Même si je suis victime de leur mal.


121 Puisque pour aider les êtres, Bouddha lui-même,

Ne s'accorde nulle importance, voire même à sa propre vie,

Pourquoi me montrerai-je arrogant devant eux, moi l'ignare

Et ne me mettrai-je pas à leur service?


122 Si les êtres sont heureux, les Mounis se réjouissent.

Si on fait du mal à ses semblables, les Mounis en souffrent.

Alors si je sers les êtres, je plais aux Mounis,

Si je leur cause du tort, c'est aussi aux Mounis que je le fais.


123 Celui dont le corps est environné de flammes

Ne saurait goûter aucun palisir.

Il en va de même pour les Compatissant qui,

Face à la souffrance des êtres, ne peuvent se réjouir.


124 En faisant souffrir les autres,

J'ai affligé les grands Compatissants.

En confessant chacun de mes méfaits

Puissent-ils me pardonner le déplaisir que je leur ai causé


125 Désormais pour plaire aux Compatissants

Je maîtriserai mon esprit et servirai le monde.

Ceci au risque même de ma vie

Pour les satisfaire pleinement.

 

126 Sans nul doute, les Compatissants considèrent

Tous les êtres comme leurs semblables;

Pourquoi alors ne pas avoir de respect envers ces Bouddhas

Que nous voyons sous leur forme humaine?


127 Servir les êtres, c'est aussi servir les Bouddhas.

C'est réaliser mon but ultime;

Eliminer la souffrance du monde et ses causes,

Tel est le voeu auquel je m'astreins.


128 Quand, par exemple, les gardes d'un roi

Brutalisent les personnes assemblées,

Ceux qui sont avisés ne rendent pas les coups

Même s'ils en sont parfaitement capables.


129 Parce qu'ils se rendent compte que ceux-ci ne font qu'agir

Sous le pouvoir du roi et en fonction de celui-ci.

Aussi ne dois-je pas sous-estimer

Les forces des faibles qui me font du mal,


130 En n'oubliant pas qu'ils sont également soutenus

Par les gardiens des enfers et les Compatisdsants.

Ainsi, pareil aux sujets d'un roi irrascible,

Je dois me conduire pour plaire à tous les êtres.


131 Même, si un tel roi se mettait en colère,

Pourrait-il produire les souffrances

Des enfers que je devrais subir

En faisant souffrir mes semblables?


132 Et ce même roi ,en nous accordant ses faveurs,

Pourra-t-il nous accorder l'état de Bouddha

Que nous pouvons seulement atteindre

En rendant tous nos semblables heureux?


133 Pourquoi alors ne pas considérer qu'en rendant les êtres heureux

Non seulement j'accède à la boudhéité dans le futur

Mais, par là-même, aussi dans cette vie à la Gloire,

A la renommée ainsi qu'au bonheur?


134 Dans le cycle de nos naissances, la patience est cause

De beauté, de santé et de célébrité.

Grâce à elle je vivrai longtemps et obtiendrai

Les larges jouissances d'un monarque universel.

*******

Soutras

Retour

Menu